Invité ce midi du Talk Orange - Le Figaro, Charles de Courson, député UDI et président de la commission d'enquête sur l'affaire Cahuzac, a émis des soupçons sur le rôle qu'aurait pu jouer l'ex-PDG de TF1, Patrick Le Lay, dans l'affaire Tapie. Le parlementaire s'est notamment interrogé publiquement sur la possible influence de l'ancien patron de la Une sur le choix, fait par l'Etat, de recourir à une procédure d'arbitrage dans le contentieux opposant Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais sur la vente d'Adidas en 1993.
Interrogé par Yves Thréard sur l'existence éventuelle d'une piste "Patrick Le Lay" dans cette affaire, le député a expliqué que "les liens extrêmement étroits" entre l'ex-PDG de TF1 et Bernard Tapie constituaient une "voie intéressante et sérieuse". Charles de Courson a ainsi rappelé que Bernard Tapie avait pendant un temps été actionnaire à hauteur de 3% de TF1. Il a également affirmé que Patrick Le Lay avait "sauvé du caniveau" l'ancien patron de l'OM lorsque celui-ci est sorti ruiné de prison, en en lui offrant notamment le rôle titre dans la série de TF1 "Commissaire Valence".
Partant de ces liens étroits, le député a évoqué un possible "service" rendu par l'ex-patron de la Une à "son grand ami Bernard Tapie", ajoutant prudemment que pour le moment, "ce n'est qu'une hypothèse". Le député a également émis l'idée d'un possible rôle joué par Patrick Le Lay dans la persuasion de Nicolas Sarkozy, alors Président de la République, de soutenir cette solution de l'arbitrage.
Selon le parlementaire, Nicolas Sarkozy aurait été d'autant plus sensible à cette demande que l'ex-PDG de TF1 "a beaucoup aidé le futur Président de la République" lors de sa campagne victorieuse de 2007. Pour autant, Charles de Courson a précisé que Patrick Le Lay n'avait pas à être entendu par la justice puisqu'il "n'a joué aucun rôle direct dans cette affaire", ajoutant : "Ce n'est pas lui qui est responsable. On peut intervenir auprès d'un Président de la République au profit d'un ami extrêmement proche, ce n'est pas sanctionnable".
Rappelons qu'hier, après 48 heures de garde à vue, Stéphane Richard a été mis en examen pour "escroquerie en bande organisée" dans le cadre de cette même affaire. La Justice reproche notamment à l'actuel PDG d'Orange d'avoir accepté, en 2008, alors qu'il était directeur de cabinet de Christine Lagarde, de recourir à la solution de l'arbitrage pour solder le litige entre la banque et l'homme d'affaires.
Cet arbitrage, rendu en 2008 a été largement favorable à l'ancien patron de l'OM. Il lui a été accordé un total de 403 millions d'euros, dont 45 millions à titre de préjudice moral. Une somme jugée disproportionnée à l'époque par la gauche qui, revenue au pouvoir, a décidé de contester la décision devant les autorités compétentes.