Suite de notre journée spéciale Antoine de Caunes. Après avoir fait le bilan de ses premiers mois aux manettes du "Grand Journal" et évoqué la guerre des talk-shows en access, l'acteur s'exprime sur son retour à la télévision après plus de 10 ans d'absence des plateaux.
Propos recueillis par Benoît Daragon et Benjamin Meffre.
puremedias.com Vous aviez mis 10 ans à faire oublier Ouin-Ouin pour vous affirmer acteur et réalisateur. Vous avez tout pété en 3 mois !
Antoine de Caunes : Je n'ai pas refait Ouin-Ouin (rires). Plus sérieusement, la proposition de reprendre "Le Grand Journal" était super sexy. Elle est arrivée au bon moment et a été formulée en des termes et par des gens qui ne pouvaient que me faire accepter. Je fonctionne beaucoup à l'envie, au coup de coeur. Aller au "Grand Journal" n'a pas été un choix par défaut. Je ne me suis pas dit : "Je vais faire de la télé parce qu'il n'y a rien qui marche ailleurs". J'avais d'autres projets au cinéma et au théâtre à l'époque.
Le cinéma vous manque ? Vous allez en refaire après le "Grand Journal" ?
Oui, bien sûr. J'envisage vraiment la vie comme une aventure. Là je suis au début d'une aventure qui vraiment me passionne, me fait vibrer, m'occupe et me préoccupe mentalement 24h sur 24. On est tous dans ce cas-là. C'est le charme et le sortilège de la quotidienne. C'est fatiguant nerveusement mais c'est super excitant, croyez-moi. C'est un des plus beaux boulots qu'on puisse imaginer. Le jour où j'aurai le sentiment d'avoir fait le tour du sujet, d'avoir atteint mon seuil de compétence ou d'incompétence, je partirai faire autre chose. J'ai toujours fonctionné comme ça. J'ai quitté la télé quand ça marchait très bien. J'aurais pu capitaliser là-dessus et attendre une petite retraite dorée. Mais j'ai besoin d'impulsion, d'enthousiasme et d'excitation.
Vous vous amusez ?
Oh oui.
Plus qu'à l'époque de "Nulle Part Ailleurs" ?
C'est autre chose. Ce n'est pas du tout le même travail. Avant, j'avais juste à me concentrer sur des moments du show. Là, il y a tout le show à porter sur ses épaules.
Quand vous avez accepté le "Grand Journal", vous êtes-vous dit, "C'est cool, je vais pouvoir interviewer Nabilla"?
Non, pas du tout. Pour tout vous dire, l'invitation de Nabilla a même fait l'objet de longues discussions. Ils ont fini par me persuader qu'il n'y avait pas de raison de ne pas parler de Nabilla, ce qui se tient tout à fait. Nabilla est un personnage médiatique, qu'on l'aime ou la déteste. Après, je reste convaincu qu'avec une Nabilla en direct sur un plateau, on ne raconte pas grand chose. C'est pas le meilleur moyen de décrypter le phénomène.
Mettre la tête dans un gâteau en forme de fesses, montrer les vôtres, rouler des pelles... C'était très cul ces premiers mois de "Grand Journal" !
Non, pas tant que ça. Honnêtement, c'était même dosé homéopathiquement.
Est-ce que parfois vous ne faites quand même pas tout pour faire le zapping ?
Non. Ça serait quand même une manière assez tragique d'envisager ce métier. Il y a des moments marrants durant l'émission. Il sont repris ou pas par "Le Zapping", je ne fais pas l'émission pour ça. Si vous fonctionnez comme ça, c'est artificiel la plupart du temps et ça ne marche pas. Ce qui fonctionne le mieux c'est quand c'est surprenant, quand quelque chose n'était pas prévu. Un moment de flottement, une question qui est mal comprise, une vanne qui tombe à plat.
Vous l'avez vécu comment l'épisode Thuram, surcommenté partout dans la presse ? Vous le referiez ?
Si c'est à moi, personnellement, que vous posez la question, non pas comme ça. Ce jour-là, on s'est beaucoup demandé avec les équipes s'il fallait inviter cette personnalité que tous les médias voulaient avoir à ce moment-là. Lilian Thuram est une icône qui voyait son image écornée par un fait divers mis sur la place publique, il voulait une vraie explication. Et c'est vrai que c'est dans l'ADN du "Grand Journal" de donner la parole à des gens qui ne la prennent pas ailleurs, de faire des coups journalistiques et de poser les questions qui doivent être posées. Après je ne suis pas à l'aise dans ce genre d'interview où il est question de vie privée. Mais ça fait partie du job. Quant au SMS, on s'est interrogé pour savoir quelle place accorder à une preuve, sortie de son contexte. Mais Lilian Thuram voulait le montrer pour prouver son innocence. Sur une quotidienne comme ça, il y a forcément un moment où vous allez faire ce que l'on peut considérer comme une faute de carre.
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