
"Les propos de la chroniqueuse Barbara Lefebvre tenus sur la chaîne i24 News n’engagent qu’elle-même et ne reflètent pas la ligne éditoriale de RMC où elle participe à l’émission 'Les grandes gueules'". Samedi 22 février, la radio dirigée par Karim Nedjari a pris la parole sur X après les propos de Barbara Lefebvre tenus deux jours plus tôt sur la chaîne d'information en continu internationale basée en Israël. "La direction de RMC rencontrera Barbara Lefebvre dans les prochains jours pour lui rappeler ses obligations", a ajouté la station, qui précise que la chaîne lancée en 2013 par Patrick Drahi "ne fait plus partie du groupe RMC BFM".
Invitée sur i24 News jeudi 20 février 2025, celle qui intervient dans "Les grandes gueules" depuis 2019 avait affirmé à propos du conflit opposant Israël au Hamas : "La plupart des (Israéliens) kidnappés ont été kidnappés par des civils. Les civils à Gaza sont autant responsables que les membres du Hamas et du djihad islamique. Tout cela devra, à un moment ou à un autre, être payé, et être payé au prix fort. Donc, effectivement, on ne peut que soutenir le plan Trump et décider, une bonne fois pour toute que la bande de Gaza doit devenir une zone vierge". La professeure d'histoire-géographie fait ici référence à l'annonce du président américain du 5 février dernier, qui disait vouloir prendre "le contrôle" de la bande de Gaza dévastée pour "aplanir la zone et se débarrasser des bâtiments détruits", afin de développer économiquement le territoire.
"Il faut que ces gens-là aillent vivre ailleurs, qu'une génération entière puisse aller se ressourcer mentalement dans d'autres univers, mais certainement pas à côté des Israéliens, à côté des Juifs, qu'ils veulent de toute façon éradiquer et exterminer. Ce temps est terminé, il faut récupérer tous les otages et quand ce sera fait, il faut vider la bande de Gaza", a conclu Barbara Lefebvre.

Des propos qui ont choqué. Dans un communiqué publié le 22 février sur X, la CGT RMC BFM - CMA Media a "exprimé sa profonde indignation" après ces déclarations qui "s'apparentent à une apologie de crime contre l'humanité". Elle avait appelé la direction de RMC, représentée par Karim Nedjari, le directeur général de la station, et Jean-Philippe Baille, directeur général de l'information du groupe, "à prendre ses responsabilités". "Des mesures exemplaires doivent être prises afin de préserver les valeurs de respect et d'humanité qui guident l'ensemble de nos programmes", avait ajouté l'organisation syndicale. Alban Azais, réalisateur d'émissions diffusées sur RMC et délégué syndical, a par ailleurs indiqué que le procureur de la République avait été saisi.
"On ne peut pas être tenus responsables de ces propos-là", se défend auprès de Puremédias la direction de RMC, qui évoque un "vide juridique sur le statut des consultant occasionnels, chroniqueurs et pigistes" qui ne sont pas salariés. Elle annonce réfléchir à la création d'une "charte de déontologie pour expliquer que, lorsqu'ils tiennent des discours en dehors des émissions de RMC, cela peut aussi porter préjudice à l'image de la station".

Et la CGT RMC BFM de rappeler le précédent Mehdi Ghezzar, exclu des "Grandes gueules" et de la radio, après avoir tenu des propos jugés "inacceptables" envers le Maroc à la télévision algérienne. Ce dernier a d'ailleurs retweeté la mise au point de RMC sur Barbara Lefebvre ajoutant : "Le fameux 2 poids 2 mesures". À ce sujet, la direction de la radio estime auprès de Puremédias qu'il s'agit là de "deux cas bien distincts". "C'est autre chose, il a pris des options politiques. Il a choisi un parcours politique. C'est son choix. On l'avait engagé comme concessionnaire auto".
Une explication confirmée à l'antenne ce lundi 24 février par Alain Marschall lorsqu'un auditeur se demandait pourquoi la main de la station "n'avait pas tremblé" pour sanctionner l'entrepreneur. "Si on a pris cette décision avec Olivier (de l'écarter, ndlr), c'est que Mehdi avançait masqué. Au moment où il tient ses propos, on découvre qu'il devient le porte-parole officiel de la campagne présidentielle du président Tebboune, voilà la différence".

La CGT RMC BFM concluait son communiqué par ces mots : "Un simple rappel de ses obligations et le maintien de Barbara Lefebvre à l'antenne conduira inévitablement nos auditeurs et téléspectateurs à penser que de tels propos sont acceptables dans le débat public et ne pourront que décrédibiliser 'Les grandes gueules' et entacher l'image de RMC". Ce lundi 24 février, la chroniqueuse était de retour sur le plateau de l'émission animée par Alain Marschall et Olivier Truchot. Un auditeur, se faisant appeler Louis, mais qui finalement a révélé sa véritable identité à l'antenne, à savoir Me Rachid Madid, avocat au barreau de Paris, a interpellé la chroniqueuse et la radio, se disant choqué par ses propos.
Cette dernière a assumé ses déclarations. "J'ai le droit de défendre le plan Trump !", a-t-elle martelé, avant de donner rendez-vous à cet auditeur devant les tribunaux puisqu'il l'accuse "d'apologie de crime contre l'humanité".

La direction de la station indique à Puremédias qu'elle rencontrera Barbara Lefebvre dans la semaine pour lui rappeler "que bien sûr, l'opinion est importante mais la forme l'est aussi". "Si vous tenez un discours Trumpiste, il faut faire très attention aux conséquences", poursuit la station. "Dans 'Les grandes gueules', qui fêtent leurs 20 ans cette année, la liberté de ton est importante, mais, comme tous les camps se radicalisent, il faut que nous proposions un espace d'échange apaisé", souligne encore la direction de RMC.
"Barbara Lefebvre a une ligne sur le conflit du Moyen-Orient qu'elle partage avec Donald Trump et d'autres, on ne peut pas lui demander de changer son opinion. En revanche, ce qu'on peut lui demander, c'est de se confronter avec nos auditeurs dans le respect de la loi. Il n'y qu'une ligne jaune, c'est ça. On peut penser que ses propos sont maladroits, ne pas être d'accord avec, mais dès que c'est à l'antenne il faut que ce soit cadré", conclut la station.