Le métier se dégrade, pour le visage de France Télévisions. Ce jeudi, Thomas Sotto, qui sera à la co-animation de "Télématin" à la rentrée prochaine sur France 2, a accordé un entretien au "Point" afin de dresser un bilan sur l'état du journalisme en France, évoquant sa responsabilité dans la méfiance entre les Français et les médias.
"Si les médias ont couvert maladroitement les élections régionales, c'est que nous sommes pris dans un phénomène de buzz permanent. Il suffit de voir ces sites internet qui appâtent les lecteurs avec des titres accrocheurs. Les médias ont tendance à faire du facile, de 'l'easy reading' qui ne coûte pas cher, mais s'avère dangereux", a estimé Thomas Sotto, expliquant que "les régionales sont un exemple de faute à ne pas reproduire" : "On s'est focalisé sur les cinq à six régions qui pouvaient basculer pour le Rassemblement national et on a oublié l'essentiel, l'abstention".
Le journaliste de "Vous avez la parole" s'est également attaqué à certaines chaînes d'informations - sans les citer - qui mettent en avant leurs éditorialistes, en dépit des reporters. "Je crains que le journalisme ne fasse les frais de mesures d'économies dans les médias. Qu'on arrête le reportage, car cela coûte cher. Qu'on ne fasse que des micros-trottoirs. Qu'on mette des gens autour d'une table et qu'on ne fasse plus de l'information, mais de l'éditorialisation", a poursuivi Thomas Sotto. Et de confier : "Ce n'est pas forcément désagréable à écouter. Mais ce n'est pas du journalisme. Il ne peut pas y avoir que des éditorialistes".
Il s'en est ensuite pris aux réseaux sociaux, "qui font beaucoup de mal à nos métiers". "On leur donne une importance disproportionnée. Il y a une phrase que je ne supporte plus d'entendre dans les rédactions, c'est 'ça monte sur les réseaux sociaux'", a lancé le présentateur, concédant que "c'est moins sexy" et "dans l'air du temps de hiérarchiser, d'être dans le doute et la nuance au lieu d'être radical sur tout" : "Pourtant, on a l'impression aujourd'hui qu'on doit être forcément 'pour' ou 'contre'".
"Les médias ne sont pas des réseaux sociaux. Aujourd'hui, le métier de journaliste est en danger. Il faut choisir son camp : l'information ou le buzz, l'offre ou la demande", s'est désolé Thomas Sotto, avant de cibler... "Le Point" qui l'interroge dans cette interview : "Pour parler du 'Point' : pourquoi faire un sondage sur la candidature présidentielle d'Eric Zemmour ? Il n'est pas candidat pour l'instant. Le magazine le fait, car ce sondage va faire parler de lui. Arrêtons l'excès. Il faut accepter de ne pas hurler avec la meute !".