Ce soir, la grande finale de l'Eurovision 2016 vient clore une semaine chargée marquée par deux demi-finales et de nombreuses répétitions et interviews pour tous les artistes participant. Présentée par Mans Zelmerlow, gagnant de l'édition 2015, et Petra Mede, la finale de ce soir sera commentée en direct sur France 2 et RFM par Marianne James et Stéphane Bern, qui rempilent après avoir testé leur duo l'an dernier. L'occasion pour puremedias.com de s'entretenir avec l'animateur pour discuter du cru 2016.
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Propos recueillis par Charles Decant.
Vous avez hésité avant de signer pour cette édition 2016 ?
Même pas ! Pas une seconde ! J'avais trop peur qu'on me demande de ne pas venir ! Je suis un fan de l'Eurovision depuis toujours. J'avais déjà eu la chance de commenter l'événement en 2011, avec Cyril Hanouna. Mais l'année dernière, ça a été un choc parce qu'on a pris conscience des réalités et de ce qu'était devenu l'Eurovision, c'est-à-dire un show planétaire avec des moyens incroyables, mieux que les NRJ Music Awards. Une vraie super-production.
Qu'est-ce vous pensez de notre chanson ?
L'année dernière, on avait une chanson faite pour les Français, donc on s'est dit cette année qu'il fallait peut-être une chanson faite pour les Européens, avec quelqu'un qui incarne formidablement les valeurs qu'on apprécie en France : une sensibilité, des qualités humaines, un vrai regard sur la vie, son questionnement avec "J'ai cherché"... En plus, on peut être fier de la chanson avec laquelle nous venons à l'Eurovision. Et puis, j'y reviens toujours, c'est un peu ma marotte, l'Eurovision est un événement festif qui montre l'Europe sous un très beau jour. Il y a très peu d'occasions en ce moment de le faire. De quoi parle-t-on ? De la victoire de l'extrême-droite en Autriche ou en Hongrie ? C'est ça qu'on attend de nous quand on parle de l'Europe ? Ou des quotas laitiers et des réglementations de Bruxelles ? Pourquoi se priver de parler de l'Europe comme ça ? Et pourquoi on mettrait l'Euro 2016 sur un piédestal et on ferait du bashing en permanence de l'Eurovision ? C'est un peu parisianiste de traiter l'Eurovision comme ça. Et ceux qui le dénigrent sont ceux qui ne le regardent pas...
Au delà de l'Eurovision, on a peut-être en France un problème avec la culture populaire, la pop music, la variété ?
Certainement ! On a un problème avec la variété, on a un problème avec un côté kitsch. Il y a de la lumière, des costumes, des maquillages, des coiffures... C'est ça l'Eurovision, aussi ! Et puis il y a les instruments des différents pays. Mais c'est ce que j'aime ! C'est une jolie carte postale de l'Europe !
Marianne James nous disait jeudi qu'elle avait passé l'année à expliquer aux gens ce qu'elle a vécu de l'intérieur. Vous aussi ?
Bien sûr ! Je suis devenu un défenseur de l'Eurovision, mais on est écouté, on est entendu ! La preuve, je vois par exemple sur les réseaux sociaux, mais aussi dans la presse, qui a changé d'avis. Les grands médias s'intéressent aujourd'hui à l'Eurovision, dépêchent des envoyés spéciaux, on est sollicité pour des interviews. Et il y a une chose qui ne trompe pas : Amir a passé son temps à répondre à des interviews pas seulement pour la presse française, mais aussi la presse internationale. Ca montre que la France retrouve sa place à l'Eurovision ! Maintenant, aux Français de se sentir fiers ! L'Europe entière adore la France et on a l'impression que ce sont les Français qui s'aiment le moins !
L'année dernière, vous étiez à fond derrière le choix de chanter en français, il était hors de question pour vous qu'on chante dans une autre langue. Cette année, Amir chante en français mais aussi en anglais. C'est le choix de la raison ?
Ce n'est pas un choix de la raison. C'est un choix de la chanson. Elle a été choisie, on ne va pas la transformer ! Il se trouve que c'est une chanson en français avec un refrain en anglais, et ce refrain en anglais pose visiblement un problème. L'année dernière, on a eu un ministre des Affaires étrangères qui s'est moqué de l'Eurovision alors qu'on chantait en français. Cette année, on a un Secrétaire d'Etat à la Francophonie dont tout le monde ignorait qu'il l'était, qui fait parler de lui - bon, il s'est calmé depuis - pour critiquer le choix. Mais franchement... Il chante en français ! Et ce refrain, c'est une main tendue vers l'Europe, c'est un pont que l'on jette pour aller vers les Européens.
Vous avez suivi les demi-finales ?
J'ai adoré ! J'ai vu des choses vraiment extraordinaires. L'Ukrainienne m'a ému, j'ai beaucoup aimé la Belge aussi, l'Australie a une voix et une prestation incroyable... C'est un grand show ! On peut s'attendre ce soir à quelque chose d'unique. Alors après, la programmation est faite par le public, c'est lui qui a éliminé ou voté pour les chansons. Je suis démocrate, donc si vous contestez le choix du public, on change de régime ! Je ne dis pas que le public a toujours raison mais c'est son goût alors... qu'il en profite !
Jarry et Marianne disent tous les deux que le show est moins drôle parce qu'il se professionnalise. Et les différences entre les pays se gomment un peu...
Oui, c'est vrai. Il y a une mondialisation, ou plutôt une européisation. Les gens sont moins folkloriques, moins typiques. Mais en même temps, ça se prête moins à la rigolade aussi ! Rien ne justifie qu'on se moque désormais.
L'Australie participe à l'Eurovision depuis deux ans, Justin Timberlake est le premier artiste américain à s'y produire... Ca confirme cette globalisation de la musique ?
Mais surtout quel événement ! Justin Timberlake va dévoiler ce soir son nouveau single, un événement planétaire ! Ce soir, l'événement est sur France 2. On sait que Slimane va gagner "The Voice", donc il n'y a pas de suspense ! (Rires)
L'année dernière, il y a eu une dynamique positive pour Lisa Angell. Après sa première répétition, elle est nettement remontée chez les bookmakers, avant une douche froide le jour de la finale. Quelle importance faut-il accorder à la dynamique de cette année, aux bons scores d'Amir ?
En tous cas, je veux créer pour lui cette dynamique positive. On est là pour créer autour de lui les conditions favorables à sa victoire. Après, évidemment, on sera très heureux ou très déçu, mais ce sont nos blessures personnelles, la nôtre et la sienne. Honnêtement, il le mérite. Je ne dis pas que Lisa Angell ne le méritait pas, j'étais très touché et très ému par sa chanson. Et c'est vrai qu'il y avait une dynamique favorable. Là, on ne présage pas de la dynamique, mais les pronostics ne sont pas mauvais, donc on espère tous !