C'est l'initiative gouvernementale qui fait grincer des dents les journalistes. Il y a quelques jours, le gouvernement a lancé sur son site une page dédiée baptisée "Désinfox Coronavirus", destinée à agréger des articles en provenance de plusieurs médias pour lutter contre la propagation de fake news en cette période de crise sanitaire. "Des sources d'informations sûres et vérifiées", comme l'a résumé la porte-parole Sibeth Ndiaye sur Twitter. Problème, les médias, qu'ils soient présents sur ce site ou pas, sont vent debout contre cette initiative. Ce week-end, une trentaine de sociétés de journalistes a signé une tribune pour rappeler que "la presse française est indépendante de l'Etat et du pouvoir politique" et demander la suppression de cette rubrique.
Lundi, le Syndicat national des journalistes est allé encore plus loin puisque, comme l'annonce l'AFP, un recours en urgence a été déposé devant le Conseil d'Etat pour exiger cette suppression. Le SNJ juge qu'il s'agit là d'une "atteinte grave et manifestement illégale portée aux principes de pluralisme dans l'expression des opinions et de neutralité des autorités publiques". Dénonçant une "ingérence manifeste des autorités publiques dans la liberté de presse", le syndicat pointe en substance que cela peut entraîner chez les lecteurs "de la suspicion quant aux relations entre la presse et le monde politique".
Sibeth Ndiaye est revenue sur ce sujet sensible samedi dernier à l'issue du Conseil des ministres pour rappeler que "le gouvernement travaille à garantir à l'ensemble de nos concitoyens l'accès aux informations les plus fiables possibles, en temps réel". La porte-parole du gouvernement a également précisé que l'Etat ou le gouvernement ne choisissent "en aucun cas" les articles de presse et souligné que la rubrique "Désinfox Coronavirus" a "vocation à être supprimée une fois la crise terminée". Avec son recours, le Syndicat national des journalistes est bien décidé à accélérer ce calendrier encore incertain.