Un sketch qui n'était pas passé. Dans la nouvelle web-émission de Kevin Razy, "Rendez-vous avec", postée sur Youtube dimanche, l'humoriste Edgar-Yves revient sur l'un de ses sketchs qui avait été coupé en janvier 2021 sur Comédie+. A l'époque, il avait estimé avoir été censuré par la chaîne.
La chaîne du groupe Canal+, Comédie+, avait diffusé en prime time le 4 janvier 2021 "Les étoiles espoir humour du Parisien 2020", enregistré le 17 novembre 2020 à l'Européen, en partenariat avec le quotidien francilien. Le comique Edgar-Yves avait tenu un sketch, baptisé "La corruption", dans lequel il se moquait de Vincent Bolloré. Après son passage, le sketch entier n'avait pas été diffusé à l'antenne. Le producteur de la soirée avait quant à lui démenti toute censure, évoquant une demande de la part de l'artiste, mécontent de sa prestation.
Ainsi, Edgar-Yves a tenu à rétablir sa vérité et raconter les coulisses de cette polémique. Il a d'abord rappelé qu'un sketch joué dans "La grosse rigolade" de Cyril Hanouna en novembre 2020, avait été tronqué parce qu'il évoquait Vincent Bolloré sans le mentionner. "C'était un sketch où je parlais des rapports France/Afrique. Je me foutais d'abord de ma gueule et de celle de mon père. Puis, j'ai parlé des rapports d'un industriel français et des élites africaines. Forcément, j'ai parlé de Vincent Bolloré", a-t-il débuté, soulignant que cette partie avait été coupée au montage. Et d'ajouter : "Quand j'ai fait le sketch, le public a ri, mais du côté du staff technique, l'ambiance avait changé".
"Moi, je me suis énervé. Je les ai appelés. Ils m'ont dit qu'ils ne savaient pas, mais les gars m'ont bluffé !", a poursuivi Edgar-Yves, expliquant qu'à partir de ce moment, il modifiait ses contrats lorsqu'il passait à la télévision : "Maintenant, quand je fais une émission, si tu veux couper une partie de mon sketch sans mon accord, je me réserve le droit d'interdire la diffusion du sketch en entier".
Le trublion a tenu à rappeler qu'il était franco-béninois : "Je suis afro-européen. En Europe, Vincent Bolloré est un patron de presse un peu nerveux. Canal peut en témoigner. En Afrique, Vincent Bolloré est un fléau. Il prend les ports d'Afrique de l'Ouest. Il y a des gamins qui grimpent aux arbres pour l'exploitation de l'huile de palme. Ils ne sont pas couverts". "Si moi, je n'en parle pas, qui va en parler ?", a-t-il lancé. Et de citer la phrase qui avait été censurée : "Lors de son premier mandat, le président de Guinée Alpha Condé a été sponsorisé par un milliardaire français, dont je tairai le nom car je veux continuer à faire des séries sur Canal+".
Mais hasard du calendrier, bien qu'il a été coupé sur C8, Edgar-Yves avait été calé pour la soirée des "Etoiles de l'humour du Parisien". "Je suis invité par un homme qui manque de vigilance à un niveau exceptionnelle", a-t-il plaisanté. Et d'enchaîner : "Moi, je suis un rageux. Autant j'avais fait gaffe avant, autant là, j'avais le seum de la censure. Je suis venu sur le site pour en finir. Je me suis complètement lâché. Là, ce n'était plus question de ne plus dire le nom. J'ai dit : 'Vincent Bolloré, c'est un enculé !'. Je suis parti en couille en direct. Le caméraman tremblait".
Le plaisantin a indiqué que la production a voulu couper une partie de son sketch : "J'ai refusé d'être coupé. Donc, j'ai retiré le sketch, comme j'ai modifié mon contrat avant. J'ai appliqué ma clause. C'est soit le sketch en entier, soit rien". Et de narrer l'imbroglio médiatique avec le producteur de la soirée qui avait démenti cette censure auprès de l'AFP.
"Ce mec (Vincent Bolloré, ndlr) est plus que riche. Il contrôle les médias. Il s'est fait un pouvoir d'influence. Il fait les présidents de la République !", a-t-il balancé. Et de refaire une partie du sketch sur Vincent Bolloré, qui n'avait pas été diffusé à l'époque. "Il y avait un kamizake qui vivait en moi et eux, ils ont appuyé sur le bouton", a-t-il confié.
Il a nuancé en précisant qu'il n'avait rien contre Vincent Bolloré en France : "Le vrai problème est que les médias ne peuvent plus être neutre car ils appartiennent pour 90% à des milliardaires. Donc en fait, le vrai problème est que Vincent Bolloré ne devrait pas avoir une chaîne de média, comme ça, on pourrait arriver dans une émission et dire 'Vincent Bolloré'". Edgar-Yves a alors fait référence à l'altercation entre le député Louis Boyard et Cyril Hanouna dans "Touche pas à mon poste", considérant l'amende de 3,5 millions d'euros infligés par l'Arcom à C8 comme trop faible.