L'hebdomadaire prend de gros risques. Ce jeudi, "Paris Match" publie dans ses colonnes des images inédites du procès d'Abdelkader Merah qui s'est terminé la semaine dernière. Après plus d'un mois de jugement, le frère de Mohamed Merah, le tueur de Toulouse et Montauban, a écopé de 20 ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste, mais n'a pas été reconnu coupable de complicité d'assassinats. Accusé lui aussi lors de ce procès, Fettah Malki a pour sa part été condamné à 14 ans de prison.
Ainsi, le journal détenu par le groupe Lagardère a publié dans sa version papier et sa version web deux photos des accusés lors du procès. Sur la première photo, on distingue Abdelkader Merah, la tête posée sur ses bras croisés, les yeux fermés, assis derrière ses avocats Antoine Vey et Eric Dupond-Moretti. Sur la seconde photo, on aperçoit Zoulikha Aziri, la mère des Merah, en premier plan, avec Fettah Malki assis dans le box des accusés, à côté d'un policier.
Avec ces photographies, "Paris Match" peut risquer une grosse amende, puisque selon la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, tout enregistrement de son ou d'image est interdit dans l'enceinte d'un tribunal. Ainsi, l'hebdomadaire pourrait être condamné à 4.500 euros d'amende et à la confiscation des exemplaires imprimés. Hier sur Twitter, l'association de la presse judiciaire a d'ailleurs "condamné fermement la publication" de ces photos. Contacté par puremedias.com, "Paris Match" n'a pas pu être joint pour l'instant.
Ce matin, Maître Christian Etelin, l'avocat de Fettah Malki a indiqué à France 3 Midi-Pyrénées qu'il allait intenter une action en justice après la publication de photos du procès. "C'est évidemment interdit et je vais engager une action judiciaire pour Fettah Malki. De surcroît, c'est très dangereux pour la presse judiciaire qui risque de se voir interdire la possession de portables pendant les audience", a déclaré l'avocat.
Pour rappel, lors du procès de Michel Fourniret en 2008, "Paris Match" s'était vu retirer son accréditation pour couvrir le procès après avoir publié une photo du tueur en série dans le box des accusés. De plus, en juillet dernier, après la publication par "Paris Match" de photos de l'attentat de Nice, le tribunal de grande instance de Paris avait interdit au journal "toute nouvelle publication" sans pour autant ordonner le retrait du magazine des kiosques.