Nicolas Demorand résiste et ne quittera son poste, malgré le vote à près de 90% d'une motion de défiance à son encontre. "Etre aimé n'est pas un métier", lâche-t-il au journal Le Monde, arguant que "des signes de défiance existent à Libération" depuis qu'il est en poste. "Quand les ventes en kiosque étaient exceptionnellement fortes, il y avait une équipe qui déjà témoignait de ses doutes. Mais même quand ça secoue, je ne perds pas mon objectif qui est de pérenniser cette rédaction qui ne ressemble à aucune autre", explique-t-il.
Cette motion de défiance votée par les équipes du journal visait à protester contre un plan de redressement des comptes annoncé en début de semaine. Selon Nicolas Demorand, les équipes du journal ont "une relation très difficile à la hiérarchie et à l'autorité". Et à la sienne, donc. Pour François Moulias, représentant de l'un des deux actionnaires du journal aussi interrogé par Le Monde, "il n'y a pas de problème de management" à Libération. La confiance à l'égard du directeur de la publication est donc renouvelée. Tous deux assurent "comprendre" l'inquiétude des équipes, dans un contexte général très difficile pour la presse quotidienne, dont les ventes ont lourdement chuté en 2013.
Pour apaiser les tensions, François Moulias sera désormais l'interlocuteur privilégié des salariés dans les discussions sur le plan d'économies. Nicolas Demorand sort donc de la table des négociations. Pistes à l'étude : le départ en retraite anticipée des catégories de personnel les plus âgées ; la diminution du temps de travail avec une diminution du salaire non proportionnelle ; une baisse des salaires compensée par une part variable et diminution des congés et RTT.
Ces discussions entre les salariés et la direction devraient aboutir à un "accord compétitivité-emploi" dans les prochaines semaines. "Cela implique aussi de repenser nos manières de travailler, de repenser le journal du lundi au vendredi pour être le premier quotidien en France qui prenne acte de l'existence d'Internet", justifie Nicolas Demorand. Le capital de "Libération" pourrait aussi être modifié, avec l'arrivée d'un nouvel actionnaire, "dans des conditions qui fassent du sens pour l'entreprise."