Décidément, Patrick Drahi a donné un joli coup de pied dans le petit milieu du football ! La semaine dernière, le groupe Altice, la maison mère de SFR/Numéricable, a chipé à Canal+ les droits de la Premier League. La perte du très prisé championnat anglais de football est un gros coup dur pour la chaîne cryptée de Vincent Bolloré. Alors que son nombre d'abonnés en France s'écroule depuis l'arrivée de beIN Sports en 2012, Canal+ voit un de ses contenus prestigieux partir chez un nouveau - et riche - concurrent !
Le fournisseur d'accès à internet, qui ne proposait jusqu'ici quasiment pas de retransmission sportive, à part le championnat de France de basket et le championnat de foot brésilien, obtient ainsi un droit attractif pour Ma Chaîne Sport et pour dynamiser son bouquet payant. Patrick Drahi, que ni Canal+ ni la Ligue de Football Professionnel n'ont vu arriver, relance surtout les appétits de toutes les fédérations de France et de Navarre.
Interrogé lundi sur L'Equipe 21, Waldemar Kita, le président et propriétaire du FC Nantes, n'a pas caché sa colère. Ce roi de la provoc' a demandé que soient renégociés d'urgence les droits télé de la Ligue 1. Selon lui, le championnat de France est sous-valorisé. "Je crois qu'entre gens intelligents on peut se mettre autour d'une table avec beIN et Canal+ et trouver une solution", a-t-il lancé en précisant que sa sortie était une initiative personnelle et n'engageait pas les autres clubs de Ligue 1.
"On n'aurait pas dû négocier les droits de la télévision avant la Coupe du monde. Si je me base sur le prix du championnat anglais, on devrait avoir 50% de leur valeur, donc au moins 1,5 milliard d'euros par saison et encore je suis gentil", a lancé le président de l'équipe actuellement à la dixième place du championnat de France. Pour rappel, sur la période 2016/2020, les droits de la Ligue 1 et la Ligue 2 se sont adjugés pour 748,5 millions d'euros par an.
S'il est évident que le contrat signé en 2014 ne peut pas être renégocié avant son terme, la sortie de Waldemar Kita montre la déception de certains clubs face au précédent appel d'offres de la Ligue 1. En 2014, la LFP s'était agacée d'une addition plus faible que prévue. La guerre entre beIN Sports et Canal+ ne lui a pas permis d'obtenir plus de 750 millions, ce qu'elle espérait.
Certains dirigeants du foot français n'hésitent pas à émettre des doutes sur l'équité de l'appel d'offres, sous-entendant que les deux chaînes auraient pu s'accorder pour limiter l'inflation des droits afin de sauver le modèle économique de Canal, premier financeur du cinéma français. Une faille dont Patrick Drahi a habillement profité pour la Premier League. Si le contrat 2016/2020 ne peut pas être remis en cause, les clubs attendent 2018 et se réjouissent de l'arrivée de Patrick Drahi dans le match des droits sportifs.