L'heure des comptes a sonné. Alors que la télé est passée en mode été, que les chaînes favorisent les rediffusions et les séries pour combler leurs grilles, puremedias.com vous propose tout au long de l'été de revenir en arrière pour analyser la saison dans son ensemble, chaîne par chaîne. L'occasion d'envisager toute la stratégie de programmation des chaînes sur l'année écoulée, et d'examiner dans quelle mesure l'audience a évolué au fil des années.
En 2016-2017, France 2 a connu une saison très compliquée, notamment du fait d'après-midi en panne sèche dès le mois de septembre. Il faut dire que la chaîne s'est mise d'entrée de jeu dans le pétrin en lançant pas moins de quatre nouveaux programmes sur cette tranche fragilisée depuis plusieurs années. Si "Mille et une vies" de Frédéric Lopez et "Visites privées" de Stéphane Bern sont parvenus dans un premier temps à sauver les meubles sans pour autant convaincre, "Amanda" et "AcTualiTy" ont immédiatement frôlé l'asphyxie, tombant sous les 5% de PDA. Cette défaillance a mécaniquement envoyé par le fond les audiences mensuelles de la chaîne. Dès septembre, France 2 a ainsi réalisé sa pire audience mensuelle historique avec 12,5% de PDA, avant de battre ce triste record le mois suivant (12,3%), un score de nouveau atteint en janvier.
Succédant à Vincent Meslet évincé dès le mois d'octobre, Caroline Got a tenté d'enrayer l'hémorragie comme elle a pu. La nouvelle patronne de France 2 a ainsi décidé de débrancher "Amanda" dès la fin de l'année puis "AcTualiTy" à partir du mois de mars. Pour les remplacer, elle a lancé successivement "Un chef à l'oreille" avec Elodie Gossuin puis "Tout le monde a son mot à dire" avec Olivier Minne et Sidonie Bonnec. Ces deux programmes ne parviendront toutefois pas à faire sortir la tête de l'eau aux après-midi de France 2.
Cette saison, France 2 aura plus généralement prouvé qu'il est définitivement très difficile d'installer de nouveaux rendez-vous en télé. Outre le fiasco des après-midi, la Deux a multiplié les innovations aux résultats pour le moins incertains, qu'ils s'agissent de nouvelles émissions comme "Vivement la télé", "Mardi cinéma", "A vos pinceaux", ou "Hier, aujourd'hui, demain", mais aussi de nouvelles formules d'émissions comme "Envoyé spécial", qui changera de ligne éditoriale la saison prochaine.
Ses innovations en matière de programmation n'auront souvent pas été plus heureuses, que l'on songe à la rediffusion de "On n'est pas couché" le dimanche, ou à l'avancée de l'horaire de "Stade 2", toutes deux abandonnées en cours d'année.
Au cours de cette difficile saison, France 2 aura su éviter la catastrophe grâce à un homme : Nagui. Malgré un très faible lead-in, son "N'oubliez pas les paroles" est parvenu toute l'année à enregistrer de bonnes audiences au carrefour éminemment stratégique de l'access prime-time, aussi bien sur l'ensemble du public que sur les femmes responsables des achats de moins de 50 ans.
Cette réussite aura notamment permis à France 2 de sauver sa cagnotte publicitaire et de protéger le 20 Heures - puis le prime-time - des affres de l'après-midi. Plus que jamais, la chaîne est désormais stratégiquement dépendante d'un animateur portant également ses audiences de la mi-journée. Un état de fait potentiellement dangereux.
En 2016-2017, France 2 est également parvenue à maintenir le bout du nez hors de l'eau grâce à ses valeurs sûres historiques. Ces dernières lui ont notamment permis de connaître une fin de saison plus apaisée avec 13,1% de PDA en mai, son record cette saison, puis 12,9% en juin. Parmi ces valeurs sûres, l'information, globalement très performante cette saison. Le 20 Heures de France 2 a ainsi signé l'une de ses meilleures saisons tandis que "Télématin" a continué de porter les matinées de la chaîne. Après un démarrage difficile, "L'émission politique" a su trouver sa place lors de la campagne présidentielle tandis que les débats et les soirées électorales ont eux aussi attiré un large public. Seule ombre au tableau, l'incapacité de France 2 à organiser un débat avant le premier tour de la présidentielle, contrairement à TF1.
Malgré l'absence de très grande compétition, le sport a également permis à France 2 d'enregistrer régulièrement de bonnes audiences cette saison, qu'on pense au rugby avec les test matchs de l'automne et le Tournoi des Six Nations, au foot féminin audacieusement programmé par la chaîne en prime time, à la finale de la Coupe de France et de la Coupe de la Ligue ou encore à Roland-Garros.
Surtout, France 2 aura pu compter en prime time sur son département fiction. Ses marques de séries françaises ("Chérif", "Caïn", "Candice Renoir", "Les Petits meurtres d'Agatha Christie", "Fais pas ci, fais pas ça", "Dix pour cent") ont fédéré, sans parler de nombreux unitaires à succès comme "Baisers cachés", "Rouge sang" "L'Affaire de Maître Lefort", ou encore "Box 27". En matière de cinéma, France 2 a aussi pu compter sur quelques belles cartouches comme "La famille Bélier", et sur de nombreuses programmations de films "gold" comme "La grande vadrouille", "Le père Noël est une ordure" ou "Les aventures de Rabbi Jacob".
Reste le sujet du divertissement dont France 2 semble désireuse de renouveler les marques et les incarnations, sans être pour l'instant en mesure de le faire. En attendant, la chaîne a pu s'appuyer cette année sur ses marques historiques, qu'il s'agisse du "Plus grand cabaret", bien qu'en baisse, de "La fête de la musique", de l'Eurovision ou de "Fort Boyard" en fin de saison.
En matière de divertissement, il manque sans doute à France 2 un "hit format" comme "The Voice" ou "Danse avec les Stars" sur TF1. Remplissant la grille pendant de très nombreuses semaines, ce dernier assurerait à la chaîne un confort qui lui fait pour l'instant défaut.
Chiffres Médiamétrie, en audience veille. Seul le premier épisode est pris en compte pour les soirées continues.