Les médias doivent-ils encore donner la parole à Eric Zemmour, dont les idées et les propos défraient régulièrement la chronique ? C'est la question que s'est posée Marina Foïs lundi soir sur le plateau du "Gros Journal" de Mouloud Achour sur Canal+. "J'en veux beaucoup aux médias qui donnent trop la parole aux gens qui portent un discours de merde et qui sortent des bouquins débiles pour véhiculer de la merde", explique-t-elle en référence à l'auteur du "Suicide français".
"La pensée merdique, c'est comme l'humidité, ça pénètre, ça infuse", poursuit la comédienne, expliquant qu'il faut "absolument empêcher l'infusion". Marina Foïs invoque sa volonté de "protéger (ses) enfants", estimant qu'il y a "des pensées qu'ils n'ont pas besoin de connaître". Elle est ensuite revenue sur ses trois participations (en 2007, 2009 et 2010, ndlr) à "On n'est pas couché" du temps où Eric Zemmour était chroniqueur dans l'émission. "Pourquoi je ne me suis jamais levée ?, s'agace-t-elle. Pourquoi on est si soumis ? C'est ça ma question !".
La question que soulève l'ancienne comparse de Pef sur la présence médiatique d'Eric Zemmour est loin d'être nouvelle. Depuis son départ de "On n'est pas couché", le polémiste a multiplié les violents dérapages idéologiques. Déportation des musulmans qui vivent en France, propos douteux sur les djihadistes, Zemmour, habitué des tribunaux, n'est plus à une provocation près.
Depuis plusieurs années, de nombreuses voix s'élèvent pour dénoncer "l'infusion", via les médias, des idées du polémiste dans l'opinion publique, sur fond de montée en puissance de l'extrême droite. En 2014, Bruno Le Roux, alors patron des députés PS à l'Assemblée Nationale demandait déjà que "les plateaux télé et les colonnes des journaux cessent d'abriter les propos d'Eric Zemmour". L'année dernière, Laurent Ruquier, notamment mis en cause par Caroline Fourest qui l'accusait d'avoir "mis à l'antenne pendant cinq ans un procureur xénophobe comme Eric Zemmour", reconnaissait officiellement qu'il regrettait d'avoir "participé à la banalisation de ces idées-là".
Dernièrement, suite à la sortie du chroniqueur sur les djihadistes, la SDJ de RTL avait fait part de son "malaise" alors que la question de son maintien à l'antenne était clairement posée. Une question pourtant balayée par la direction de la station qui a toujours invoqué "le pluralisme des opinions exprimées". Un point de vue également défendu par Paris Première, autre employeur historique du chroniqueur actuellement poursuivi pour apologie du terrorisme.