Samedi soir, lors de la cérémonie de clôture du 67ème Festival de Cannes, le jury présidé par la réalisatrice Jane Campion a attribué le prix d'interprétation féminine à Julianne Moore. L'actrice américaine, déjà primée à la Mostra de Venise en 2002 pour "Loin du paradis" et à la Berlinale en 2003 pour "The Hours", et quatre fois nommée aux Oscars, a été récompensée pour son rôle d'actrice sur le déclin dans "Maps to the Stars" de David Cronenberg.
Mais, selon le journal 20 Minutes, l'actrice rousse a été primée par défaut. En effet, si son autodérision a été très appréciée sur la Croisette, Julianne Moore n'était que le second choix du jury. "Une majorité des voix s'était portée sur l'actrice turque de 28 ans Melissa Sözen, qui joue le rôle de Nihal, la jeune épouse du personnage principal de 'Winter Sleep'", révèle le quotidien gratuit. "J'aime beaucoup ce personnage, qui montre bien que la femme idéale n'existe pas", a d'ailleurs expliqué la réalisatrice néo-zélandaise lors de la conférence de presse qui a suivi le palmarès.
Problème : le règlement interdit de donner deux prix à un même film. Une décision récente permettant d'éviter certains abus, comme en 2001 par exemple où le jury présidé par l'actrice norvégienne Liv Ullmann avait attribué le Grand Prix du Jury à "La Pianiste" de Michael Haneke et les deux prix d'interprétation aux deux comédiens du film Isabelle Huppert et Benoît Magimel.
Cette année, le jury a donc dû se résoudre à appliquer le règlement à la lettre. Ayant décidé d'attribuer la Palme d'or à ce film du Turc Nuri Bilge Ceylan, il a dû renoncer à primer Melissa Sözen. Les membres du jury se sont alors tournés vers leur deuxième choix. C'est ainsi que le nom de Julianne Moore a été choisi.
Lors des deux éditions précédentes du Festival de Cannes, le jury avait déjà dû affronter ce point de règlement. L'année dernière, Steven Spielberg avait réussi à contourner la mesure en attribuant conjointement à Abdellatif Kechiche et à ses deux actrices principales, Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos, la Palme d'or pour "La Vie d'Adèle". En 2012, Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva avaient également été associés à la Palme décernée à "Amour" de Michael Haneke.