Enrique Iglesias© Polydor
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La dernière fois (et la première, d'ailleurs), qu'Ozap a rencontré Enrique Iglesias, le chanteur espagnol ne s'est pas retenu de nous faire marcher, refusant dans un premier temps de répondre aux questions, expliquant par exemple très crûment et très succinctement qu'il n'avait pas évolué en onze ans, et qu'il faisait... « toujours la même merde ».Du coup, alors qu'Enrique était récemment de passage en France pour la promotion de son nouvel album "Euphoria", sorti lundi, nous n'avons pas hésité à le remettre face à ses déclarations. Dans une interview très détendue, le chanteur - et accessoirement sex symbol - évoque donc la « merde » qu'il fait depuis quatorze ans, son envie de changement, sa collaboration avec RedOne, producteur de Lady GaGa, ou encore... sa sex tape ! Entretien.
C'est la deuxième fois qu'on se rencontre, et la dernière fois, tu m'as dit - je cite - que tu faisais « la même merde » depuis onze ans...
Et aujourd'hui je fais la même merde depuis quatorze ans ! (Rires) Désolé... ! C'était il y a trois ans ?
Oui, pour la sortie de "Insomniac".
Mais oui, bien sûr, je me souviens de toi !
Mais bien sûr...
Si, je t'assure, je me souviens même de ce que tu portais. Et c'était dans cet hôtel.
Evidemment, tu fais toutes tes interviews dans cet hôtel !
Non, c'est faux ! Je suis souvent dans un autre hôtel.
Mouais... Et je portais quoi, alors ?
Tu portais une veste !
Pas du tout...
Euh, d'accord... Tu portais... une robe ?
Oui, bien sûr... !
(Rires) Tu portais ces énormes lunettes à la Elton John, et tu étais habillé comme Lady GaGa. Non ?
Non, ça c'était elle, je pense. Elle fait aussi ses interviews dans ce même hôtel.
Ah, désolé ! (Rires)
Bon, passons aux choses sérieuses ! Parle-moi un peu de ton album, "Euphoria". C'est ton album le plus uptempo, apparemment. Pourquoi ? Tu en avais assez des ballades ?
Ce n'est pas vraiment mon album le plus uptempo...
En tout cas, c'est comme ça qu'il est présenté par le label.
Je ne sais pas pourquoi ils disent ça...
C'est parfois comme ça avec les maisons de disques, il faut bien un angle pour présenter l'album.
Oui, et deux journalistes m'ont déjà dit ça... Mais c'est peut-être parce qu'ils n'ont écouté qu'un sampler de l'album. Mais il y a aussi des ballades. C'est peut-être mon album le plus éclectique, et il est assez différent de ce que j'ai fait par le passé. Je l'aime ! En même temps, je ne vais pas te dire le contraire... Mais sérieusement, j'aime par exemple le fait que je ne faisais jamais de collaboration, et que soudainement, j'en fais plein. Je me suis éloigné de ce que j'avais l'habitude de faire.
Et comme tu fais « la même merde » depuis quatorze ans, justement, tu es à l'aise avec ça, ou tu en as marre ?
En fait, quand je sors un album, je sais que je vais devoir en assurer la promo pendant un an. Si je ne suis pas enthousiasmé par l'album, si j'ai l'impression qu'il est identique au précédent... Eh bien je préfère rester chez moi, à regarder la Coupe du monde dans mon canapé. Et crois-moi, il n'y a rien de plus difficile pour moi que d'assurer la promo de "Euphoria" pendant la Coupe du monde ! Donc pour que j'aie cette envie, il faut qu'il soit différent. Et j'espère que le suivant le sera aussi. Il n'y a rien de plus dur pour un artiste que de se renouveler. Parce qu'on a un style, et ce n'est même pas une question de recette, mais de style. C'est comme dire - et je ne me compare pas à Boticelli -, c'est comme dire à Boticelli de peindre des femmes minces ! Ou de peindre comme Picasso !
Tu as déjà envisagé de faire quelque chose de complètement différent ? Comme Lil Wayne, qui a sorti un album rock, par exemple ?
Ah bon ? Il a fait un album rock ?
Oui, on en a beaucoup parlé. Il a reculé la sortie plusieurs fois, puis ça a démarré timidement et au bout de deux semaines tout le monde l'a oublié...
J'ai déjà envisagé de changer de style, oui, mais faire tout un album concept, où je ferais du rap par exemple, pas vraiment, non. Peut-être que je devrais faire un album de reprises, c'est super original, personne n'en a jamais fait !
Ah oui, c'est très original, effectivement... Mais d'ailleurs, sérieusement, pourquoi ne l'as-tu jamais fait ? Tu n'as d'ailleurs jamais fait de reprise, si je ne me trompe.
Oui, une ou deux, mais pas des titres vraiment connus.
Pour en revenir à "Euphoria", outre le fait que c'est apparemment ton album le plus uptempo, la maison de disques dit aussi que c'est ton premier album à la fois en anglais et en espagnol...
Oui, ça c'est vrai. Sur les albums précédents, il y avait les deux, mais c'étaient des traductions. C'est la première fois que je mélange les deux, et que dans les deux langues, il s'agit de titres originaux.
Pourquoi avoir fait ce choix ?
Parce que j'en avais marre d'écrire un titre en anglais, puis de le traduire, ou de n'écrire qu'un album en espagnol. Je pense qu'artistiquement, j'avais besoin de mettre ces deux langues en concurrence. Et ça m'a aidé.
Dans quelle mesure ?
Eh bien, par exemple, j'écrivais un titre en espagnol dont j'étais satisfait, voire très satisfait, puis je me disais « Voilà, maintenant tu dois faire au moins aussi bien en anglais », ou inversement. Du coup j'étais en compétition avec moi-même, plutôt qu'avec ce que les autres font actuellement. C'était très bon pour moi.
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Avec quels producteurs as-tu travaillé ?
Avec RedOne, Mark Taylor... Assez peu de gens en fait.
Tu as donc à nouveau collaboré avec RedOne, avec qui tu avais déjà travaillé sur les inédits de ton best of. Aujourd'hui, son nom est assez indissociable de Lady GaGa...
Mais tu sais, ce qui est marrant, c'est que la plupart de ces chansons ont été enregistrées avant l'album de Lady GaGa.
Il y a presque deux ans ?
Oui, il y a presque deux ans ! Je te jure. J'avais déjà "I Like It" il y a deux ans.
Et pourquoi ne l'as-tu pas inclus sur le best of, dans ce cas ?
Parce que la maison de disques ne l'a pas voulu... "Takin Back My Love" était dessus, et c'était déjà du RedOne. Et on l'a enregistré avant la sortie de l'album de Lady GaGa. En fait, il m'a fait écouter son album avant qu'il sorte.
Et tu en as pensé quoi ?
J'ai adoré.
C'est facile de dire ça aujourd'hui !
Non, non, non, sérieusement, je te jure. J'aimais bien "Just Dance", mais ça ne m'a pas non plus renversé. En revanche, quand il m'a fait écouter "Poker Face", là, j'étais scotché. Je me souviendrai toujours de ce moment : il m'a fait écouter l'album, et il m'a dit « La maison de disques veut que le deuxième single soit "LoveGame" », et je lui ai dit « "Tu es dingue, il faut que ce soit "Poker Face" ! ». Et si tu regardes de plus près... RedOne est très à la mode, mais je pense qu'il n'a jamais fait de titres pour des artistes masculins, maintenant que j'y pense !
C'est vrai...
Avant Lady GaGa, il y a eu "Whine Up" de Kat DeLuna... Il est extrêmement talentueux en tout cas, et je le considère comme un ami. C'est tellement génial de travailler avec quelqu'un, de le voir grandir, et qu'il récolte le succès qu'il mérite. Dans l'industrie musicale, des producteurs à succès, il y en a peut-être... huit ? C'est un peu flippant, en fait.
Quand tu vois que les titres qu'il a écrits pour Lady GaGa se sont vendus à plus de 35 millions d'exemplaires, ça te donne un peu d'espoir vis-à-vis de l'état de l'industrie musicale ?
Ce qui me donne de l'espoir, c'est surtout que les gens aiment toujours la musique. Tu t'imagines aller en boîte, sans musique ? Prendre la voiture, sans musique ? Regarder un film sans musique ?
Mais est-ce que toi, tu t'imagines faire de la musique sans argent ? C'est quelque chose que tu peux te permettre parce que tu as vendu des disques dans le passé, mais si tu débutais aujourd'hui...
C'est vrai, si tu es un nouvel artiste, ça n'a jamais été aussi difficile de percer. Les maisons de disques n'investissent plus dans les jeunes artistes. Il y a combien de personnes qui travaillent chez Universal en France par rapport à il y a quelques années ? Trois fois moins qu'avant ? Les gens ne voient pas à qui ils font vraiment du mal. Ils voient les artistes qui s'en sortent bien, qui sont riches, et ils se disent « on s'en fout ». Mais il y a toutes ces équipes de gens qui travaillent pour les y aider, qui font des horaires normaux, qui doivent entretenir leur famille. Et si tu penses aux artistes qui doivent percer... En fait, Lady GaGa est la seule grosse nouvelle artiste à avoir réussi ces trois ou quatre dernières années.
Donc, pas d'espoir en fait...
Les maisons de disques n'ont pas encore trouvé de remède miracle...
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J'ai demandé aux gens qui me suivent sur Twitter quelles questions ils souhaiteraient te poser...Ah, Twitter... (Il prend un air dubitatif)
Tu as un Twitter ! Mais ce n'est pas toi qui l'alimentes, si je ne me trompe...
Mais si, tu plaisantes ? Je tweete à mort !
Vraiment ?
Non.
C'est bien ce que je pensais. Pourquoi tu ne postes jamais toi-même ?
Tu sais, des fois je commence à écrire un truc du genre « En ce moment, je suis au cinéma, je regarde tel film... Tout le monde s'en tape en fait ». Non, en fait je pense que c'est un super outil, mais ça peut aussi être une violation de ta vie privée.
Oui, mais c'est toi qui décides ce que tu y mets.
Oui, mais ça peut être dangereux ! Tu pisses aux toilettes et quelqu'un prend une photo de toi. Et c'est déjà arrivé !
Ah bon ?
Oui, bien sûr !
Je n'ai jamais vu aucune star prise en photo alors qu'elle était aux toilettes ! (Rires)
Peut-être pas... Mais parfois des ordinateurs sont piratés, c'est pareil ! Et toutes ces sex tapes, bon, je sais que ça n'a pas de rapport avec Twitter directement, mais c'est le même genre de violation de la vie privée.
Tu as une sex tape secrète qui va bientôt sortir, c'est ça ?
J'avais une sex tape à l'époque, quand j'étais encore bien foutu. Mais ce ne sont que des prises de vue sur le côté, on ne peut pas vraiment dire que c'est moi... Non, je plaisante ! Si tu es célèbre, il ne faut surtout pas faire de sex tape. Tu sais que ça sortira forcément.
Autre événement qu'on pourrait aussi qualifier de dérive du net, j'ai lu un article publié sur un site internet anglais, selon lequel tu te serais énervé récemment sur Amy Winehouse. Apparemment, tu étais sur scène pour un concert donné à l'occasion d'une soirée organisée par le patron d'Universal. L'article expliquait que tu chantais, qu'elle parlait très très fort à son petit ami, et que tu as interrompu ton set pour l'engueuler devant tout le monde...
Sérieusement ? C'est dingue ! (Silence) Je chantais un titre pour Lucien Grainge, qui est le patron d'Universal, et j'ai fait une blague oui, en disant de ne pas parler trop fort, mais c'était de l'humour ! Et surtout, je ne lui ai pas dit à elle ! C'était un cocktail, évidemment je savais que les gens parleraient. Il y avait les Scissor Sisters, plein de gens qui étaient là pour dire au revoir à quelqu'un...
Ah, donc la fête a bien eu lieu...
Oui, mais je ne savais même pas qu'Amy Winehouse y assistait ! Je ne l'ai même pas vue ! Ca te montre à quel point la presse peut parfois inventer des histoires.
La presse britannique rafole de ce genre d'histoires.
Mais je ne vois pas qui de la presse anglaise aurait été là à cette soirée...
C'est toujours « une source » qui fait ce type de révélations, avec la formulation habituelle chez eux, « d'après certaines informations ».
J'adore quand ils disent ça, « une source » ! En Angleterre, j'ai aussi dix petites amies que je n'ai jamais rencontrées, mais « d'après certaines informations », je suis sorti avec elles, et ils décrivent plein de choses...
Tu trouves ça drôle ? Ou ça t'agace ?
J'aimerais bien les rencontrer ! (Rires)
(Rires) Non, mais je veux dire qu'on écrive tant de choses inventées de toutes pièces...
Je ne pense pas que tout soit inventé, mais c'est vrai qu'un certain pourcentage de choses est enjolivé ou modifié. Il y a des gens qui croient que c'est vrai, c'est surtout ça le problème.