La crise sanitaire continue de rebattre les cartes dans l'audiovisuel public. Après France 4 et France 0, dont la disparition programmée cet été en linéaire pourrait être repoussée, voire annulée, c'est au tour de Radio France de revoir sa stratégie. La Maison ronde est en effet engagée depuis plusieurs mois dans un vaste plan d'économies, qui prévoit d'ici 2022 la suppression de 299 postes et la création de 76 postes à terme sur un effectif fort de plus de 4.400 salariés.
Un mouvement de grève d'une durée inédite - 63 jours - avait été déclenché par les syndicats, obligeant la présidente Sibyle Veil à revoir sa stratégie et à remplacer le plan de départs volontaires prévu par une rupture conventionnelle collective, qui permet notamment de comptabiliser les départs à la retraite dans les départs volontaires.
Interrogée ce jeudi dans "Le Figaro", la présidente de Radio France annonce sa volonté de suspendre les négociations avec les syndicats jusqu'à la rentrée, compte tenu du contexte épidémique. Le temps pour elle de reconsidérer sa stratégie. "Nous vivons un choc collectif, ne faisons pas comme s'il ne nous apprenait pas aussi des choses sur nous-mêmes. Nous nous donnons l'été pour tirer les enseignements de la crise pour Radio France", explique Sibyle Veil, se félicitant dans le même temps du travail accompli par ses équipes en cette période difficile.
La dirigeante prendra donc en compte l'évolution du contexte dans son plan. "Sur le volet social, nous avons à ajuster notre approche à un contexte qui n'est plus le même. À l'évidence, le nombre de personnes prêtes à opter pour un départ volontaire pour projet professionnel devrait être moins important du fait de la crise économique et, à l'inverse, la crise a pu accélérer des désirs de départ en retraite. Ce sont ces nouveaux équilibres que nous voulons travailler avec les partenaires sociaux", analyse-t-elle. Et d'afficher sa volonté de mettre l'accent sur la situation des salariés non permanents de Radio France et de plancher sur "une nouvelle organisation du travail à distance".
Concernant les finances des sept stations de radio et des quatre formations musicales que compte Radio France, le groupe pourra compter sur le soutien de l'Etat pour les coûts supplémentaires liés à la crise. "Radio France n'a pas eu recours au chômage partiel et a donc supporté seule les dépenses supplémentaires et les baisses significatives de recettes publicitaires et de billetterie", souligne Sibyle Veil. Selon elle, le surcoût pourrait représenter "près de l'équivalent de la baisse de notre redevance", soit une vingtaine de millions d'euros. Mais l'Etat n'exigera pas de Radio France de présenter des comptes à l'équilibre en 2020, assure la dirigeante.