La guerre continue entre "Valeurs actuelles" et "Le Monde". L'opposition entre les deux journaux remonte à la publication dans l'hebdomadaire, le 15 octobre dernier, d'un article consacré à deux journalistes d'investigation du "Monde", Gérard Davet et Fabrice Lhomme. A cette occasion, "Valeurs actuelles" avait notamment révélé trois rendez-vous professionnels de leurs deux confrères à l'Elysée, au Pôle financier et au ministère de la Justice. Suite à ces révélations, 14 médias de la presse et de l'audiovisuel avaient dénoncé "collectivement et fermement" dans un communiqué les méthodes employées par "Valeurs Actuelles", qualifiées d'"atteinte grave au secret des sources".
"Le Monde", qui a déposé plainte contre X pour "atteinte volontaire à l'intimité de la vie privée" estime que "Valeurs actuelles" n'a pu reconstituer l'emploi du temps de ses journalistes d'investigation que grâce à l'emploi de moyens illégaux. "Ces articles de Valeurs actuelles n'ont pu être rédigés que sur la base d'investigations menées en toute illégalité" a ainsi estimé dans Libération l'avocat du "Monde", François Saint-Pierre.
Aujourd'hui, le quotidien de la rue Béranger a dénoncé dans un article (payant) les "dessous saumâtres" des révélations de " Valeurs actuelles". A en croire Libé, l'hebdomadaire pro-Sarkozy aurait employé une "officine barbouzarde" pour réaliser son scoop. Le quotidien révèle tout d'abord le nom de celui qui serait derrière le fameux article de l'hebdomadaire. Il s'agirait du rédacteur en chef Internet de "Valeurs actuelles", Louis de Raguenel.
Dans son article, Libération a tenu à souligner le passé militant du jeune homme, passé par l'UMP et le service communication du ministère de l'Intérieur du temps de Claude Guéant. "La semaine de son scoop, il s'est ouvertement targué d'avoir obtenu ses informations par l'intermédiaire d'un ancien policier proche de la galaxie sarkozyste, depuis reconverti dans le privé" accuse le quotidien.
A en croire Libération, "la piste barbouzarde est aujourd'hui corroborée par les témoignages des policiers chargés d'assurer la sécurité de Gérard Davet et Fabrice Lhomme". Les deux journalistes du "Monde" sont en effet sous protection policière depuis qu'ils ont été les cibles, tout comme leur famille, de menaces de mort. "A deux reprises, tôt le matin, les hommes du SDLP (Service de protection) ont identifié un véhicule dans lequel un photographe mitraillait méthodiquement ses cibles à l'aide d'un téléobjectif. A chaque fois, la plaque d'immatriculation a été relevée et passée au crible des fichiers de police. La première correspond au véhicule d'un particulier, la seconde à une voiture de location" raconte Libé.
Rappelons que de son côté, Yves de Kerdrel, le patron de "Valeurs actuelles" avait nié le 16 octobre dernier sur le plateau de "La nouvelle édition" de Canal+ avoir fait suivre ou surveiller les deux journalistes du "Monde", sans en dire plus, secret des sources oblige. A la Justice désormais de faire la lumière sur cette affaire qui ne fait peut-être que commencer.