Patrick Le Lay s'exprime peu sur son passé à la tête de TF1, chaîne qu'il a dirigée pendant vingt ans, de 1988 à 2008. Invité de "C à vous" mardi soir, il a livré son analyse de la crise traversée par la Une, l'éviction de Laurence Ferrari ou encore l'explosion de la TNT, à laquelle il s'était farouchement opposé lorsqu'il dirigeait TF1 avec Etienne Mougeotte. Il en a aussi profité pour régler ses comptes avec les pouvoirs publics, et la première flèche a été décochée en direction de Michel Boyon, l'actuel président du CSA.
"J'ai beaucoup d'amitié pour lui mais je pense qu'il connaît moins bien la télé que moi" lâche-t-il. Le gendarme du PAF et les politiques s'immiscent trop sur le marché de la télévision selon lui, "l'Etat français est dirigiste, la Corée du Nord rêverait d'avoir notre système (...) Il n'y a pas de télé au monde aussi dirigée et aussi contrainte que la télé française." Pour l'ex-patron de la Une, "la vision de la télévision par les politiques est énorme d'incompétence", rappelant qu'il a connu à la tête de TF1 17 ministres de la Culture, "chacun voulant aller de sa petite loi ou de son décret." Patrick Le Lay a fait les comptes : 12 lois et 122 décrets ont été votés par les députés sous sa présidence à TF1. Une législation "qui n'a amené aucun aspect positif."
Il a notamment fustigé sur France 5 l'attitude de l'Etat vis à vis des chaînes privées comme TF1 ou M6 : "Il y a une règle en France, il ne faut pas être en concurrence avec l'Etat. Parce que l'Etat refuse aux chaînes privées qu'elles appliquent les règles que l'Etat se donne. Donc la concurrence avec l'Etat est toujours déloyale." Un "abus de règlementation" qui mène au "refus de considérer que la télévision est une industrie, ce qui a amené les groupes français à s'affaiblir." La TNT aurait selon lui dû permettre de "renforcer" les groupes existants, sans permettre l'émergence de nouveaux acteurs.
Revenant sur la crise traversée par la Une, Patrick Le Lay a défendu Laurence Ferrari, qui a remplacé Patrick Poivre d'Arvor après son départ. "Laurence faisait "Sept à Huit" fort bien, tout le monde l'appréciait. Après, on a eu le sentiment qu'une alchimie n'a pas pris complètement. Mais ce n'est pas le problème de Laurence, c'est une appréciation du public. Peut-être que deux femmes, ça faisait beaucoup" analyse-t-il. Un avis partagé par l'ex-présentatrice du 20 Heures, qui avait dénoncé "une forme de machisme" sur le plateau du "Grand Journal" de Canal+.