Le réponse du berger à la bergère. Les salariés de Libération ont tenu aujourd'hui à répondre dans une tribune publiée dans leur propre journal aux "contre-vérités" affirmées selon eux par Nicolas Demorand dans une interview au Monde hier. Démissionnaire de son poste, l'ancien président du directoire de "Libé" expliquait notamment dans cet entretien que le fossé s'était creusé entre lui et la rédaction après qu'il eut tenté de lui faire prendre un "virage" numérique. Un virage validé par les actionnaires mais qui aurait été refusé par la rédaction.
Faux, ont rétorqué aujourd'hui les salariés dans leur tribune. "Dans la réalité, les journalistes et leurs représentants ont demandé à maintes reprises à leur patron de s'investir et de mettre en oeuvre les projets plurimedias élaborés au cours d'ateliers. En vain" ont-ils ainsi déploré. Les salariés ont également tenu à démentir les affirmations de Nicolas Demorand concernant la faible productivité sur le web des journalistes du print. L'ancien président du directoire du journal avait ainsi expliqué que "la rédaction papier" ne fournissait en moyenne "que 0,1 papier par semaine et par journaliste sur le site".
Faux, une nouvelle fois selon les salariés qui ont expliqué qu'"en réalité, environ 50% de la production de Libération.fr (hors dépêches d'agences) provient des journalistes théoriquement dédiés au papier. Le reste par des journalistes web qui participent par ailleurs eux aussi régulièrement au journal papier. Une rédaction bi-média en somme", ont-ils ironisé dans leur tribune.
D'une manière générale, les salariés ne semblent pas s'émouvoir du départ de leur ancien patron. "Nicolas Demorand a démissionné, il est temps de tourner la page. L'annonce de son départ n'est que l'officialisation d'une situation de fait. Depuis plus de deux mois, Nicolas Demorand n'était plus à la tête de Libération", résume sèchement le personnel.
Et les salariés de réaffirmer leurs nombreux projets pour le journal autour "du coeur de métier de Libé : l'information". Ils se sont par ailleurs dit prêts à "imaginer, aussi, les possibilités de diversification qui permettent d'équilibrer Libération, sans dégrader son nom. Sans en faire une marque vide". Un nouveau tacle non-déguisé aux derniers projets de l'actionnariat.