La situation se tend à "L'Express". Depuis février dernier, l'hebdomadaire est dans une phase de transition depuis l'annonce de son rachat par Alain Weill. Une reprise, effective depuis trois mois, qui intervient dans un contexte compliqué pour le titre fondé par Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud. "L'Express" a en effet vu sa diffusion payée tomber à 243.948 exemplaires au troisième trimestre 2018 selon l'ACPM, contre 405.603 exemplaires en 2014. Les finances sont par ailleurs mauvaises. L'hebdo a perdu près de 10 millions d'euros en 2018.
Très ambitieux, lors de l'annonce de la reprise du titre, Alain Weill, qui ambitionne de faire de "L'Express" un "The Economist" à la française, avait annoncé viser un retour à l'équilibre dès 2020, annonçant un "strict contrôle des coûts qui se traduira aussi par un ajustement des effectifs". L'ajustement des effectifs, c'est précisément à ce point que s'attaque en ce moment celui qui est par ailleurs patron d'Altice France. Lundi, la direction du titre a présenté un plan de sauvegarde de l'emploi dans l'entreprise, prévoyant 26 suppressions de postes au sein de la rédaction, selon les représentants du personnel.
Ces 26 suppressions de postes s'additionneraient aux 58 départs, dont 40 CDI, enregistrés dans le cadre de la clause de cession, ouverte suite au rachat du titre. Au lendemain de l'annonce de ce plan, les syndicats et la SDJ de "L'Express" accusent, dans un communiqué, Alain Weill de "sacrifier l'hebdomadaire et ses salariés". "Au total, avec l'arrivée de M. Weill, la seule équipe du magazine passe de 84 postes à 46", s'émeuvent-ils, dénonçant "une saignée sans précédent". Selon eux, en vertu du PSE, qui a été rejeté en bloc par les salariés, l'effectif total du groupe L'Express passerait de 172 salariés à 102.
"Nous ne sauverons pas le journal en le privant de tous les moyens indispensables à son développement", tonnent les organisations. Celles-ci réclament par ailleurs à Alain Weill qu'il signe l'accord d'indépendance éditoriale élaboré en 2015 lorsqu'Altice était encore l'actionnaire majoritaire. Ce texte "protège la rédaction de toute ingérence extérieure, quel que soit son actionnaire", rappellent les syndicats et la SNJ.