La crise sanitaire actuelle n'en finit pas de bouleverser l'économie des médias. Après l'annonce par TF1 le 23 mars de la suspension de ses objectifs de performances financières, c'est au tour de deux de ses concurrents d'informer les investisseurs de leur situation.
M6, tout d'abord, tient à faire savoir que l'épidémie actuelle aura un "impact significatif" sur son chiffre d'affaires, notamment au deuxième trimestre. "Le groupe a subi, comme les groupes médias européens, de nombreux reports et annulations de campagnes publicitaires en télévision, radio et sur le digital", fait savoir dans un communiqué publié hier, la société pilotée par Nicolas de Tavernost. Les autres activités du groupe sont elles aussi touchées, comme la production et la distribution de films (SND et M6 Films) et la production d'émissions (Studio 89, C Productions, Golden Network). "La majorité des productions et diffusions suspendues feront l'objet d'un report", prévient M6.
Voulant aussi rassurer, le groupe privé annonce qu'il a pris les "mesures nécessaires pour alléger ses coûts", notamment de programmes, et va mettre en place "des mesures de chômage partiel" en s'assurant de "la préservation de l'essentiel du pouvoir d'achat des collaborateurs". Le groupe de Nicolas de Tavernost rappelle aussi qu'il est peu endetté et dispose "d'une liquidité assurée". Prudent, M6 annonce cependant qu'il se prononcera "dans les prochaines semaines sur la question du dividende au titre de l'exercice 2019".
Cette dernière question est déjà tranchée du côté de Lagardère. Le groupe spécialisé dans les médias, le travel retail et l'édition vient ainsi d'annoncer dans un communiqué qu'il réduisait le dividende versé à ses actionnaires pour 2019 de 1,30 à 1 euro par action. Comme le rappelle "Les Echos", le dividende chez Lagardère n'était pas descendu sous les 1,30 euro depuis l'exercice 2006. Il faut dire qu'alors que le groupe tire près de 60% de son chiffre d'affaires de son activité de travel retail (boutiques dans les aéroports et les gares), il est frappé de plein fouet par le confinement général actuel.
"Compte tenu de l'incertitude sur la durée et l'ampleur de l'épidémie, et des mesures gouvernementales de fermeture et de confinement, le groupe n'est pas en mesure d'en évaluer de manière précise et fiable les impacts", prévient le groupe d'Arnaud Lagardère, suspendant ses objectifs pour l'année en cours. Et de préciser "mettre en oeuvre des actions fortes pour réduire les impacts financiers, autour de quatre axes : adaptation des ventes et des prix lorsque cela est possible, réduction des coûts de fonctionnement, revue des investissements et mesures de réduction du besoin en fonds de roulement".