Qu'en est-il réellement de la plainte du président ? En août dernier, Emmanuel Macron avait porté plainte pour "harcèlement" et "tentative d'atteinte à la vie privée" contre Thibaut Daliphard, un photographe, alors que le chef d'Etat était en vacances avec son épouse à Marseille. Interpellé par les forces de l'ordre devant le parc Talabot où résidait le couple présidentiel, le paparazzi avait été placé en garde à vue durant six heures au commissariat. L'Elysée avait expliqué que le reporter s'était introduit "sur la propriété privée" où résidait le couple présidentiel.
Mais le photographe a toujours nié avoir pénétré dans la propriété privée d'Emmanuel Macron et a dénoncé une "arrestation abusive". "À aucun moment nous ne sommes rentrés dans la résidence du président. On n'est pas suicidaire. C'est comme à Paris, on ne va pas escalader les grilles de l'Elysée", avait-il démenti, au micro d'Europe 1 en août.
Le week-end dernier, l'Elysée a fait savoir par voie de presse qu'il avait retiré sa déposition "pour un geste d'apaisement souhaité par le président". Le palais a précisé que ce retrait avait eu lieu "il y a quelques jours", comme l'a rapporté l'AFP.
Toutefois, selon Mediapart et Europe 1, l'enquête préliminaire ouverte cet été a été classée sans suite pour "absence d'infraction", et non pas à la suite du retrait de cette plainte par la présidence de la République, comme cela avait été annoncé. "Après examen de l'ensemble des éléments que l'enquête a permis de recueillir, cette procédure a fait l'objet d'un classement sans suite pour absence d'infraction", est-il écrit sur la lettre du procureur de Marseille adressée à l'avocat du photographe et que s'est procurée Europe 1.
"Il n'y a eu ni harcèlement, ni violation de la vie privée. C'est ce que confirme le classement de l'enquête pour absence d'infraction. En revanche, il y a bien eu une garde à vue pour rien, on pourrait parler de détention arbitraire", raconte Me Denecker, l'avocat de Thibaut Daliphard, à Médiapart, soulignant qu'il est "possible que des policiers aient fait du zèle, et que le président de la République ne soit pas à l'origine de ces hauts faits d'armes, mais par la suite il les a assumés en annonçant le dépôt de plainte."
Contacté par puremedias.com, l'Elysée assure que la plainte a bel et bien été retirée et que la justice a ensuite classé l'affaire. Selon "Médiapart", la présidence de la République "a effectivement retiré sa plainte", "mais en ayant déjà connaissance, par le ministère de la Justice, des résultats plus que décevants de l'enquête". De plus, le pureplayer note que "ce retrait de plainte présidentiel n'est pas mentionné" sur le courrier du procureur de Marseille envoyé à Maître Denecker. Cet imbroglio n'arrange pas la stratégie de communication d'Emmanuel Macron, qui essaie depuis quelques semaines d'apaiser les tensions avec les journalistes.