Près d'un mois après le refus du CSA de basculer LCI sur la TNT gratuite, le mystère reste entier quant à l'avenir de la chaîne d'informations du groupe TF1 et de ses salariés. Dans un texte publié dans le journal interne révélé par Challenges, le patron de la Une déplore une nouvelle fois le choix fait par les Sages du Conseil. "Le CSA aurait pu n'autoriser que LCI à passer en clair, sachant qu'elle est la seule chaîne menacée de fermeture (...) L'arrivée de LCI sur la TNT gratuite n'aurait eu aucune conséquence dommageable sur le marché de la télévision", martèle-t-il, comme il l'avait déjà fait lors de son audition devant le régulateur.
A quatre mois de l'échéance, Nonce Paolini va-t-il fermer LCI, comme il l'avait annoncé il y a quelques semaines et confirmé au 20 heures de TF1 fin juillet ? A partir du 1er janvier 2015, LCI n'aura plus de modèle économique viable. Les maigres recettes publicitaires ne compenseront pas la perte de la redevance versée jusqu'alors par les distributeurs comme Canalsat. Que faire ? Continuer à financer une chaîne qui perd de plus en plus d'argent ou imaginer un plan de relance afin, dans quelques mois, de reproposer la candidature de LCI à la TNT gratuite comme le CSA encourage TF1 à le faire ?
Pour que LCI puisse un jour basculer sur la TNT gratuite, les conditions économiques, disent les Sages, doivent être plus favorables. Mais tous les indicateurs de l'économie française sont au rouge aujourd'hui et les observateurs sont pessimistes quant à la reprise à court terme du marché publicitaire. Autre option, vendre la chaîne. Plusieurs groupes dont Le Monde et Le Télégramme se sont manifestés pour le rachat. La première offre a été "opportunément présentée 4 jours avant la décision du CSA", fustige une nouvelle fois Nonce Paolini dans son texte. Mais comment vendre une marque forte à un groupe qui pourrait, dans quelques mois ou années, obtenir son passage sur la TNT gratuite ? L'échec serait double pour le patron de la Une. Les discussions avec ces candidats au rachat devraient probablement démarrer à la rentrée.
Si elles n'aboutissent pas, un rapprochement de LCI avec une autre chaîne d'informations, i-TELE ou BFMTV, n'est pas à exclure. Mais aucune proposition n'a pour l'instant été transmise à TF1. Alain Weill, patron du groupe NextradioTV propriétaire de BFMTV, répète qu'il n'est pas vendeur. A moins qu'une offre ne le fasse changer d'avis... Mais un éventuel rapprochement entre LCI et une des chaînes infos serait soumis à une approbation des autorités de la concurrence. L'argument du "pluralisme" avancé par les cadres de la Une ne tiendrait plus : le marché et les Français ne gagneraient pas une chaîne supplémentaire. En attendant, Nonce Paolini, qui assure comprendre "l'inquiétude" de ses salariés, assure étudier "les voies de recours juridiques possibles, les évolutions potentielles du modèle de LCI, les propositions – si elles sont sérieuses – de ceux qui ont fait à la presse des déclarations tonitruantes ou celle qui nous obligerait à envisager la fermeture de la chaîne".