Alors que la Crimée a voté hier par référendum son rattachement à la Russie, David Pujadas et une partie de l'équipe du 20 Heures de France 2 sont partis sur place pour consacrer ce soir une édition spéciale aux derniers évènements survenus dans cette région du Sud-Est de l'Ukraine. Le présentateur du service public a accepté d'évoquer avec puremedias.com, depuis la capitale régionale Simféropol, le dispositif mis en place pour ce 20 Heures exceptionnel. L'occasion aussi pour lui de réagir pour la première fois aux récentes rumeurs concernant son éventuel départ du JT qu'il anime depuis 2001.
Propos recueillis par Benjamin Meffre.
puremedias.com : Qu'est-ce qui vous a convaincu d'aller en Crimée et de consacrer à cette région une édition spéciale du 20h ?
David Pujadas : Ça nous a paru important d'être là. On s'était endormis hier dans une région ukrainienne et on se réveille ce matin dans une région de Russie. C'est la première fois depuis l'ex-Yougoslavie qu'il y a un changement de frontières en Europe. Ça fait trembler les relations entre l'Est et l'Ouest. Donc ça nous semblait être une très bonne raison de venir voir le ressort de ce changement, avec ce que ça allait impliquer ici.
Pourquoi ne pas avoir fait une édition spéciale dès hier soir au moment du référendum ?
Le résultat n'est tombé que ce matin à 7 heures. Alors certes, le sens du vote était attendu, mais c'est aujourd'hui que le Parlement a validé le vote, que le résultat officiel a été donné. Donc c'est aujourd'hui qu'on a choisi de faire cette spéciale.
Quand avez-vous pris la décision de délocaliser le JT en Crimée ?
On l'a décidé il y a une semaine tout juste, et nous sommes arrivés samedi en Ukraine. Il y avait déjà des équipes de France 2 sur place depuis un moment. Ça fait un drôle d'effet de voir ce pays basculer.
Vous allez rester jusqu'à quand ?
On repart demain matin aux premières heures et je serai demain soir au journal.
Quel sera le dispositif mis en place ce soir ? Que pourra-t-on voir concrètement dans cette édition spéciale ?
On est en Crimée avec deux autres équipes de reportage. Nous sommes allés tout à l'heure tourner une séquence devant l'une des bases ukrainiennes car c'est l'un des points chauds de cette sécession : que vont devenir les milliers de soldats ukrainiens qui sont là ? On a aussi tourné une séquence à Yalta. Et parallèlement, on avait deux équipes qui ont tourné du côté des habitants pro-Ukraine de Crimée pour répondre à cette question : est-ce qu'ils vont rester ici ou vont-ils quitter la Crimée ? On a enfin tourné une autre séquence du côté des russophones. Le dispositif s'enrichit aussi d'envoyés spéciaux dans la deuxième région qui pourrait bien faire prochainement l'objet des appétits russes, à l'Est de l'Ukraine, un peu plus au Nord. On a aussi des envoyés spéciaux à Kiev et puis notre correspondant à Moscou.
Comment va se faire l'articulation avec le reste de l'actualité en France ?
Le reste du JT sera assuré par Julian Bugier à Paris. Je prendrai l'antenne à 20h. Il y aura ensuite une petite partie traitant de l'actualité en France depuis Paris. On lancera ensuite la spéciale qui fera une vingtaine de minutes avec plusieurs intervenants et nos sujets déjà tournés. L'idée est de raconter temps fort par temps fort, ces dernières 24 heures ici en Crimée, les 24 heures où tout a basculé, de les raconter presque heure par heure dans tous les endroits qui comptent.
Où sera situé votre plateau ?
A Simféropol, la capitale, juste devant le Parlement.
Vous retrouvez un peu vos réflexes de reporter avec cette délocalisation...
Oui, je retrouve un peu mes réflexes de reporter. Ça faisait presqu'un an et demi qu'on n'était pas "sortis" avec l'équipe du 20 Heures. La dernière fois, c'était pour l'élection d'Obama. Avant, c'était pour la révolution tunisienne. C'est très important, je trouve, de garder ce lien, ce contact avec ces atmosphères, les gens, ces endroits-là, quand l'actualité est très forte. Mais c'est vrai que ça me rappelle un peu mes jeunes années bien sûr. Ce sont des émotions fortes et je suis ravi de les retrouver.
Comment réagissez-vous aux rumeurs sur votre éventuel départ du 20 Heures ?
Les rumeurs sont les rumeurs. Je ne les commente pas parce qu'elles ont été démenties formellement (par Thierry Thuillier, le patron de France 2, sur puremedias.com ndlr). Moi, je les démens aussi, je suis bien à mon poste. Au fond, ça a un côté amusant. Vu de Crimée, ça l'est encore plus.
Ça paraît encore plus futile ?
Oui, en même temps on est dans un milieu où il y a toujours beaucoup de rumeurs. J'avoue que celle-là, ça m'a un peu surpris quand même. Mais ça a été démenti donc ça n'appelle pas plus de commentaires.
Vous n'avez pas envie d'un duo avec Anne-Sophie Lapix ?
Non, mais je serai sur son plateau de "C à vous" la semaine prochaine. On a échangé quelques textos et on aura le plaisir d'en discuter de vive voix à ce moment-là.