La rédaction d'iTELE en grève depuis trois jours. Du jamais-vu. Les journaux et magazines tournent en boucle depuis bientôt 72 heures, le site de la chaîne n'est plus alimenté. Mais rien ne l'indique aux téléspectateurs, la direction ayant refusé l'affichage d'un bandeau déroulant. Réunis en AG ce matin, les journalistes de la rédaction ont voté la reconduite du mouvement. Quelques jours après le vote de la motion de défiance envers leur nouvelle direction, ils ont décidé de publier une tribune, dans laquelle ils expliquent les raisons de leur choix. Ils dénoncent "la casse" de leur chaîne par la nouvelle direction, qui a décidé de supprimer 52 postes dès cette semaine.
CONTRE L'INFORMATION EN DISCONTINU
Depuis lundi 27 juin 11h iTÉLÉ n'est plus en mesure de vous informer. A l'antenne, des rediffusions de reportages d'archives sans lien avec l'actualité. Lors d'une assemblée générale lundi matin, la majorité des salariés présents ont voté un mouvement de grève reconductible. Une première depuis la création de la chaîne en 1999.
Nous aurions aimé pouvoir en informer nos téléspectateurs. La direction a refusé. Aucune mention n'a été possible. Ni par l'intermédiaire des présentateurs de journaux, ni par celui du bandeau déroulant, ni par le biais du site et des réseaux sociaux d'iTÉLÉ. Vous avez été nombreux à le déplorer. Nous en sommes les premiers désolés.
Si nous ne vous informons plus depuis lundi c'est parce que nous nous battons pour continuer à vous offrir une information de qualité. À l'automne dernier, devant les personnels, Vincent Bolloré, actionnaire principal, s'engageait à investir dans une chaîne ambitieuse. Dix mois plus tard, les salariés assistent impuissants à la casse d'iTÉLÉ.
52 contrats d'usage et à durée déterminée sont supprimés cette semaine dans un plan social qui ne dit pas son nom. Soit environ un quart des effectifs de la rédaction. Ces postes de journalistes (rédacteur en chef, reporters, JRI, chefs d'édition, assistants d'édition, assistants présentateurs, programmateurs, documentalistes...) sont fondamentaux. Ils préparent et mettent à l'antenne 20h d'information par jour, 7 jours sur 7. La collaboration avec de nombreux pigistes est également menacée.
Ces suppressions vont dégrader dès cet été la qualité de nos journaux et de nos rendez-vous d'information. Dans un contexte de concurrence accrue, la direction fait le choix de la rentabilité. La grille de rentrée sera raccourcie et marquée par l'apparition de rediffusions de JT en pleine journée. Nous ne serons donc plus en mesure de vous informer en temps réel.
Canal+ est en crise. Aujourd'hui c'est au tour de sa filiale iTÉLÉ d'être dans la tourmente malgré des audiences en hausse cette année. Son avenir est en jeu.
Nous vous devions cette explication.
Les salariés d'iTÉLÉ
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