Ca se complique pour Canal+. Alors que le groupe dirigé par Vincent Bolloré a confirmé avoir des discussions en vu d'un rapprochement avec beIN Sports, l'Autorité de la concurrence entre dans le jeu. Selon L'Equipe, l'institution dirigée par Bruno Lasserre (qui veille au grain dans le domaine de l'audiovisuel) a décidé de lancer une "consultation du marché" sur cette opération. Pour cela elle va auditionner des chaînes concurrentes, des organisations sportives détentrices de droits et aussi des fournisseurs d'accès à internet. Car ce rapprochement, s'il a lieu, aura de fortes répercussions sur le paysage médiatique en général et l'univers de la télévision payante en particulier.
Selon plusieurs articles de presse parus fin janvier, Vincent Bolloré étudierait deux schémas. Le premier, le plus probable, consisterait à faire de Canal le distributeur exclusif de beIN Sports. L'accès aux chaînes sportives qataries passerait ainsi par un abonnement aux offres de Canal+ ou Canalsat. En échange, la chaîne verserait une redevance d'au moins 100 millions d'euros par an.
Le deuxième scénario serait tout simplement une acquisition par Canal de la partie française de beIN Sports estimée à 500 millions d'euros par Natixis. Payée en actions plutôt qu'en cash, l'opération permettrait aux dirigeants qataris de prendre 8% de Canal ou même une participation dans la maison-mère, Vivendi, dont ils ont déjà été actionnaires par le passé.
Farouchement ennemies hier, Canal+ et beIN Sports sont condamnées à s'entendre aujourd'hui. Dépossédée de droits sportifs majeurs (la Premier League, le meilleur de la Ligue des Champions), Canal doit absolument renforcer son offre pour retenir ses abonnés. Et beIN Sports, lourdement déficitaire, pourrait être délaissée par les Qataris qui, face à la baisse actuelle du prix du pétrole, sont tentés de réduire leurs investissements non rentables à l'étranger.