Nouveau coup d'éclat pour le milliardaire atypique. Elon Musk, patron de Twitter depuis le mois d'octobre, a provoqué l'émoi parmi les journalistes américains en prenant la décision unilatérale jeudi 15 décembre dans la soirée de suspendre les comptes d'au moins huit professionnels de l'info ayant eu le tort d'écrire à son sujet. Parmi eux, Drew Harwell du "Washington Post", Ryan Mac du "New York Times" ou encore le journaliste politique indépendant Aaron Rupar.
Elon Musk a justifié sa décision dans un tweet ce même jeudi soir : "Me critiquer toute la journée est tout à fait acceptable, mais révéler ma position en temps réel et mettre ma famille en danger ne l'est pas". Avant de préciser que tout compte enfreignant cette règle s'exposait à une suspension d'une durée de 7 jours. "Les mêmes règles s'appliquent aux 'journalistes' comme à tout le monde", a-t-il ajouté. Déjà, mercredi, Elon Musk avait suspendu le compte Twitter qui suivait les déplacements de son jet privé et qui était animé par un étudiant.
Le "Washington Post" affirme de son côté qu'aucun de ses journalistes n'a partagé de données de localisation concernant Elon Musk, même si certains tweets contenaient un lien vers le site suivant à la trace l'avion de l'homme d'affaires. CNN a qualifié dans un communiqué la suspension de son journaliste de décision "impulsive et injustifiée". En France, le ministre délégué chargé de l'industrie, Roland Lescure, a annoncé suspendre son activité sur Twitter "jusqu'à nouvel ordre" pour protester contre le coup d'éclat d'Elon Musk.
L'origine précise du coup de sang du richissime patron ? Selon toute vraisemblance, il a mal vécu le fait qu'un de ses enfants ait été poursuivi en voiture par un inconnu qui était persuadé qu'Elon Musk se trouvait à l'intérieur. Le patron de Twitter a d'ailleurs lancé un appel à témoins en publiant une courte vidéo dans laquelle apparaît un homme cagoulé au volant de son auto.
Celui qui se voulait le chantre de la liberté d'expression avant sa prise de contrôle de Twitter a lancé un sondage pour demander aux internautes s'ils souhaitaient ou non la réintégration immédiate des journalistes suspendus. Ce sondage a obtenu 43% de réponses favorables. Mais Elon Musk a décidé de l'annuler sous prétexte qu'il comportait trop d'options, quatre pour être précis. Il a donc lancé dans la foulée un nouveau sondage, qui prendra fin dans la nuit de vendredi ou samedi, pour que les utilisateurs décident une réactivation immédiate ou dans sept jours. Mais si la première option venait à l'emporter, les journalistes américains auront déjà passé plus de 24 heures sans pouvoir s'exprimer sur le célèbre réseau social à l'oiseau bleu.