"Quand est-ce que les médias se sont tournés vers ces élections européennes ? Après le résultat des municipales, après le débat sur la question des plans d'économies de Manuel Valls, après une journée invraisemblable sur Kerviel. Bref, on ne s'est tourné vers l'élection européenne que 10 jours, 8 jours avant...", s'était agacé Jean-Christophe Cambadélis au lendemain des résultats des européennes. Le Premier secrétaire du Parti Socialiste n'est d'ailleurs pas le seul à avoir pointé la responsabilité des médias dans la victoire du FN.
Pourtant, radios et télévisions ont largement parlé de ces élections et les mauvais élèves ne sont pas forcément ceux qui ont été pointés du doigt pendant la campagne. En effet, le CSA a publié mercredi soir les relevés détaillés des temps de paroles des candidats entre le 14 avril et le 23 mai. Sur ces cinq semaines et demi, on constate que la chaîne généraliste qui a le plus parlé du scrutin est... France 2 !
Avec près de 6h30 d'antenne, la chaîne publique devance très largement France 3 (2h05) et France 5 (1h26). Statistiquement très en pointe sur le sujet, France Télévisions a pourtant été largement montré du doigt pendant la campagne. Aurélie Filippetti avait approuvé les critiques faites par plusieurs candidats qui reprochaient au groupe de ne pas diffuser les débats entre les candidats à la présidence de la Commission européenne.
La quatrième chaîne généraliste à avoir le plus fait parlerles candidats des européennes est... RMC Découverte ! Une bonne position pour cette chaîne consacrée aux documentaires qui s'explique uniquement par la reprise de la matinale de Jean-Jacques Bourdin, tous les jours entre 6h00 et 8h30. Et TF1 ? Avec 41 minutes d'antenne, la Une est sixième, derrière Canal+ (1h05) mais largement devant M6 (7 minutes seulement). Dans un communiqué, le CSA a d'ailleurs "regretté que TF1 et M6 n'aient pas considéré devoir accorder une exposition significative à cette actualité électorale".
Les chaînes d'info en continu ont évidemment couvert beaucoup plus largement la campagne. Et, là encore, la chaîne la plus européenne est une surprise puisqu'il s'agit de LCI. Avec 26h56, la chaîne payante du groupe TF1 devance i-TELE (24h00). BFM TV, leader du segment, est loin derrière avec 18h40.
Les radios, qui consacrent de façon générale beaucoup plus de temps d'antenne à l'information que les télévisions, ont largement joué le jeu. Les trois stations les plus "européennes" sont Sud Radio (17h33), BFM Business (12h33) et RMC (8h30). Viennent ensuite France Inter (6h13), Europe 1 (4h50), France Culture (4h18), France Info (3h48) et Radio Classique (3h02). RTL, première généraliste de France, est derrière toutes ces stations avec 2h56 d'antenne...
Contrairement à une autre idée reçue, le parti de Marine Le Pen n'a pas été "sur-exposé". En télévision comme en radio, ce sont le PS et l'UMP, conformément à ce que prévoit la réglementation, qui ont eu le plus de temps d'antenne. Cependant, le Front national a été de loin le troisième parti qui s'est le plus exprimé, loin devant les autres formations politiques représentées au Parlement.
Sur France 2, l'UMP a occupé 20,3% du temps d'antenne, contre 19,5% pour le Parti Socialiste. Le Front national a cependant eu largement le temps d'exprimer ses idées avec 12,5% du temps d'antenne. En guise de comparaison, les Verts ont eu 11,3%, le Parti de gauche 9,2% et le Modem 6,4%. Sur France 3, c'est 18,4% pour l'UMP, 17,9% pour le PS, 15,2% pour le FN et seulement 5,3% pour Europe Ecologie ! Sur TF1, l'UMP a eu 24,6% du temps d'antenne, le PS 21,4% et le FN 13,7%. Sur les M6, les écarts entre les trois partis sont beaucoup plus faibles avec 18,18% de temps d'antenne pour le FN.
Sur les chaînes d'info, le FN est là aussi le troisième parti de France le plus exposé derrière l'UMP et le PS. Sur i-TELE, par exemple, le PS a eu 25,5% de temps d'antenne. L'UMP est à 24,2 et le FN à 12,4%. Tous ces chiffres (qui sont consultables ici) concernent uniquement les temps de paroles des candidats et pas le temps d'antenne total consacré aux européennes. Ce sont évidemment des données quantitavives qui excluent tout jugement qualitatif.