Ils ne devaient pas se croiser. Le protocole s'est cassé la tête jusqu'à la dernière minute pour que Barack Obama, président des Etats-Unis et Vladimir Poutine, son homologue Russe, ne s'échangent pas un seul regard pendant les cérémonies officielles du D-Day en Normandie. Même François Hollande avait dû, jeudi soir, dîner deux fois avec chacun d'entre eux. Finalement, l'histoire retiendra que la rencontre entre les deux hommes aura bien eu lieu. Mais loin des caméras et des journalistes, en toute discrétion. En marge du déjeuner des Chefs d'Etat, ils ont échangé officieusement pendant dix minutes sur la crise ukrainienne, affirment plusieurs sources qui ont assisté à l'entrevue.
Mais un homme, le réalisateur télé des cérémonies pour TF1 et France 2, voulait absolument rapprocher les deux hommes. Il a eu une idée de génie, celle de braquer une caméra sur chacun des présidents, puis proposer les images en split screen, soit dans deux cadres mais sur une même image. La projection de cette séquence dans les écrans géants en face les deux dirigeants allait peut-être susciter une réaction, espérait sans doute le réalisateur Jérôme Revon. Pari gagné, l'assemblée réagit bruyamment, ils se découvrent côte à côte sur la même image, se regardent et esquissent un sourire, très commenté depuis. Une image historique.
"Quel moment de télévision !, explique aujourd'hui Jérôme Revon à notre confrère Renaud Revel de L'Express. Je regrette seulement d'avoir insisté un peu trop longtemps sur ce plan : on voit à un moment donné qu'Obama s'en agace, d'ailleurs. Il y a sans doute eu une seconde de trop dans cette image qui restera dans mes annales personnelles. J'ai vécu quelques secondes inouïes". Jérôme Revon explique avoir eu cette idée le matin-même, quand il a entendu à la télévision que les dirigeants ne devaient pas se croiser. N'ayant aucune consigne de TF1, France 2 ou même de l'Elysée sur la réalisation des cérémonies, il a pris seul cette intiative.
"Je n'ai pas vu et ressenti une telle émotion en 30 ans de carrière, poursuit Jérôme Revon. Cela restera un instant unique et presque magique. Le seul moment où j'ai approché ce plaisir, c'est lors de l'élection de Jacques Chirac, en 1995 : Quand nous avions réussi, par un dispositif innovant à l'époque, à suivre le président nouvellement élu dans Paris en voiture. Quand Chirac avait décidé de baisser sa vitre, offrant une scène inédite dans les annales de la Cinquième République". Si vous avez raté cette fameuse séquence, puremedias.com vous propose de la voir.