L'été dernier, Vincent Bolloré atomisait l'état-major de Canal+. En quelques semaines, Rodolphe Belmer, Bertrand Méheut, Ara Aprikian, Céline Pigalle et Cécilia Ragueneau, Thierry Thuillier mais aussi Sophie Guieysse, la DRH, Delphine d'Amarzit, la secrétaire générale, ou Nathalie Coste-Cerdan, la patronne du cinéma et le producteur Renaud le Van Kim, ont été priés de quitter leur poste.
Après une saison plombée par des audiences en berne et une stratégie aussi cryptée que le porno du samedi soir, ce sont désormais les stars de l'antenne qui se font la malle. Depuis un mois, cinq animateurs stars de la chaîne et de ses petites soeurs ont annoncé leur départ. Et ce n'est pas fini... Une preuve de plus de l'immense crise traversée par la chaîne depuis sa reprise en main musclée par le milliardaire breton.
Il est né à Canal+ mais il poursuivra sa vie d'adulte à TF1 ! Yann Barthès a tout fait dans la chaîne cryptée où il est entré comme stagiaire en 1998 avant de faire de la programmation, puis de débarquer à l'antenne en 2004 comme chroniqueur du "Grand Journal" de Michel Denisot et de prendre son envol en solo en 2011, avec son "Petit Journal" qui a grandi au point de devenir l'émission de la chaîne qui fait le plus d'audience...
Face aux menaces de disparition des tranches en clair et à l'obligation d'adopter une "dérision acceptable" aux yeux du "canardeur de Plougastel", Yann Barthès a cédé aux avances de la Une. Le 23 juin, il quittera Canal après un ultime numéro du "LPJ". A la rentrée, on le retrouvera en quotidienne sur TMC et en hebdo sur TF1. Il emmène avec lui une partie de son équipe et surtout son producteur, Laurent Bon. Les deux hommes, qui dirigent ensemble la société Bangumi, ont perdu la production du "Supplément" qu'ils avaient lancé en 2012. A la rentrée, ils officieront aussi sur France Télévisions. Bref, on les verra partout, sauf à Canal+.
Elle est entrée à Canal en 2004, par la grande porte. Débauchée de La Cinquième, où elle a lancé "Les Maternelles" en 2001, Maïtena Biraben a tout fait à Canal : la tranche du midi ("Nous ne sommes pas des anges"), la matinale et même le magazine du dimanche ("Le Supplément").
L'été dernier, l'animatrice s'est démenée pour récupérer "Le Grand Journal" après la sèche mise à l'écart (déjà !) d'Antoine de Caunes. Les audiences ont plongé, les invités prestigieux sont allés voir ailleurs, la traditionnelle délocalisation à Cannes a été annulée... La saison a été un calvaire pour l'animatrice. Ce matin, Canal annonce qu'elle "a souhaité quitter" l'émission. Pourtant, Vincent Bolloré ne cessait de dire du bien de la star de sa chaîne, qu'il disait vouloir au "Grand Journal" jusqu'en 2022. Mais "quand il salue votre incroyable talent, c'est le baiser de la mort !", avait prévenu un ancien de la chaîne au magazine Capital.
Il ne fêtera pas ses 10 années d'ancienneté. Ali Baddou, pourtant en CDI avec la chaîne, va lui aussi faire ses valises de l'entreprise où il est entré en 2007. D'abord chroniqueur littéraire au "Grand Journal", Ali Baddou a remplacé Bruce Toussaint le midi. A la rentrée dernière, après quatre saisons aux commandes de "La Nouvelle Édition", il a repris les rênes du "Supplément".
Ali Baddou est un concentré de l'ancien Canal. Homme de lettres, cet agrégé de philosophie, ancien compagnon de Mazarine Pingeot, a été repéré à France Culture, après un passage au ministère de l'Éducation nationale, période Jack Lang. Un trop gros CV pour le nouveau Canal ?
Officiellement, c'est sa famille qui l'a convaincu. En rejoignant TF1 pour commenter les matchs des Bleus, Grégoire Margotton va arrêter de suivre la Ligue 1 et ses 3 matchs par week-end et pouvoir passer du temps avec les siens. Pour Grégoire Margotton, c'est un choix de vie : il était entré à Canal en 1992 et ne l'avait jamais quittée. Mais la féroce concurrence que beIN Sports livre à Canal depuis 2012 donne aux journalistes du service des sports des envies d'ailleurs. La fermeture de Sport+ et la valse des dirigeants du service ont achevé de convaincre Grégoire Margotton, juste après Thomas Thouroude. "TF1 est un endroit où les gens ont de nouveau envie de travailler. Il y a une spirale, une dynamique. LCI devait mourir et finalement elle est arrivée sur la TNT. La rédaction est pleine d'envie après avoir eu plein de questionnements. Je préfère arriver dans cette dynamique-là", nous a-t-il expliqué cette semaine. Vous savez lire entre les lignes ?
Quel avenir pour iTELE ? Vincent Bolloré a officiellement nié vouloir vendre sa chaîne info. Mais qui croit encore ses promesses ? Elle perd structurellement de l'argent, le passage en gratuit de LCI et l'arrivée de la chaîne d'info de France Télévisions en septembre ne vont pas arranger ses finances. Alors que la chaîne réduit drastiquement ses coûts, la vague de départs a démarré avec Bruce Toussaint qui quitte la matinale pour l'émission politique dominicale de France 5. D'autres devraient le suivre. Bruce Toussaint était une figure historique de l'antenne de Canal+, il y a travaillé de 1994 à 2011 avant d'y revenir en 2013.
Draguée en direct. Le 27 février dernier, Ophélie Meunier a tapé dans l'oeil de Nicolas De Tavernost, invité du "Tube" ce jour-là. Trois mois plus tard, celle qui est née dans "Le Petit Journal" (vous vous souvenez de la minute pop ?) arrive sur M6 en prime, le dimanche soir, pour animer "Zone interdite". Une promotion comme ça, cela ne se refuse pas ! Et Canal+ ne semble plus en mesure de retenir les talents qu'elle a vu éclore sur sa chaîne.
A suivre....