Riss sort du silence. Depuis la fusillade du 7 janvier, le dessinateur de "Charlie Hebdo" était hospitalisé. Malgré sa blessure à l'épaule, il a tenu à participer au "numéro des survivants", tiré à 7 millions d'exemplaires. "Dessinateur à Charlie Hebdo, c'est 25 ans de boulot, terroriste, c'est 25 secondes de boulot - Terroriste, un métier de feignant et de branleur", a-t-il griffonné de la main gauche, alors qu'il est droitier.
Celui qui jusqu'ici co-dirigeait avec Charb la rédaction de "Charlie" raconte à son tour l'attaque qui a coûté la vie à douze personnes dans les locaux du journal. Laurent Sourisseau, son vrai nom, explique qu'il est en vie car il s'est jeté à terre.
"La porte s'est ouverte, un type en noir a surgi avec une mitraillette. Il s'est retrouvé nez à nez avec Charb. Et là, j'ai vu que les autres autour de moi essayaient de regarder à droite et à gauche, peut-être pour trouver une porte de sortie. Ils étaient debout. Moi, je me suis jeté par terre, face contre terre. Et à partir de ce moment-là je n'ai plus entendu que des sons. Et les sons en question, c'étaient des coups de feu. Pas de cris, pas de hurlements. Juste des coups de feu", se souvient-il dans une interview au Monde. Le dessinateur décrit ses vives angoisses qui ont suivi le drame. Il explique avoir pensé "que les tueurs viennent à l'hôpital m'achever".
Mais aujourd'hui Riss va reprendre les commande du journal. Il se "prêt". "Il faut refaire des binômes. Je vais travailler avec Gérard Biard", ajoute-t-il. L'objectif est de relancer le journal qui reviendra dans les kiosques "dans les semaines à venir". Selon lui, les évènements imposent au journal de se "réinventer". "Moi-même, je ne sais pas si, une fois sorti de l'hôpital, j'arriverai à le faire. On va essayer, en tout cas (...) Il faut transformer cette épreuve en quelque chose de créatif. Ce n'est pas évident", déclare-t-il.
Incapable à ce jour de quantifier le montant des aides reçues, une seule certitude : "Charlie Hebdo" continuera son "combat pour la laïcité". "On a le droit de dire 'Je ne suis pas Charlie'. La question est de le dire pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Si c'est pour défendre des terroristes, là j'ai du mal... Après, on est en démocratie. Tout le monde n'est pas obligé d'aimer Charlie", conclut-il.