Elle a fait toute sa carrière dans le privé (M6, TF1, Canal+). Ce soir, à 19 heures, Anne-Sophie Lapix reprend "C à vous", après le départ d'Alessandra Sublet pour d'autres projets. Reconnue pour ses talents d'intervieweuse, elle est aussi attendue pour distiller la bonne humeur, aux côtés de l'équipe de l'émission. Forcée au silence ces dernières semaines suite à l'attaque de Canal+ en justice, Anne-Sophie Lapix peut enfin s'exprimer pour assurer la promotion de cette cinquième saison du talk de France 5.
Propos recueillis par Julien Bellver.
puremedias.com : Nous sommes le 30 août (l'interview a été réalisée vendredi), c'est votre avant-dernier jour de silence médiatique en raison de la plainte déposée par Canal+. C'était frustrant de ne pas pouvoir communiquer comme vos camarades de la concurrence l'ont fait ?
Anne-Sophie Lapix : Oui, c'est frustrant, on aurait pu communiquer sur l'émission depuis un bout de temps, c'est dommage. Mais cette semaine, on va compenser tout le retard alors ça risque d'être un peu indigeste (Rires). A partir de samedi à minuit, je suis libre.
Vous allez donc pouvoir à nouveau tweeter !
Oui, des choses incroyables comme un #FF @Cavous ! (Canal+, dans son assignation, lui reproche notamment ce fameux tweet, NDLR).
Où en est votre contentieux avec Canal+ ?
Le procés a eu lieu, c'était le 1er août, j'y étais. Je suis venue, j'y tenais beaucoup. J'ai reçu l'assignation le 15 juillet, j'étais de passage chez moi à Paris. Un huissier a été accueilli par mon fils ! Si je n'étais pas passée chez moi à ce moment-là, peut-être n'aurais-je jamais su que j'avais un procès. La décision a été mise en délibéré fin septembre. Moi j'estime avoir strictement respecté mon contrat, c'est à dire que je ne suis pas allée travailler sur une autre chaîne pendant l'été.
Mais Canal+ estime que vous n'avez pas respecté votre contrat d'image, qui vous liait à Canal+ jusqu'à fin août.
Canal+ estime que donner une interview croisée avec Alessandra Sublet dans "Télé 7 Jours" était une campagne de promotion pour France Télévisions. Pourtant, j'avais démissionné, je n'étais plus salariée de personne, "Dimanche+" était terminée, et on savait qu'elle ne serait pas reconduite. C'est la première fois que Canal fait ça. La seule fois où j'avais signé une clause d'exclusivité, c'était quand j'ai quitté sur M6, Nicolas de Tavernost n'a pas voulu que je fasse les remplacements de Claire Chazal l'été et je ne l'ai pas fait. Mais il ne m'a pas interdit de faire des interviews pour dire ce que j'allais faire au mois de septembre.
Vous êtes une victime collatérale du débauchage massif de France Télévisions à Canal + ?
Je suis peut-être victime collatérale mais c'est à moi qu'on demande 60.000 euros, pas à France Télévisions qui ne m'employait pas.
"C à vous" revient ce soir à 19h. On efface tout et on recommence ?
On n'efface pas tout, je vais m'inscrire dans la continuité. Alessandra Sublet a marqué cette émission, elle l'a fait naître, elle l'a portée vers le succès. On ne balance pas tout. Mais je ne suis pas exactement la même, je ne vais pas essayer de singer Alessandra Sublet, ce serait forcément moins bien. J'arrive avec ma personnalité et je vais m'appuyer énormément sur cette bande de talent.
La force de "C à vous", c'est l'humeur. Vous avez toujours évolué dans des formats plus rigides (le 20 heures, la politique). Comment on travaille là-dessus ?
C'est un immense plaisir ! Tout d'un coup, on arrête de se contenir. Dans "Dimanche +", on était à 2m50 du sol, dans un cadre blanc bleu sur une passerelle, c'était une mise en scène dramatique voulue pour mettre une pression sur l'invité. Là, c'est absolument le contraire, le décor est chaud. Après, il faut que j'arrive à me détendre, à faire les remarques que je fais dans la vie à l'antenne et que ça me paraisse naturel.
"C à vous" va révéler votre personnalité ? On vous dit très drôle en privé...
Je suis très très drôle ! (Rires) Mon objectif n'est pas de mettre ma personnalité en avant mais si je veux apporter un peu d'humeur, c'est parfait. Par exemple, Patrick Cohen le matin sur Inter et le soir dans "C à vous", ce n'est pas le même.
Vous êtes réputée pour vos interviews politiques musclées. "C à vous" est un format plus léger, bienveillant. Vous rangez les armes ?
Je les garde à proximité. Pour la partie actu, on peut se permettre de dégaîner avec une exigence de résultat. Sur le dîner, on peut avoir des résultats aussi mais différemment. Quand vous invitez quelqu'un à dîner, vous êtes moins agressif. On va les embêter un petit peu, mais gentiment, il n'y a rien de pire qu'un dîner où tout le monde se fait la tête.
Patrick Cohen sera toujours là pour l'interview, votre matière favorite. Comment allez-vous vous répartir les rôles ?
C'était l'inquiétude de certains au sein de la chaîne. Mais on a fait deux pilotes et honnêtement, ça a été un émerveillement. C'est fluide, on se complète, notre duo enrichit l'interview. On voulait travailler ensemble depuis longtemps, ça tombe bien ! Après sur certaines interviews cela ne marchera pas aussi bien qu'aux pilotes mais je suis confiante, c'est pour l'instant très harmonieux.
La concurrence va être rude, la tranche 18-20h est de plus en plus concurrentielle . Qui vous fait le plus peur ?
Moi ! J'ai peur de ne pas être à la hauteur. Les émissions, même si c'est du talk, sont très différentes les unes des autres. Le seul risque, c'est la programmation des invités mais c'est la guerre habituelle et "C à vous" a bien progressé en quatre ans. Je suis assez bienveillante à l'égard du "Grand Journal", dont je connais parfaitement les équipes ("Dimanche +" était produit par la même société, KM, NDLR), j'aime beaucoup Antoine, Augustin, Doria, Karim Rissouli qui vient de "Dimanche+", je ne peux pas leur souhaiter que ça se passe mal.
Vous n'avez pas une petite revanche à prendre sur Canal+ ?
Je fais la différence entre "Le Grand Journal", KM, et l'attaque de Canal+. Même au sein de la chaîne, il y a beaucoup de personnes que j'apprécie. Mais je ne mets pas tout le monde dans le même panier.
Votre nom avait été cité pour remplacer Michel Denisot dans "Le Grand Journal". Ca aurait pu être un moyen de vous retenir ?
Il n'y avait aucun moyen de me retenir à Canal+. Moi, quand je prends les décisions, je fonce. J'ai été séduite par l'émission, par la façon de procéder du producteur Pierre-Antoine Capton et de la chaîne qui n'ont pas varié entre l'offre et la signature, il n'y a pas eu de mise en concurrence, le contrat a été ferme rapidement.
Vous avez d'autres projets avec France Télévisions ?
Non ! Vous vous rendez compte le changement de rythme que ça représente ? Je suis toute à "C à vous", je n'ai jamais multiplié les emplois, je trouve que c'est mieux, il faut se concentrer, ça ne sert à rien de vouloir faire beaucoup d'antenne à tout prix.