Personnalités
Guy Lagache : "On ne fait jamais de 'télé-pimpon' !"
Publié le 29 avril 2015 à 15:26
Par Benjamin Meffre
puremedias.com a posé quelques questions au directeur des magazines et de l'information de D8 à l'occasion de la diffusion ce soir d'un documentaire inédit sur "les derniers secrets des nazis".
Guy Lagache Guy Lagache© MAXIME BRUNO
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Soirée histoire sur D8. La chaîne du groupe Canal+ programme ce soir un quatrième volet de sa collection documentaire "Histoire interdite" intitulé "Seconde guerre mondiale : les derniers secrets des nazis". Après ceux diffusés sur le Débarquement, la Libération de la France ou encore Hitler mercredi dernier, ce quatrième film confirme un peu plus le choix de D8 de miser sur l'Histoire, une thématique habituellement réservée aux chaînes historiques. Un moyen pour D8 d'affirmer sa différence par rapport aux autres chaînes de la TNT. Un pari osé aussi, que le présentateur de la soirée, Guy Lagache, également directeur de l'information et des magazines de D8, a accepté de décrypter pour puremedias.com.

Propos recueillis par Benjamin Meffre.

puremedias.com : Quelle est l'originalité de votre documentaire par rapport à tous ceux déjà produits sur la Seconde guerre mondiale ?
Guy Lagache : Celle de la mécanique que nous avons choisie. Nous ne faisons pas un documentaire historique à proprement parler mais une enquête sur l'Histoire. Nous questionnons un fait historique. Pour le film de ce soir par exemple, nous sommes partis d'un fait : entre janvier et avril-mai 1945, les Alliés libèrent les camps de la mort. Ils découvrent alors l'impensable, l'inimaginable, l'horreur commise par les nazis. A l'époque, les images tournées dans ces camps ont été un choc, un tsunami absolu pour les opinions publiques mondiales.

Nous nous sommes demandés ce qu'il en était pour les gouvernements alliés, pour Roosevelt, Churchill et même De Gaulle. Découvrent-ils eux aussi les camps de la mort à ce moment-là ? S'il ne les découvrent pas, quand, par qui et de quelle façon ont-ils été informés de leur existence ? Qu'ont-ils fait ou pas fait et pour quelles raisons ? C'est à travers ce genre de questions très simples qu'on essaye d'aborder l'histoire comtemporaine sous forme d'enquête. Cette démarche nous permet ainsi de raconter l'histoire de personnages de l'ombre qui vont faire preuve d'un courage hallucinant pour tenter d'alerter le monde entier et d'empêcher le plus grand crime contre l'humanité.

Qu'est-ce que ces méthodes d'investigation appliquées à l'Histoire apportent selon vous ?
Plusieurs choses. Cela permet tout d'abord de rapprocher le citoyen de l'Histoire, de rendre les choses plus concrètes. Deuxième vertu de cette démarche, cela permet parfois de mettre en exergue un fait oublié ou méconnu. Peu de gens savent par exemple qu'un homme a voulu se faire arrêter volontairement par la police allemande afin d'être interné à Auschwitz et ainsi témoigner de ce qui se passait là-bas. Nous montrons par exemple son parcours incroyable dans le film de ce soir (voir la vidéo plus bas, ndlr).

"Tout le monde est désormais TNT pour les téléspectateurs"

C'est le quatrième documentaire de cette collection. Vous-êtes vous fixé un objectif d'audience ?
On veut toujours en faire le plus possible. De ce point de vue-là, le numéro sur le Débarquement a été très, très encourageant. On s'est aperçu avec lui que le public séduit était relativement jeune par rapport à celui qui regarde habituellement les documentaires historiques sur les autres chaînes. Cela nous a confortés dans l'idée que l'approche adoptée permettait de toucher des gens qui ne sont pas, a priori, friands de ce genre de programmes.

Quel est l'objectif de D8 en diffusant ces documentaires ?
C'est d'asseoir encore plus fortement sa ligne éditoriale en matière de magazines d'information. Nous voulons renforcer notre politique de magazines et d'information avec toujours cette volonté d'être didactique, d'expliquer, de mettre en perspective.

N'est-ce pas aussi une manière de se démarquer des autres chaînes de la TNT qui vont peu sur cette thématique ?
Vous savez, tout le monde est désormais TNT pour les téléspectateurs. On est beaucoup moins dans un système de chaînes à deux vitesses selon moi. Chez D8, nous avons des ambitions qui ne sont ni plus ni moins fortes que d'autres chaînes tout comme nous ne sommes ni plus ni moins légitimes qu'une autre chaîne pour proposer de l'information, fût-elle plus ancienne que nous.

Les débords de "TPMP" sur le JT : "C'est la vie !"

"Touche pas à mon poste" déborde parfois sur le JT d'Adrienne de Malleray qui n'est déjà pas très long. Est-ce que ça agace le patron de l'information que vous êtes ?
C'est arrivé quelques fois. C'est extrêmement rare ! Quand il y a des débords, il y a des débords. C'est la vie, ça arrive partout ! La réalité, c'est que ce JT s'installe. Pendant une dizaine de minutes tous les soirs, on propose de creuser trois à quatre sujets sur trois à quatre minutes. On a, là encore, fait le choix d'être didactique. Et nous sommes contents. On voit que les audiences évoluent favorablement. C'est très satisfaisant.

Est-ce que l'information reste un pilier de D8 ?
Oui, évidemment. C'est un élément important de l'ADN de la chaîne. Les magazines d'information sont des éléments importants de la chaîne tout comme le divertissement. Après, c'est une politique globale. Pour raconter le monde dans lequel nous vivons sur une chaîne née en 2012, nous devons forcément nous différencier des chaînes plus anciennes. Avec Ara Aprikian (le patron de la chaîne, ndlr) et Xavier Gandon (son adjoint, ndlr), nous réfléchissons à la façon de proposer une lecture de l'information qui est la nôtre.

"On ne fait jamais de 'télé-pimpon' !"

"En quête d'actualité", que vous présentez, a été transféré le vendredi après avoir été longtemps programmé le mercredi. Regrettez-vous ce changement de case ?
Avec ce changement de case, il y avait la volonté de voir comment le public pouvait réagir le vendredi. Sans être un échec, l'expérience n'a pas été totalement concluante. On va donc sans doute revenir le mercredi. Cela semble plus cohérent.

Les sujets montrés dans "En quête d'actualité" sont très divers, de la consommation à la politique en passant par la police. N'avez-vous pas peur du grand écart ?
Non ! Pas la police ! Il y a eu un sujet sur la police, un seul, sur la police scientifique dans les premiers mois de diffusion mais on ne fait jamais de "télé-pimpon" !

C'est quelque chose d'important pour vous ?
C'est même très, très important pour moi. On peut critiquer l'émission, ne pas l'aimer, mais la police ne fait pas partie de la ligne éditoriale de "En quête d'actualité". Il peut y avoir une séquence où on a besoin d'évoquer la problématique de la justice ou de la police mais nous ne sommes pas dans un magazine d'action ou de divertissement. On est dans un magazine d'information traitant de la mondialisation, de politique, de phénomènes de société...etc

Que devient le magazine "Au coeur de l'enquête", absent depuis un moment de la grille de D8 ?
"Au coeur de l'enquête" traite pour le coup de la police mais avec un angle intéressant : celui de montrer comment les policiers travaillent de A à Z sur une enquête. On programme ce magazine sous forme de collections plutôt que de manière récurrente. Cela devrait revenir bientôt.

"On ne s'interdit rien"

Comptez-vous lancer d'autres marques de magazines dans les mois à venir ?
Oui. On travaille notamment sur un projet en ce moment. Comme pour nos autres magazines, l'objectif est de proposer un point de vue différent à une époque où il y a pléthore de magazines et de chaînes.

Le magazine patrimonial "So France" va-t-il revenir à l'antenne ?
Pourquoi pas ? Pour l'instant, on l'a mis en stand-by. J'aime bien cette émission mais la difficulté est de savoir comment se singulariser davantage pour qu'elle plaise plus au public. C'est ça la problématique. Elle pourrait, et je l'espère, revenir. Mais pour l'instant, on n'en est pas là.

Honnêtement, c'est quand même peu probable ?
Ca dépend. Si on a une bonne idée pour la singulariser... Le patrimoine, surtout français, est un champ de découvertes incroyable.

Est-ce une thématique que vous aimeriez davantage explorer ?
Je ne l'exclus pas. On ne s'interdit rien.

Avez-vous d'autres thématiques en tête pour de futures magazines ?
Toutes. Encore une fois, on ne s'interdit rien.


"Seconde Guerre mondiale, les derniers secrets des nazis" ce soir à 20h50 sur D8 :

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