L'été arrive sur Europe 1 sur fond de crise. A l'issue d'une nouvelle Assemblée générale organisée aujourd'hui, les salariés de la station ont décidé de reconduire la grève. Sur 101 voix, 98 ont voté pour poursuivre la grève et 3 contre. Elle est donc reconduite pour 24h.
Une première grève avait été votée vendredi 18 juin dernier. Cette décision avait été prise en signe de protestation contre la procédure disciplinaire engagée contre un journaliste de la rédaction. Révélée par puremedias.com jeudi 17 juin, celle-ci avait provoqué "l'incompréhension" et "l'indignation" de nombreux salariés de la station du groupe Lagardère. Par ailleurs, en parallèle, Christine Berrou avait annoncé vendredi son départ d'Europe 1 après qu'un supérieur hiérarchique ne lui a demandé d'enlever dans un sketch une allusion à Eric Zemmour, polémiste de la chaîne CNews, détenue par Vincent Bolloré, désormais actionnaire majoritaire de Lagardère.
Ce lundi, la matinale a été lourdement impactée par le débrayage. Dans son billet humoristique, Nicolas Canteloup a fait part de son soutien ouvertement aux grévistes. A 9h, Philippe Vandel a pris quelques minutes l'antenne afin d'expliquer la situation aux auditeurs, avant de lancer une playlist musicale. Le journaliste sportif Julien Froment a annoncé sur Twitter qu'il ne commentera pas les matchs de football de l'Euro ce soir. La station a également reçu le soutien de la concurrence puisque plusieurs humoristes de France Inter, dont Sophia Aram, ont dédié leur billet du jour aux journalistes en grève.
Jeudi soir, la Société des rédacteurs et l'intersyndicale (SNJ, CGT, CFTC et FO) d'Europe 1 avaient publié une tribune dans "Le Monde" dans laquelle toutes deux dénonçaient le fait que "jour après jour, la station semble s'arrimer un peu plus à l'antenne de CNews conformément au rêve de Vincent Bolloré". "Europe 1 va perdre ce qui lui reste de plus précieux : son capital de crédibilité auprès des auditeurs", mettaient en garde les signataires de la tribune, qui annonçaient dans leur texte une saisine du comité d'éthique de la station. Vendredi matin, c'est Bertrand Chameroy qui dans la matinale d'Europe 1 avait subtilement défendu en direct la station face à l'arrivée de Vincent Bolloré.
Enfin, dans une nouvelle tribune publiée ce week-end par "Le Monde", 64 anciens salariés d'Europe 1 - parmi lesquels Jean-Michel Aphatie et Anne Sinclair - ont fait part de leur soutien aux grévistes, dénonçant la volonté de Vincent Bolloré de faire de la radio "un jouet politique partisan et un haut-parleur des haines qui agitent notre débat politique".
Ces événements surviennent alors qu'Europe 1 doit faire face à un nouveau chamboulement annoncé de sa grille sur fond de difficultés d'audience structurelles et d'une perte de plus de 20 millions d'euros en 2020. Pour faire des économies, la direction entend baisser son coût de grille et a l'intention de mener à bien un plan de départs volontaires devant supprimer une quarantaine de postes sur les près de 200 CDI que compte Europe 1.