"Le Canard Enchaîné" ne compte pas lâcher sa proie. Après trois semaines de répit, l'hebdomadaire satirique publie ce matin une "note secrète" ministérielle qui accable l'actuel président de Radio France pour sa gestion... de l'INA. Ce rapport, qui n'avait jamais fuité dans les médias, date de quelques jours avant la publication de l'enquête de l'IGF blanchissant Mathieu Gallet pour les travaux de son bureau à la Maison Ronde. Conduit par Alain Simon, inspecteur à Bercy, ce nouveau rapport de huit pages révèle de nombreuses irrégularités dans la gestion des contrats signés lorsque Mathieu Gallet était à la tête de l'INA, entre 2010 et 2014.
L'INA est soumis, comme toutes les entreprises publiques, à l'ordonnance du 6 juin 2005 qui l'oblige à mettre en concurrence, avant la signature d'un contrat, plusieurs prestataires. Si la somme dépassse 207.000 euros, l'appel d'offres est obligatoire. Une règle dont se serait dispensé Mathieu Gallet à plusieurs reprises, comme lorsqu'il signe un contrat avec le groupe Publicis pour un montant de 365.000 euros ou encore avec Roland Berger Strategy Consultants pour 240.000 euros.
Les conclusions de l'enquête font également apparaître un saucissonage des contrats sur plusieurs années pour échapper à ces fameuses règles de marchés. Des contrats juteux qui auraient été passés avec des proches de Mathieu Gallet, comme Denis Pingaud. Le communiquant et collaborateur historique du président de Radio France aurait ainsi decroché entre 2010 et 2014 une dizaine d'études.
Ce n'est pas la première fois que Denis Pingaud est cité dans les affaires liées au président de Radio France. Il y a quelques semaines, ses honoraires de 90.000 euros par an pour des conseils en image à Radio France avaient déjà fait grincer des dents. Ils avaient d'ailleurs valu à Mathieu Gallet, alors en pleine gestion de la grève à la Maison Ronde, une convocation de la ministre de la Culture, Fleur Pellerin.
Les scandales se multiplient au sein de l'INA. La semaine dernière, Agnès Saal, la successeure de Mathieu Gallet, se faisait épingler pour des frais de taxis estimés à plus de 40.000 euros. Fleur Pellerin avait demandé sa démission immédiate. Pour l'heure, le ministère de la Culture, tutelle de l'INA et de Radio France, n'a pas réagi à ces nouvelles révélations du "Canard Enchaîné".