Une menace pour la pluralité de la presse française ? Ce matin, le gouvernement examinera en Conseil des ministres la réforme de la loi Bichet qui régule le secteur de la distribution de la presse en France depuis 1947. Principaux objectifs affichés : ouvrir le secteur à de nouveaux acteurs, laisser plus de marge de manoeuvre aux marchands de journaux dans le choix des magazines qu'ils vendent, et étendre la loi Bichet au numérique afin que les kiosques virtuels proposent l'ensemble des titres d'information politique et générale à leurs abonnés. Une obligation à laquelle seront toujours soumis les marchands de journaux. Enfin, les agrégateurs d'informations de type Google News devront détailler les choix éditoriaux qu'ils opèrent par des algorithmes.
Inquiètes de cette réforme qui intervient dans un contexte économique compliqué pour le secteur, les messageries de presse, qui sont en première ligne dans la distribution des journaux et des magazines en France, ont lancé mardi soir une grève de 24 heures. Le ministre de la Culture, Franck Riester, a pour sa part assuré lors d'un point presse que la réforme vise à "moderniser l'environnement législatif sans casser les fondamentaux qui font le succès du système de distribution de la presse".
De son côté, dans un communiqué mis en ligne le 4 avril dernier, la CGT qui soutient le mouvement de grève, dénonce : "Sous le doux vocable de modernisation, le gouvernement entend casser ce système pour accélérer la libéralisation de ce secteur d'activité à l'importance politique majeure. (...) Nombre de titres pourraient disparaître, faute de moyens pour bénéficier d'une distribution sur l'ensemble du territoire", s'alarme le syndicat.
Conséquence directe du mouvement social observée par l'AFP : "la plupart des journaux nationaux n'était pas disponible mercredi matin à Paris, Lyon et Marseille". Les quotidiens misent donc une nouvelle fois sur le numérique pour pouvoir être lus ce mercredi par leurs lecteurs. "Libération" propose le PDF gratuit sur son site de la version du jour, tandis que "Le Figaro" fait pour sa part payer son édition numérique. "Nous protestons contre cette décision qui, une fois de plus, fait de nos fidèles lecteurs les victimes d'un conflit politique et les prive de leur 'Figaro' quotidien", peut-on lire sur le site du journal.