Après la conférence de presse tenue aujourd'hui par son patron, Alain Weill, Hervé Béroud, directeur de l'information de BFMTV, a accepté de commenter pour puremedias.com la demande émise auprès du CSA par TF1 de faire passer LCI sur la TNT gratuite. Vivement opposé, sans surprise, à un tel projet, Hervé Béroud veut croire que le CSA saura entendre les arguments de son groupe dans ce dossier sensible. L'arrivée de LCI en gratuit signifierait selon lui une grave mise en péril des groupes audiovisuels indépendants et particulièrement de NextRadioTV, propriétaire de BFMTV.
puremedias.com : Alain Weill s'est déclaré aujourd'hui "inquiet mais confiant" concernant le dossier LCI. Pouvez-vous nous expliquer ?
Hervé Béroud : On est inquiet parce qu'avec la décision qui sera prise bientôt par le CSA, c'est l'équilibre du paysage audiovisuel qui est en jeu et, plus concrètement pour nous, la capacité du groupe NextradioTV et de BFMTV à continuer à se développer. Si nous sommes malgré tout confiants, c'est parce que face à cette volonté émanant essentiellement du groupe TF1, il y a en France une loi et un régulateur, le CSA, en qui nous avons confiance. Nous faisons confiance à cette autorité pour entendre nos arguments, regarder les chiffres en face et comprendre que l'arrivée d'une troisième chaîne gratuite d'information en France renforcerait la concentration du secteur, essentiellement au profit du groupe TF1, et mettrait en péril l'équilibre des groupes indépendants et en particulier du nôtre.
Est-ce que vous pensez que la nomination récente de Mathieu Gallet à la tête de Radio France, que beaucoup ont analysé comme un signal d'indépendance envoyé par le CSA, est un bon signe pour vous dans ce dossier ?
Non, je crois qu'on ne peut pas lier les deux dossiers. Il ne faut voir dans la décision de Radio France, ni un bon ni un mauvais signe. Je crois que les dossiers n'ont rien à voir et on fait justement confiance au CSA pour trancher chacun d'entre eux avec la plus grande indépendance et la plus grande rigueur.
Est-ce que vous avez des informations sur le calendrier du CSA dans ce dossier ?
Le CSA a laissé entendre par la voix de son président que la décision serait prise avant l'été. C'est la seule information dont nous disposons. Dans le cas de LCI et Paris Première, les demandes ont été déposées et les procédures vont pouvoir commencer. C'est pourquoi nous avons voulu organiser cette conférence de presse pour éclairer la situation avant que le CSA n'ait à se prononcer.
Est-ce que vous compter faire alliance avec Canal+ dans ce dossier malgré la possible demande de ce groupe de faire passer Planète+ en gratuit ?
Canal+ veut en effet présenter un dossier de passage de Planète+ sur la TNT gratuite. Mais dans cette histoire, comme l'a dit Alain Weill, c'est sans doute pour eux un moyen de ne pas râter le train si jamais ce dernier quittait la gare. Objectivement, les intérêts de BFMTV et i-Télé sont parfaitement liés dans cette affaire. Je dirais même que si LCI devait arriver en gratuit, les risques seraient beaucoup plus importants pour i-Télé que BFMTV, au vu des audiences et des chiffres d'affaires respectifs des deux chaînes aujourd'hui.
Alain Weill a affirmé aujourd'hui avoir évoqué ce dossier avec un certain nombre de membres et conseillers du gouvernement mais aussi avec le Premier ministre et le président de la République. Ont-ils été sensibles à ses arguments ?
On l'espère. De manière générale, on les rencontre régulièrement que ce soit quand on les reçoit sur nos antennes ou quand ils nous reçoivent. Ils nous ont écouté mais de toute façon, la question n'est plus là. Pour nous, le CSA est une autorité indépendante en qui nous avons confiance. C'est désormais devant elle que nous devons faire entendre nos arguments.