Chaque semaine, retrouvez "Médias le mag, l'interview", en partenariat avec France 5. Julien Bellver, co-rédacteur en chef de puremedias.com et chroniqueur dans "Médias le mag" le dimanche à 12h35 interroge une personnalité des médias toutes les semaines. Pour ce 21e numéro, Julien Bellver reçoit Marc-Olivier Fogiel, qui nous raconte son "Divan" avec Cyril Hanouna, diffusé mardi prochain sur France 3.
Cyril Hanouna sera votre invité du divan, ce mardi sur France 3. Il a été difficile à convaincre ?
Il a été hyper simple à convaincre. Je lui ai envoyé un texto, "Est-ce que ça te branche ?", il m'a répondu tout de suite "C'est un honneur" et ça a été calé. Ca a pris dix secondes. Pour d'autres, il faut les rassurer. Je n'insiste pas quand les gens ne veulent pas faire l'émission parce que c'est un exercice particulier. Il faut qu'ils aient envie de donner une part d'eux-mêmes. Après, je passe du temps avec eux pour expliquer ce que c'est, les limites qu'on peut y mettre - quand la porte est ouverte. Mais je ne force pas la porte. Avec Cyril, il m'a dit oui tout de suite, on se connaît depuis très, très, très longtemps, dans ses années de galère comme il dit.
La plupart de vos patients passés sur le "Divan" ont eu une grande carrière, d'Ormesson, Luchini, Copé, Béatrice Dalle, Ardisson. Pourquoi le cas Hanouna vous a-t-il intéressé ?
Parce que c'est un phénomène et j'avais envie de comprendre le phénomène. Pour moi, c'est un peu du même registre que Nicolas Bedos. Ils n'ont évidemment pas le même profil, mais il y a des phénomènes autour des deux, des phénomènes basés sur des succès et du talent. Ca m'intéressait de comprendre, pour l'un comme pour l'autre, comment ils le vivaient, pourquoi ça buzzait autant autour d'eux. Et à chaque fois, je pense avoir pu montrer des choses un peu différentes et des éléments de compréhension.
C'est aussi une bonne garantie de faire de l'audience ?
Sincèrement, si je voulais faire de l'audience, je ferais d'autres types d'invités. Je ne parle pas de Cyril Hanouna, mais par exemple je vais faire Agnès B, pour moi c'était un rêve de pouvoir l'interviewer depuis longtemps, mais je sais très bien qu'elle n'a pas vocation à faire de l'audience.
Mais vous visez combien avec Cyril Hanouna ? Le million ?
Très sincèrement, je n'en sais rien et très sincèrement, je m'en fous. Je cherche à faire de bonnes émissions. Il y en a qui sont ratées, d'autres qui sont réussies. Celle de mardi est réussie parce qu'on comprend quelque chose. J'y vais avec une forme de curiosité.
Un large extrait a été diffusé il y a quelques jours où on le voit pleurer quand il parle de sa grand-mère. C'est le moment le plus fort de l'émission ?
Ce n'est pas le moment le plus fort mais c'est le moment où ça bascule. Avant ce moment-là, il est quand même dans un registre où il a du mal à parler de lui, où il est un peu dans la vanne. Moi, je ne rebondis pas sur ses vannes justement pour essayer de fendre l'armure. Il est dans un registre de protection, il est très fermé. Puis il y a ce moment de bascule où, d'un coup, il se lâche et il se montre tel qu'il est.
On a un nouvel extrait inédit en avant-première, où il évoque pour la première fois son contrat à 250 millions d'euros avec Canal+. Vous lui avez demandé combien il gagnait chaque mois ?
Non, je n'ai pas fait une interview média. J'en ai fait beaucoup dans le passé, mais ce qui m'intéressait, c'était comment lui, qui venait d'une famille modeste, il vivait aujourd'hui l'opulence. Je n'ai pas cherché la reprise média.
Quand il dit qu'il n'est pas grisé, vous le sentez sincère ?
Je crois qu'il a fait de la télévision parce que c'est un enfant de la télé, il a cette passion-là, il se trouve que c'est avec ça qu'il gagne beaucoup d'argent mais il ne fait pas de la télévision pour l'argent. Ce qui reste son moteur, c'est la télévision et pas le confort que ça peut représenter. Je crois qu'il est sincère et que ça n'a pas changé.
On parle beaucoup de Cyril Hanouna comme du nouveau Christophe Dechavanne. C'est un phénomène de mode ou on entendra encore parler de lui dans 10 ans ?
Je crois qu'on parlera encore de lui. Je suis absolument fan de Christophe Dechavanne, il se trouve que c'est un ami depuis 25 ans...
Ils ont le même profil ?
En tous cas c'est la même famille d'animateurs. Pour moi, j'adore Cyril - il le sait, je suis absolument bluffé par le phénomène, je ne pensais pas qu'il irait aussi haut - mais le modèle reste Christophe Dechavanne. Il est indétrônable. Ce que fait Hanouna est formidable et plus que ça, je suis bluffé par la carrière, le parcours et l'ampleur qu'il prend, mais le modèle pour moi est indétrônable.
Cyril Hanouna a beaucoup de succès, mais il n'est pas à l'abri de certaines critiques, notamment sur les humiliations qu'il fait subir à Matthieu Delormeau... Vous êtes d'accord avec cette analyse de Bruno Donnet, l'humiliation, c'est l'un des ressorts de TPMP ?
Non, je ne ne crois pas. Vous savez que Bruno a commencé avec moi, et je lui aurais fait refaire son papier parce qu'il découvre ça comme si c'était une nouveauté. Vous vous souvenez de Christophe Dechavanne, vous vous souvenez comment il était dans "Coucou c'est nous" avec ses chroniqueurs, c'était exactement la même ficelle et il n'y a rien de méchant là-dedans.
Qu'importe, tant que les chroniqueurs sont consentants ?
C'est l'état d'esprit. Il n'y a rien d'un bizutage là-dedans. On sent bien qu'il y a un quatrième degré et que tout le monde joue le jeu. Ca serait plus compliqué s'il y avait une vraie humiliation mais je ne crois pas que ça soit le cas. En revanche, mardi, je lui montre des extraits quand un chroniqueur menace de se barrer parce qu'il est contacté ailleurs, qu'il le prend vraiment très mal et qu'il règle ses comptes à l'antenne, et là on est dans un autre registre...
Il reconnaît dans "Le Divan" qu'il va trop loin ?
Il le reconnaît et ça, je pense qu'il mérite peut-être d'y revenir.
Vous vous êtes peu exprimé depuis le départ de Claire Chazal, votre meilleure amie, de TF1 et son arrivé sur France 5 qui a été un petit peu compliquée, avec plusieurs polémiques sur son salaire...
Toutes basées sur n'importe quoi puisque c'est faux...
Comment expliquez-vous cela ?
Assez simplement. C'est quelqu'un qui n'aime pas beaucoup faire des médias, faire de la presse. On la caricature beaucoup avec les Unes de "Match" qu'elle faisait régulièrement mais depuis 25 ans, finalement, elle a peu parlé à la presse télé, voire quasiment pas. Donc il y a eu une grosse frustration de tous ces gens qui ont saisi la première occasion pour mettre des peaux de banane parce qu'il y avait une sorte de ressentiment à son égard. Manque de bol, tous ces chiffres étaient complètement faux et tous les gens qui les commentaient gagnaient bien plus qu'elle...
France Télévisions a lancé des chantiers sur plusieurs cases : les après-midi, la case culturelle, le divertissement le samedi. Vous êtes candidat à l'une d'entre elles ?
Non. Il se trouve que sans trahir de secret, j'ai été contacté à droite et à gauche pour différents chantiers. Aujourd'hui, je ne réfléchis pas du tout en ces termes-là, je suis heureux de ce que je fais.
Ca vous suffit une collection du "Divan" par an ?
Mon activité principale, ce n'est pas "Le Divan", c'est RTL, j'y suis tous les soirs entre 18h et 20h, je baigne dans cette rédaction, je crois qu'on fabrique une bonne tranche d'information quotidienne qui fait avancer l'info tous les soirs - en tous cas on essaye. Et "Le Divan", c'est une forme de récréation à côté. Aujourd'hui, avec ma vie de famille, ça me convient, je ne me projette pas à l'année prochaine.
Dana Hastier aimerait que vous refassiez un talk non ?
Aujourd'hui, sincèrement, quand on me fait venir, que j'ai ce privilège-là et qu'on me demande si j'ai envie de faire telle ou telle chose, je dis que pour l'instant, je n'ai pas envie d'y réfléchir.
Vincent Meslet disait cette semaine que les talents de France 2 n'étaient "pas propriétaires de leur case". Il y a des rentes d'animateurs et de producteurs aujourd'hui sur le service public ?
Il y en a toujours eu. Ce ne sont pas des rentes, mais il y a toujours eu des gens qui ont du succès, et comme on veut les garder, on leur donne des cases, c'est un marché. Il y a toujours eu cette façon de faire qui ne me choque pas. Il y a des gens qui sont des piliers, qu'on traite différemment parce qu'ils apportent beaucoup de succès et c'est normal. A un moment donné, il y a une nouvelle direction, c'est normal que tout ça soit rediscuté, que Vincent Meslet ait envie de regarder ça de plus près et de faire évoluer les choses. Ensemble, ils vont sûrement pouvoir faire autre chose.