Interview
Kevin, finaliste de "Top Chef" 2015 : "Je ne suis pas un héros, j'épluche des poireaux"
Publié le 13 avril 2015 à 16:46
Par Charles Decant
Alors qu'il affrontera Xavier ce soir dans la finale du concours culinaire de M6, le jeune cuisinier a répondu aux questions de puremedias.com.
Kevin D'Andrea, finaliste de "Top Chef" 2015 Kevin D'Andrea, finaliste de "Top Chef" 2015© M6/Olivier
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Le face-à-face aura lieu dans quelques heures. Ce soir, Kevin D'Andrea, 23 ans, affrontera Xavier Koenig, le gagnant de "Objectif Top Chef", lors de la finale de "Top Chef" 2015. Quatre ans seulement séparent les deux candidats, mais leurs expériences sont très différentes. Au lendemain de la demi-finale, puremedias.com s'est entretenu avec Kevin. L'occasion pour le jeune homme d'évoquer son parcours, le fameux épisode mouvementé de la guerre des restos, mais aussi son image de candidat prétentieux, sa participation à la campagne Auchan, mais aussi sûr sa coiffure, qu'il adorerait mettre en avant dans une pub !

Propos recueillis par Charles Decant.

La semaine dernière, pour la demi-finale, vous avez chacun proposé une épreuve. Comment ça s'est passé, dans les faits ?
Tout ce qui a été retenu, ça a été nos idées. Après, on a donné chacun deux types d'épreuves, et ils ont choisi parmi nos propositions. J'avais donné un autre thème en plus de celui des bûches en trompe-l'oeil, mais ils ont trouvé que celui-ci correspondait davantage à "Top Chef".

Et tu te sentais de faire la bûche salée ?
Oui, sans problème ! J'aime les trucs techniques et compliqués, et je me disais que je ne pouvais pas accéder à la finale si je ne me mettais pas en difficulté. J'aime accéder à des choses par le boulot, par la difficulté et par la sueur.

Donc l'épreuve du panier de légumes, imaginée par Olivier, ce n'est pas quelque chose tu aurais proposé...
Non, ce n'est pas quelque chose que j'aurais fait.

Et pourtant tu t'en es pas mal sorti !
Oui, je m'en suis pas mal sorti !

"J'ai du caractère, il ne faut pas me pousser !"

Tu t'es vu à la télé pendant toutes ces semaines. Ce que tu as vu te ressemblait ?
Pendant toutes ces semaines, je pense avoir été fidèle à moi-même. J'ai été droit, compétiteur, respectueux. Même lors de la guerre des restos, je me suis excusé auprès de Florian à la fin. C'est comme dans un match de foot, un sportif a la gagne. Quand il est sur le terrain, il se donne, des fois ça peut déraper, on peut tacler, par derrière, et après on redevient ami. Florian, c'est un bon copain, même à l'extérieur. Des coups de gueule, tout le monde en a, je ne serai pas le dernier. Il faut remettre les choses à leur place. Bienvenue dans le monde de la restauration !

Plus précisément, comme c'est la première fois que tu te voyais à l'écran, est-ce que, à certains moments, tu as été surpris par ce que tu voyais de toi ?
La première fois qu'on se voit, on sait ce qu'on a vécu, mais pas ce qui a été monté. Mais au final, j'ai trouvé les montages réels, fidèles à ce qui s'est passé, à ce qu'on a été. J'ai trouvé le truc parfait. Evidemment, ça fait super bizarre de voir ta tronche à la télé ! Et ce qui est fou, c'est que quand tu te regardes, tu te dis qu'il y a 3 millions de gens qui te regardent en même temps ! Ca fait extrêment bizarre mais je suis fier de moi, et ma famille a été fière de moi, je crois que c'est le principal.

Donc tu n'as jamais été choqué ? Même par la guerre des restos ?
Non, parce que je suis comme ça ! Je suis quelqu'un qui a du caractère, je suis Italien, il ne faut pas me pousser. Quand je vois quelqu'un qui est un peu laxiste sur son boulot, je le remets un peu dans les rangs, sans non plus être méchant. Je n'ai pas été méchant. Les cuisiniers ont l'habitude de ce genre de comportements. Les téléspectateurs un peu moins. Evidemment, un truc comme ça qui se passerait à la SNCF, ça monterait tout de suite aux ressources humaines, mais dans une cuisine, ça peut arriver. On s'est excusé directement après.

"J'ai eu besoin d'un coup de pied au cul !"

Quel a été ton principal point fort dans la compétition ? Et ton point faible ?
Dans les deux cas, je dirais mon classique. C'est une force à double tranchant. Ce sont des bases solides que j'ai, et j'ai voulu trop m'y raccrocher au début. Je me suis dit, au début, fais bon, essaie de ne pas être en coup de coeur, ne cherche pas le coup de coeur, passe, reste tapi dans l'ombre, qu'on ne t'attende pas au tournant, puis enchaîne.

Mais tu es resté tapi dans l'ombre jusqu'à ce que Jean-François Piège te secoue un peu !
Oui, c'est vrai, j'ai eu besoin d'un coup de pied au cul. Mais il me suffit d'un claquement de doigts pour que je réagisse. Je pense que ça fait aussi partie de ma forte, je suis très réactif. J'ai pris ce qu'il m'a dit en compte, et la dernière chance qu'il y a juste après, j'ai mouillé le maillot. Même Jean-François Piège l'a dit. C'est là que le concours a commencé, j'ai passé la seconde !

"A un moment, il faut prendre ses couilles et aller jusqu'au bout"

Certains candidats qui sont sortis ont regretté la place accordée aux chefs... C'est ton cas ?
En gros, c'est un peu ce qui se passe en cuisine : tu as un chef qui est au dessus de toi, alors pourquoi raler ? C'est un peu le principe d'une cuisine. Moi, je trouve ça encore plus fidèle à notre métier. En plus, ils ne touchaient même pas ! Ils nous donnaient des conseils ! Si tu avais envie d'assumer tes actes, tu les assumais ! En quoi ça dérangeait ? Oui, c'est dur d'avoir un homme qui avait deux étoiles sur son épaule, mais à un moment, il faut prendre ses couilles et aller jusqu'au bout dans son idée. Pour moi, c'était que du bonheur ! C'est bandant !

Transition idéale : parlons de ton vocabulaire ! Tu étais assez calme au début et la semaine dernière, tu nous sors cette phrase sur "le cul habillé en feuilles de choux" et maintenant tu nous parles de "prendre ses couilles"...
(Rires) Je trouve qu'il y a un vocabulaire adapté à chaque chose. Au début, j'étais très concentré en cuisine, mais à la fin, ça fait partie aussi de ma cuisine, je me suis un peu plus lâché. On a des expressions qui ne sont pas méchantes ou vulgaires, mais qui font sourire. Et moi j'aime faire sourire les gens. Je trouve que c'est toujours plus agréable. Je n'ai pas envie de m'emmerder dans ma vie, j'ai envie d'être entouré de bonheur et que les gens sourient !

"Je ne sauve pas des vies, j'épluche des carottes et des poireaux"

La finale a été tournée il y a plusieurs mois, tu as dû retourner chez toi et reprendre ta vie... Pas trop dur ?
En fait, le lendemain de l'épreuve, je suis retourné dans ma vie normale. Enfin, je n'avais jamais quitté ma vie normale. Ce n'est pas parce que j'ai participé à "Top Chef" que j'ai sauvé le monde ! Je ne suis pas un super-héros, je ne suis pas chirurgien, je ne sauve pas des vies. J'épluche des carottes et des poireaux. Il faut relativiser. Oui, je suis retourné à mon train-train quotidien, non je n'ai pas repris mon ancien boulot. J'ai un projet actuellement, dont je ne peux pas encore trop parler. Je continue ma vie de cuisinier lambda.

Et ce n'est pas étrange de passer deux mois dans le stress, à l'hôtel, et de revenir du jour au lendemain chez soi ?
En fait, le stress ne retombe pas parce que la diffusion commence. On découvre chaque semaine, donc on est encore plus en stress ! On sait ce qui se passe, mais on ne sait pas comment on va passer, ce qu'on va dire, ce que les gens vont penser de nous. C'est un stress en plus ! Ca fait depuis novembre que je suis dans le stress. J'ai deux-trois ulcères, mais ça va ! (Rires)

Tu parlais de l'avis des gens, et certains ont dit que tu avais la grosse tête, que tu étais mauvais perdant. Tu t'y étais préparé ?
C'est facile de dire ça... Ce que les gens pensent de moi, c'est très bien, chacun pense ce qu'il veut. Oui j'ai du caractère, je suis un compétiteur, j'ai la gagne, ce n'est pas pour autant que j'écrase les autres candidats. J'ai toujours voulu faire une compétition sport et saine, même avec Florian, on l'a bien vu à la fin, on s'est pris dans les bras. Ce qui est tourné est vrai, il n'y a aucune hypocrisie. Maintenant, dire que je prends la grosse tête, je trouve ça un peu gros. Quand Christophe a gagné en assurance, on n'a pas dit qu'il avait la grosse tête. Eh bien moi, c'est pareil, j'ai juste gagné en assurance. En fait, ils attribuent ça à un personnage. Le peu de confiance que j'ai pris en moi, les gens ont sauté dessus pour dire que j'étais prétentieux. Si on me connaît vraiment, je suis quelqu'un de simple, qui aime juste faire marrer les gens.

"Les gens oublient qu'on joue notre vie"

Le fait qu'on t'attribue ce défaut, ça t'a permis de réfléchir sur toi ? Ca rentre un petit peu en ligne de compte dans un travail sur toi ?
Pourquoi je devrais travailler sur moi parce que des gens disent que j'ai la grosse tête ?

On peut toujours travailler sur soi, non ?
Mais je suis en éternel travail sur moi, tous les jours. C'est un outil supplémentaire pour réfléchir à tout ça, oui. Mais les gens oublient que c'est un concours de cuisine, je crois. Ce n'est pas "Secret Story". On est là en mode professionnel, donc je ne suis pas comme dans la vraie vie. Tu dois avoir une carapace, cacher tes émotions, tu dois être fort, entier, mais pas trop. Après, j'invite les gens à me rencontrer dans la vie et à voir que le Kevin qui est à la maison n'est pas le même que celui qui va au travail. Et je pense que c'est le cas de tout le monde, mais les gens ont tendance à l'oublier. Dans "Top Chef", on joue notre vie. Je ne suis pas dans une télé-réalité où je suis en maillot de bain au bord d'une piscine en train de raconter que j'ai couché avec telle ou telle candidate hier soir. Je joue ma vie, je joue ma carrière et ma crédibilité aux yeux des professionnels.

Tu as tourné une pub pour Auchan. Tu as tout de suite dit oui ?
Mais grave ! Tourner une pub pour Auchan, c'est génial ! Je vends du saumon, c'est top !

Et si on te propose une pub pour des produits capillaires... Ca risque d'arriver, forcément. Tu dis oui ?
Grave ! Direct ! J'en rêve !

On contacte Vivelle alors ?
Non, plutôt Elnett, je ne mets pas de gel, juste de la laque, désolé !

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