Un voyage très secret. Ce mardi 31 décembre, Carlos Ghosn a confirmé dans un communiqué se trouver au Liban, après avoir secrètement quitté ce week-end le Japon, où il devait être jugé en 2020. L'information avait été révélée par le quotidien "Les Echos" dès hier. "Je suis à présent au Liban. Je ne suis plus l'otage d'un système judiciaire japonais partial où prévaut la présomption de culpabilité", a écrit l'ex-patron de l'alliance Renault-Nissan. Et de préciser : "Je n'ai pas fui la justice, je me suis libéré de l'injustice et de la persécution politique".
Disposant de la nationalité libanaise, Carlos Ghosn est selon "Les Echos" arrivé dans la nuit de dimanche à lundi à Beyrouth, après avoir quitté le Japon sous une fausse identité. L'homme d'affaires vivait jusque-là à Tokyo, sous un régime de libération sous caution, et dans une villa située près de l'ambassade de France. L'avocat japonais de Carlos Ghosn s'est pour sa part dit "abasourdi" par la nouvelle du départ de son client, qu'il a déclaré avoir découvert "par la télévision".
Arrêté à sa descente d'avion au Japon le 19 novembre 2018, l'ex-patron vedette de l'alliance Renault-Nissan est visé dans ce pays par quatre inculpations pour des malversations financières présumées. Après 130 jours en prison, Carlos Ghosn avait été libéré sous caution en avril dernier, mais sous de strictes conditions. Il lui était notamment interdit de voir ou contacter sa femme Carole. Mi-novembre, il avait pu lui parler à distance, par vidéoconférence pour la première fois depuis près de huit mois. Rejetant les accusations dont il est la cible et se disant victime d'un complot, Carlos Ghosn a vivement dénoncé à plusieurs reprises le traitement qui lui a été infligé par la justice japonaise depuis le début de l'affaire.
L'ex-homme fort de l'automobile français entend désormais porter l'affaire sur le terrain médiatique. "Je peux enfin communiquer librement avec les médias, ce que je ferai dès la semaine prochaine", écrit-il ainsi dans son communiqué publié aujourd'hui, alors que "Les Echos" annonce la tenue d'une grande conférence de presse durant laquelle Carlos Ghosn devrait donner sa version des faits.
En avril dernier justement, le patron déchu avait déjà annoncé la tenue d'une grande conférence de presse sur Twitter, avant d'être réincarcéré par les autorités japonaises. Juste avant son arrestation, le 4 avril, il avait eu le temps d'accorder via Skype une interview à François-Xavier Ménage, journaliste pour TF1. Désormais réfugié au Liban, il devrait cette fois pouvoir s'exprimer plus longuement devant les médias. A moins d'un nouveau coup de théâtre dans cette affaire déjà hors-norme.