Emmanuel Macron promet de supprimer la contribution à l'audiovisuel public. Le chef de l'Etat en a fait l'annonce hier soir lors de sa première réunion publique en tant que candidat à sa réélection. Au cours d'un échange avec 200 habitants de Poissy (Yvelines), Emmanuel Macron a exprimé son désir d'augmenter le pouvoir d'achat des Français par la suppression des "impôts qui restent", dont "la redevance". "C'est cohérent avec la suppression de la taxe d'habitation", a justifié le président de la République, en référence à l'une des mesures fiscales emblématiques de son premier mandat. La contribution à l'audiovisuel public est en effet due par les particuliers redevables de la taxe d'habitation, déjà supprimée pour une majorité de Français.
Finançant France Télévisions, Radio France, Arte, France Médias Monde (France 24, RFI...) et l'INA, la contribution à l'audiovisuel public représentait en 2020 une charge de 138 euros par an pour les foyers de métropole et de 88 euros pour ceux des outre-mers. Elle repose sur la possession par le foyer d'un poste de télévision, ce qui la rend largement obsolète à l'heure de la large délinéarisation de la consommation des programmes télé.
L'idée de la suppression de la redevance revient régulièrement dans le débat public depuis plusieurs années. En mars 2019 par exemple, Gérald Darmanin, alors ministre de l'action et des comptes publics, avait déjà plaidé en faveur de sa suppression, au nom de la cohérence avec celle de la taxe d'habitation. Il avait été recadré dans la foulée par le Premier ministre de l'époque, Edouard Philippe, qui avait affirmé que sa disparition n'était "pas d'actualité".
Depuis le début de la campagne présidentielle, d'autres candidats ont publiquement exprimé leur souhait de supprimer la redevance. C'est le cas d'Eric Zemmour et de Marine Le Pen notamment. Différence de taille avec Emmanuel Macron, ces deux candidats ont aussi annoncé leur souhait de privatiser tout ou partie du service public de l'audiovisuel, prioritairement France Télévisions et Radio France.
En 2020, la contribution à l'audiovisuel public a rapporté 3,8 milliards d'euros aux caisses de l'Etat et constitue, de très loin, la première source de financement des entreprises audiovisuelles publiques. S'il veut conserver le périmètre actuel de l'audiovisuel public, Emmanuel Macron devra donc trouver un moyen de compenser cette somme, mais sans créer un nouvel impôt grevant le pouvoir d'achat des Français, tout en assurant l'indépendance de la sphère publique audiovisuelle. Pas simple.