Xavier Niel, le messie ? Fin janvier dernier, le tribunal de commerce de Fort-de-France avait validé la liquidation du quotidien "France-Antilles", seul quotidien de Guadeloupe, Martinique et Guyane. Son actionnaire majoritaire AJR Productions, n'étant pas pas parvenu à boucler son plan de financement et à trouver à temps un repreneur, a dû stopper l'activité du journal, provoquant l'arrêt du travail pour les 235 salariés du quotidien.
Mais hier soir, le tribunal de commerce de Fort-de-France a finalement décidé de prolonger l'activité du journal afin de permettre, exceptionnellement, à Xavier Niel, patron de Free, de réaliser une offre de reprise d'ici le 10 mars. Celui qui est co-actionnaire du "Monde" et patron de "Nice-Matin" a rédigé il y a quelques jours une "lettre d'intention" à l'adresse du procureur de la République de Martinique, afin d'obtenir cette prolongation. Selon sa holding personnelle NJJ à l'AFP, l'homme d'affaire a manifesté "sa volonté de déposer dans les tous prochains jours une offre de reprise des actifs du groupe France-Antilles", pointant du doigt le "risque avéré de disparition de toute presse d'information locale indépendante aux Antilles".
Il s'agirait donc d'un coup de théâtre pour les 235 salariés qui attendaient encore leur lettre de licenciement après la liquidation annoncée le 30 janvier dernier par le tribunal de commerce. Ce qui signifie que l'ensemble du personnel appartient toujours au groupe, même s'ils ne travaillent plus actuellement, "France-Antilles" n'étant plus paru depuis le 1er février dernier. "Il y a plein de contrats qui ont été suspendus, des commandes qui ont été arrêtées, il n'y a plus de papier. Donc, on va être payés avec l'argent qui reste dans la trésorerie", a déclaré Rodolphe Lamy, représentant des salariés de Martinique. Par ailleurs, avec l'argent restant dans la trésorerie, les salariés pourront être rémunérés jusqu'au 10 mars, date limite pour l'offre de reprise de Xavier Niel.
De son côté, le patron de Free aura fort à faire pour préserver le journal et un maximum de salariés. La holding NJJ a d'ailleurs proposé "la reprise d'un nombre significatif de salariés et d'un maintien de l'activité papier". Mais Xavier Niel devra également se pencher sur le patrimoine immobilier de "France-Antilles". Les locaux du journal sont actuellement au sein des bâtiments de l'actuel propriétaire du groupe, AJR Productions. Si "France-Antilles" a un repreneur, celui-ci devra soit déménager les bureaux et les imprimeries - une opération avoisinant le million d'euros selon l'AFP -, soit payer un loyer à AJR pour occuper les locaux.