Le régulateur réagit. Dans une décision prise en Assemblée plénière le 3 avril et publiée le 30 avril, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) a décidé de mettre en demeure BFMTV après la présentation inexacte de propos tenus par l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin.
Rappel des faits. Le dimanche 26 novembre 2023, dans "120 minutes" sur BFMTV, Ronald Guintrange avait reçu le président du Crif Yonathan Arfi pour évoquer la libération par le Hamas de 17 otages, 14 Israéliens et 3 Thaïlandais. Dans cet échange, le présentateur avait soumis à son invité des propos attribués à Dominique de Villepin, lorsqu'il avait participé à "Quotidien" le jeudi 23 novembre sur TMC.
"Voici ce qu'il déclarait", avait cité Ronald Guintrange. "Au départ, il parle des États-Unis. Il dénonce la domination de la finance juive sur les sociétés occidentales. Cette domination, dit-il, empêche les gens d'exprimer leur soutien aux Palestiniens victimes d'un effroyable nettoyage ethnique en direct. Il commente la situation américaine et il dit que c'est la même chose en France", avait sur-interprété le journaliste.
Problème : jamais, lors de sa réponse à une question de Yann Barthès sur l'hésitation des artistes à prendre la parole sur le conflit au Proche-Orient, l'ancien locataire de Matignon n'avait fait de lien entre la "domination de la finance" et la religion juive. La phrase prononcée par Dominique de Villepin, mise en exergue à l'écran par BFMTV, ne faisait d'ailleurs aucune référence à la religion juive.
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Quelques jours plus tard, le mardi 28 novembre 2023, dans un communiqué sur son site, BFMTV avait présenté ses excuses aux téléspectateurs, reconnaissant "une formulation inexacte et malheureuse utilisée concernant des propos de Dominique de Villepin". "La vigilance de chaque instant est le gage de la confiance entre la chaîne et son public", avait ajouté la chaîne d'info.
Ainsi, près de cinq mois après la séquence, saisie, l'Arcom a relevé que "les propos tenus par le présentateur et son invité, ainsi que le bandeau les accompagnant, traduisaient une présentation factuellement inexacte des propos réellement tenus par l'ancien Premier ministre". "En conséquence, l'Autorité a mis en demeure l'éditeur du service de respecter l'exigence d'honnêteté et de rigueur de l'information", a précisé le gendarme de l'audiovisuel.