

Attendu ce matin de pied ferme dans les locaux de Libération par les journalistes et le personnel, Nicolas Demorand, pressenti pour reprendre la tête du titre, a présenté son projet éditorial. Un discours programme relayé en direct sur le site de micro-blogging Twitter par certains journalistes de la rédaction. Compte-rendu.
Homme de radio et de télévision, il n'a jamais dirigé une rédaction ou un quotidien. Son premier objectif était donc de rassurer ce matin sur sa connaissance de la presse, « aujourd'hui pillée par les médias audiovisuels ». Pour Nicolas Demorand, on assiste à une « aseptisation de l'information », la presse française « se paupérise ».
Le journaliste a dessiné les grandes lignes de son projet éditorial. « il faut que la Une d'un journal gueule et envoie une accolade à son lecteur » a-t-il expliqué. Il prone « un travail journalistique sur la culture de masse » et dénonce cette gauche « qui a abandonné tout ce qui fait qu'il y avait une joie dans le fait d'être de gauche ». « Aujourd'hui, la gauche c'est tristesse et résignation (...) Il faut réenchanter la gauche » a-t-il lancé. Libération, qui a sorti la tête de l'eau en 2010, « doit devenir le quotidien de référence de la gauche ». Et avoir un « modèle irréprochable, le coeur de la valeur d'un quotidien ».
Face au scepticisme de certains, Nicolas Demorand a tenté de marquer sa détermination : « Je viens devant vous avec mes désirs et la force de travail qui est la mienne (...) Je suis un sédentaire, je veux m'installer pour longtemps ». Il a par ailleurs précisé avoir mis une condition à son embauche auprès de l'actionnaire Édouard de Rothschild, celle de « pouvoir embaucher des journalistes ».
Si le personnel valide sa candidature, Nicolas Demorand deviendra cogérant, directeur de la rédaction et directeur de la publication, « il est important d'avoir les trois postes pour occuper le job, quand on dirige, il faut diriger » a-t-il expliqué. Enfin, Demorand est revenu sur les conditions cocasses de son embauche. Quand Édouard de Rothschild l'a appelé pour lui proposer le poste, il a cru qu'il s'agissait de... Nicolas Canteloup en train de tenter une imitation.
Nicolas Demorand a par ailleurs écarté un rapprochement dans l'immédiat avec Le Nouvel Observateur, dont Laurent Joffrin reprendra la direction quand il quittera Libération. Le personnel est désormais appelé à voter pour ou contre Demorand à Libé le 7 février. Et si 66% des personnes interrogées s'opposent à sa venue avec au moins 51% de votants, sa candidature sera rejetée.
>> Merci à Philippe Brochen, Sophie Gindensperger et Nicolas Cori pour leur live-tweet.