"Star Wars" par le prisme de la philosophie. Dans sa chronique matinale sur Europe 1 aujourd'hui, Raphaël Enthoven s'est penché sur le concept de la méchanceté, en s'appuyant sur la célèbre saga. Le 8e volet, sorti hier et qui a signé le meilleur démarrage de l'année, s'intitule "Les Derniers Jedi", "or face aux Jedi, se trouvent les Sith, qui ont choisi le côté obscur de la force...", a lancé Patrick Cohen pour introduire le propos du philosophe.
"Choisi, choisi, c'est vous qui le dites ! L'ont-ils vraiment choisi ou ont-ils été attirés par lui ?", s'est demandé Raphaël Enthoven. "Les Sith sont-ils responsables du 'choix' qu'ils font ou sont-ils les victimes d'une tentation dont on n'a pas su les préserver ? Est-ce librement qu'ils ont vendu leur âme ou ont-ils été vaincus et soumis par le diable tentateur ?", a-t-il poursuivi.
"Et c'est là qu'on retrouve le sujet sensible, sensible pour vous surtout, les paroles du 'Notre Père', 'ne nous laisse pas entrer en tentation'...", l'a relancé Patrick Cohen, en faisant référence à une de ses précédentes chroniques qui avait suscité la polémique, lorsqu'il avait jugé la prière du 'Notre Père' islamophobe avant de s'excuser deux jours plus tard. "Du 'Notre Père' et pas seulement ! Le basculement vers le côté obscur de la force concentre une alternative qui traverse toute l'histoire de la métaphysique : l'homme est-il responsable du mal qu'il choisit ou est-il innocent du choix qu'il est contraint de faire ?".
Et le philosophe de prendre l'exemple d'Anakin Skywalker, personnage clé de "Star Wars". "On peut dire raisonnablement qu'il tourne mal en devenant Dark Vador. Anakin est un gentil garçon, élevé comme esclave d'un ferrailleur, qui doit à son talent d'être un jour affranchi", a rappelé Raphaël Enthoven. "Seulement, en quittant la planète servile, il quitte aussi sa mère, qui lui manque, naturellement, et qu'il ne retrouve que pour la voir agoniser dans ses bras", a-t-il poursuivi, s'interrogeant ensuite sur la colère du jeune homme, qui décide finalement de rejoindre les Sith.
"On pourrait dire que non, que ce n'est pas de sa faute...", a estimé Patrick Cohen. Ce qu'a fait mine d'approuver son chroniqueur, avant de tenter de prouver le contraire. "On aurait tort. Parce qu'Anakin n'est pas responsable des malheurs qu'il a connus bien sûr, mais il l'est du caractère craintif, protecteur, violent... que ses malheurs ont forgé", a estimé Raphaël Enthoven. Selon lui, la nuance est très subtile. "Son passé n'est pas son choix, mais ses choix ne se résument pas à son passé. Anakin n'est pas responsable de ce qu'il est, mais il l'est de ce qu'il fait", a-t-il jugé. "C'est le choix préalable du côté obscur qui le porte à invoquer la peur de perdre les siens ou le souci bidon de protéger les institutions, pour justifier l'allégeance au seigneur noir des Sith", a-t-il conclu, avant de livrer son fin mot de l'info : "Un homme est responsable de sa propre méchanceté". puremedias.com vous propose de revoir cette chronique.