Les hommes politiques n'aiment pas beaucoup les journalistes. Les cadres du FN semblent les détester, à en croire Le Point cette semaine. A tel point que tous les journalistes politiques qui suivent le parti de Marine Le Pen seraient... fichés ! Leur parcours, leurs biens et leurs engagements sont passés au crible par le parti pour nourrir les élus FN lors de leurs interventions dans les médias. La journaliste Anna Cabana raconte dans l'hebdomadaire une conversation surréaliste avec Philippe Martel, directeur de cabinet de la présidente du FN.
Elle l'appelle pour vérifier son information. "On va vous marcher dessus (...) On va vous rentrer dans le lard", lâche-t-il, visiblement de mauvais poil. La journaliste fait mine de ne pas comprendre et le relance. "Il faut vous écraser, tous ces connards de journalistes institutionnels". Visiblement, il ne plaisante vraiment pas. Et poursuit : "Notre plan, c'est de vous attaquer à mort. La presse nous est défavorable, pourquoi continuer à travailler avec elle ? Il faut dire les études que vous faites, les appartements que vous habitez". Puis il cite l'exemple d'Apolline de Malherbe, journaliste politique sur BFMTV et récemment attaquée sur son parcours par Marine Le Pen : "Vous avez vu ? Ce n'est qu'un début !".
Le 11 mai dernier, invitée de "BFM Politique", la leader du Front national a en effet multiplié les attaques contre son intervieweuse. "Il y a des pouponnières comme ça : l'ENA, Sciences-Po... Pardon, vous n'avez pas fait Sciences-po j'espère ?", avait-elle lancé. Marine Le Pen avait ensuite poursuivi consciencieusement son entreprise de déstabilisation, pointant du doigt la jeunesse chevènementiste de la journaliste politique de BFMTV. Elle souhaitait ainsi souligner les changements de position d'Apolline de Malherbe, accusée désormais de soutenir l'Union européenne. "Je ne suis absolument pas comptable de ma jeunesse chère Marine Le Pen", s'était alors défendue l'intervieweuse. Quelques instants plus tard, Thierry Arnaud, autre journaliste de la chaîne, était lui aussi attaqué par la présidente du FN pour ses récents tweets.
Les journalistes politiques sont désormais prévenus, le FN fouillera dans leur passé. Car Philippe Martel l'assure au Point, il a "convaincu" Marine Le Pen de suivre cette stratégie lors de ses interviews musclées. L'opinion publique est de son côté, elle n'aime pas les journalistes et les médias comme lui.