Thomas Dubois (Amazon Prime Video) : "'Popstars' a tous les codes d'une série de plateforme"

Un catalogue de plateforme télé-compatible. Amazon Prime Video a dévoilé, lundi 19 juin au Pavillon royal à Paris, son line-up de films, séries et programmes de flux pour la saison 2023-2024. En fin de conférence de presse, puremedias.com a échangé avec Thomas Dubois, directeur des productions originales en France de la plateforme, dont on ignore malheureusement encore cette année le nombre d'abonnés et l'audience réelle des programmes.

Propos recueillis par Ludovic Galtier

puremedias.com : Le retour de "Popstars" en 2024, une fiction inspirée de "Loft Story"... Pourquoi la télévision a-t-elle autant la côte dans votre catalogue de rentrée ?
Thomas Dubois : La télévision fait partie de la pop culture : "Popstars" et "Loft Story" ont changé le visage de la télévision et sont rentrés dans l'histoire de la pop culture. Relancer l'émission "Popstars" est une manière, pour nous, de la faire revivre. C'est une matière folle !

"Popstars" a déjà eu plusieurs vies sur les antennes du groupe M6 mais aussi sur D8. N'a-t-on pas fait le tour de la question ? Ne craignez-vous pas que cela soit un échec ?
Thomas Dubois : Non, sinon on ne l'aurait pas fait. Quand on revoit la saison 1 de "Popstars", qui est d'ailleurs disponible sur Youtube, on se rend compte que cette émission a tous les codes d'une série de plateforme. C'était hyper avant-gardiste sur la narration, c'est-à-dire que c'était vraiment construit comme une fiction avec des héroïnes ultra mises en avant (les L5, ndlr) sur une trajectoire de vie folle. C'est donc un format, qui à l'époque, aurait pu être diffusé sur une plateforme.

Qu'est-ce qui va changer dans cette nouvelle formule ?
Thomas Dubois : La question est de savoir quels sont les messages que nous avons envie de faire passer : on a dégenré l'idée du groupe. L'idée, c'est d'être ouvert. Raconter l'histoire d'un talent maintenant, ce n'est pas la même chose que de raconter l'histoire d'un talent en 2000. Il y a les réseaux sociaux qui changent la donne et donnent lieu à un certain nombre de questions : comment on se prépare à ça ? Ce n'est plus du tout la même chose que ce que c'était il y a 20 ans. On est clairement excités. On ne l'aurait pas fait si on ne pouvait pas proposer quelque chose de moderne. Je pense que cela passera aussi beaucoup par l'incarnation avec l'envie d'avoir un jury ancré dans l'air du temps.

Pouvez-vous nous révéler le nom des membres du jury ?
Thomas Dubois : Non mais on est pas mal avancés sur un jury d'artistes de la scène musicale française.

Dans un registre plus sombre, "Ourika", proposé par Booba, traitera des émeutes de 2005. Comment le rappeur s'est-il retrouvé parmi vos têtes d'affiche ?
Thomas Dubois : C'est lui qui a initié cette série. Il en est le directeur artistique. Il y a toute une équipe d'auteurs derrière, de réalisateurs bien entendu et le fait qu'il joue dedans est venue naturellement.

D'autres projets avec lui pourraient émerger ?
C'est à lui de le dire.

Côté films, toujours, "Medellin" de Franck Gastambide a été, plusieurs jours ce mois-ci, le contenu de Prime Video le plus consommé dans le monde... S'agit-il d'un record pour un contenu français ?
Thomas Dubois : Oui, avant lui, on avait déjà eu un film d'Olivier Marschal, "Overdose", qui avait très bien voyagé.

Comment explique-t-on le succès des films d'action français sur les plateformes ?
Thomas Dubois : Je pense qu'il y a un savoir-faire français, on sait aller sur des films ambitieux. Pourquoi est-ce que cela fonctionne ? Déjà parce que l'on délivre avec une qualité non négligeable. C'est un genre, l'action, qui fait partie de ceux qui voyagent le mieux. Quand on allie le savoir-faire français au fait que l'action est un genre dont les consommateurs, dans le monde, sont friands, c'est la rencontre de deux opportunités. Après, à nous de faire les bons choix et de proposer des titres qui font l'événement. C'était intéressant de travailler avec Franck Gastambide pour avoir Mike Tyson par exemple qui amène une autre dimension au film même si Franck a écrit son script sans se dire qu'il lui fallait vraiment un talent international.

Comprenez-vous la polémique autour de "LOL : Qui rit, sort !" ?
Thomas Dubois : Ce que je comprends, c'est que "LOL : Qui rit, sort !" est une émission de divertissement, qui fait du bien aux gens et qui offre à des artistes l'opportunité de venir se révéler sous un jour sous lequel on n'a pas l'habitude de les voir. Est-ce que l'on avait déjà vu Leïla Bekhti, Adèle Exarchopoulos, Virginie Éfira dans un exercice comme celui-là, non ! Elles y ont pris du plaisir, les gens l'ont ressenti ! Cela a été un succès ! La polémique, j'ai envie de dire, est la rançon du succès.

Jonathan Cohen, qui a justement fait une entrée remarquée sur Amazon Prime Video avec "LOL : Qui rit, sort !", est de nouveau à l'affiche à la rentrée avec "Sentinelle", un film qu'il produit. Canal+, dont il est très proche, n'a pas mis de holà ?
Il faut leur demander. Nous, on s'entend bien avec tout le monde...

Le nombre de projets Amazon Prime Video diffusés à la télévision devrait augmenter avec le récent accord conclu avec TF1, c'est l'idée ?
C'est l'idée ! Et pas que TF1, sur tous les groupes de télévision. Il se trouve que le groupe TF1 a apporté une première pierre à l'édifice mais nous discutons avec tout le monde. Nous sommes complémentaires dans ce que nous proposons. Nous sommes sur des médiums différents. Il n'y a que des synergies à trouver. Moi je viens de TF1. J'ai connu la chaîne de télé et je connais maintenant la plateforme. Seul le mode de diffusion change.