Enfin les vacances pour Antoine de Caunes ! Après avoir enregistré des émissions inédites qui seront diffusées pendant les fêtes de fin d'année, l'animateur va se reposer pendant quelques jours. Hier jeudi, veille de sa dernière de l'année en direct, l'animateur a reçu puremedias.com pour faire le bilan de ses 4 premiers mois à la tête du très scruté "Grand Journal" de Canal+. Période pendant laquelle l'ex-trublion de "Nulle Part Ailleurs" a cherché ses marques. Aujourd'hui, il estime avoir trouvé son ton et promet des nouveautés en 2014. Voici la première partie de l'interview que nous publierons tout au long de la journée.
Propos recueillis par Benoît Daragon et Benjamin Meffre.
puremedias.com : Après 4 mois à la tête du "Grand Journal", à être en direct tous les vendredis et jours fériés, il vous reste encore du "pep's" ?
Antoine de Caunes : A l'antenne, oui ! Hors antenne, je ne peux pas cacher être moins frais qu'à la mi-août ! C'est délibérément qu'on a continué l'émission pendant les périodes durant lesquelles, les saisons précédentes, l'émission proposait des best-of ou confiait l'intérim à Ali Baddou. Avec toute l'équipe, on s'est dit que, comme on essayait de mettre en place une nouvelle formule, c'était bien d'occuper le terrain et de ne pas casser la dynamique.
En audience aussi, c'est payant d'être présent le jour où les autres font des best-of...
Oui, mais pas seulement pour ça. Depuis la rentrée, on fait un travail d'ajustement quotidien. Je pense que ça n'aurait pas été terrible de s'arrêter une semaine en octobre après seulement deux mois d'antenne.
Pendant les fêtes, vous proposez des émissions fraîches, une première pour "Le Grand Journal". Vous avez peur qu'on vous oublie avec la dinde ?
(Rires) Elles seront plus fraîches que l'animateur, c'est sûr ! On pense que c'est bien de rester à l'antenne à ce moment-là, notamment pour les gens qui ne partent pas en vacances avant Noël et qui sont contents que le lien ne se perde pas. L'année prochaine en 2014, il n'y aura aucun best-of, y compris les jours qui précèdent le Festival de Cannes !
Plus sérieusement, est-ce que cette émission ressemble à ce que vous vouliez en faire ?
Ca commence, oui ! C'est un long processus. J'ai repris en main un format, qui s'appelle "Le Grand Journal" et qui était arrivé au bout d'un cycle de 9 ans. Avec des périodes de crêtes et d'autres de réajustements. On sait ce que veulent les gens, un mélange d'actu et de divertissement. Mais, c'est comme si on m'avait confié la direction de Télérama ou de VSD, je ne pouvais pas tout foutre par terre du jour au lendemain et changer l'équipe, la maquette, le ton, l'humeur etc. Quand je reprends cette émission en main, mon job c'est de respecter le format tel qu'il est et de le faire bouger à l'intérieur de ce cadre. Un travail minutieux pour le faire évoluer tout en le respectant...
C'était peut-être la surprise d'ailleurs car à la rentrée, vous promettiez une révolution...
On a peut-être trop communiqué à la rentrée. Si ça n'avait tenu qu'à moi, j'aurais fait une communication plus discrète et fait le bilan au bout de quelques mois. L'émission a gagné en cohérence maintenant que ses deux parties sont collées. "Le Petit Journal" est passé à 20h30 et n'est plus intercalé entre les deux parties du "Grand Journal".
Commençons par la partie actualité. A la rentrée, vous aviez expliqué trouver que "Le Grand Journal" sous Michel Denisot était trop "compartimenté", que les séquences s'enchaînaient "à la vitesse du son". C'est toujours un peu le cas...
Le tempo a indéniablement changé ! J'ai l'impression que la saison dernière, ils étaient vraiment en accélération permanente. C'était très séquencé, morcelé, avec sans arrêt des magnétos, des chroniques, etc. J'avais le sentiment qu'il n'y avait plus de temps de parole. On a remis la parole au centre pour que les invités puissent s'exprimer, même si on court toujours après le temps ! Il y a moins de chroniqueurs aussi pour que la parole circule mieux ! Les chroniques sont aussi directement liées avec l'invité ou les thèmes traités. C'est fini le temps où les invités regardent des chroniques qui ne les concernent pas. Et, après 20 heures, il y a un plateau qui dure entre 14 et 16 minutes où on a le temps de raconter quelque chose, de construire en amont des petits films ou des happenings. Avec Johnny Hallyday avant-hier, on a vraiment pu parler avec lui. On n'a pas fait juste de la promotion.
Jean-Michel Aphatie, Hélène Jouan, Jeannette Bougrab, Karim Rissouli... n'y a-t-il pas un peu trop de chroniqueurs politiques ?
Jean-Michel, je le vois comme le renfort indispensable dont j'ai besoin parce qu'il a une culture politique que je n'ai pas, même si je me suis amélioré ! C'est un spécialiste qui est capable d'apporter la contradiction à n'importe quelle personnalité. Hélène Jouan et Jeannette Bougrab ont un rôle différent. Elles sont davantage là comme des journalistes qui peuvent parler de société ou exposer un point de vue. Karim, pour le coup, c'est une vraie chronique, qui est toujours axée sur l'invité ou un sujet qui le concerne. Leur présence à tous permet un jeu de questions plus dynamique que si j'étais en face à face avec l'invité. Mon rôle est transversal dans l'émission. Ca commence par un monologue pour détendre l'atmosphère, ça continue par de l'actualité et ça finit par un divertissement qui peut partir en vrille. Je traverse toute l'émission. La difficulté c'est d'arriver à infuser une humeur tout au long de l'émission.
Sur la deuxième partie, vous avez cherché vos marques. Vous avez trouvé le bon modèle ?
On y arrive ! Avec l'équipe qui écrit cette partie-là, notre ambition c'est de faire ce que nous avons fait avec Ben Stiller dans l'émission qui va passer pendant les fêtes ou avec Mads Mikkelsen. Les acteurs anglo-saxons sont habitués à ça. On doit arriver à encore convaincre les Français de jouer le jeu. La promotion, ce n'est pas juste venir dire que l'ambiance était bonne sur un tournage. Une fois qu'on a regardé la bande-annonce et poser deux ou trois questions sur le film, on a envie d'aller ailleurs. Mon but : que les gens qui viennent sur le plateau s'amusent.
Les artistes français ne sont pas habitués à cet exercice...
Oui, il faut que les invités veuillent bien participer à ce jeu. Il y en a qui le font comme Stromae, et d'autres que ça emmerde et qui ne comprennent pas qu'on peut s'amuser en faisant de la promo. On ne peut forcer personne car ça demande un peu de travail, un peu de disponibilité dans les jours qui précèdent le direct pour enregistrer des magnétos etc... Je pense que ça prendra encore quelques mois, mais on est sur la bonne voie. On sent que ça bouge, notamment auprès de la jeune génération de comédiens et de musiciens. Quand je faisais les César et que je demandais aux comédiens de venir participer à un magnéto, François Berléand ou Valérie Lemercier étaient toujours partants mais pour les autres, c'était plus compliqué. On est dans un pays où l'esprit de sérieux règne et où on manque d'autodérision. En plus, les acteurs ont la hantise du faux pas, qui serait repris en boucle sur internet.
Et les téléspectateurs, comprennent-ils bien ce passage au "jeu" ? Les happenings n'ont pas toujours été bien compris, notamment celui d'Elie Semoun...
Oui, je crois ! Le sketch avec Elie Semoun est arrivé un peu tôt dans la saison sans doute. Mais moi, j'adore ces moments où les téléspectateurs devant leur télé se demandent ce qu'il se passe.
A la rentrée, vous vouliez que ce soit le "bordel", ce "Grand Journal". A part avec Garcia où vous êtes allé très loin, vous le cassez vraiment quand le plateau du Grand Journal ?
On n'a pas le budget pour le péter tous les soirs (rires) ! Avec José Garcia, nous ne nous étions jamais retrouvés dans cette configuration sur un plateau de télé. Il aurait été absurde que je l'interviewe alors que le public attendait que ça dérape ! Quand tout s'y prête comme ce soir-là et que l'invité a envie de déconner, il ne faut pas me pousser longtemps ! La chance qu'on a c'est de pouvoir traiter de façon traditionnelle un invité quand on a vraiment envie de lui parler et de déconner le lendemain.
Depuis la rentrée, les audiences du "Grand Journal" sont légèrement inférieures à celles réalisées par votre prédécesseur sur la même période. Vous êtes déçu ?
Je vois passer de nombreux chiffres mais j'ai toujours été mauvais en maths moi ! (rires) Après un très bon départ en août, on a légèrement baissé en septembre parce que les autres chaînes ont démarré leurs émissions, qu'on se cherchait un peu et qu'on rompait avec ce qui se faisait précédemment. Puis ça a remonté petit à petit. On est au même niveau que l'année dernière, ce qui compte c'est qu'on se trouve dans une phase de progression. La concurrence était moins forte aussi il y a un an.
Mais l'effet Antoine de Caunes est vite retombé...
La première, en août, c'était à part. Les autres émissions n'avaient pas commencé et il y avait eu beaucoup de ramdam à propos du retour du fils de la revanche du fantôme.
Est-ce que les patrons sont satisfaits du niveau des audiences ?
A chaque fois qu'on se parle avec mes interlocuteurs à Canal+, Rodolphe Belmer (DG du groupe Canal+, NDLR) et Maxime Saada (DGA, NDLR), ils me disent qu'ils sont contents. J'ai très modestement l'ambition de faire la meilleure émission du monde ! (rires) J'ai envie que ça devienne incontournable, que les gens viennent nous voir pour être informés et savoir ce qu'il s'est passé dans la journée mais également se divertir. Qu'ils aiment le cocktail infos et divertissement, ce mélange de talk et de show qui est l'idée initiale d'Alain de Greef au lancement de Canal+.
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