Info puremedias.com. Le "Zapping" bientôt zappé par Canal+ ? Son patron, Patrick Menais, est sur la sellette après son numéro du 8 octobre qui avait repris de très larges séquences du documentaire sur le Crédit Mutuel, diffusé la veille par France 3 mais censuré quelques semaines plus tôt sur Canal+. Un astucieux montage mettait en avant les extraits les plus à charge contre la banque, partenaire historique de Vincent Bolloré, nouveau patron de Vivendi et propriétaire de la chaîne.
L'irrévérence de ce "Zapping", salué par les téléspectateurs et les internautes, n'a pas du tout plu au nouvel actionnaire. Dernier îlot de résistance à Canal avec "Le Petit Journal", "Le Zapping" est un véritable État dans l'État depuis plusieurs années. Intouchable sous la précédente direction, Vincent Bolloré a, comme pour "Les Guignols" avant l'été, décidé d'y mettre un peu d'ordre.
"L'éviction de Patrick Menais est imminente, nous confirme une source à Canal+. Et c'est l'existence même du programme qui pourrait être remise en cause". Vincent Bolloré peut le supprimer ou décider de simplement écarter les zappeurs rebelles, comme il l'a fait avec certains auteurs des marionnettes en latex.
Patrick Menais avait été mis en garde quelques jours plus tôt, le 24 septembre, après la polémique sur le "discours de vérité" du FN de Maïtena Biraben au "Grand Journal". La direction avait demandé aux équipes de se passer de cette séquence pour ne pas mettre de l'huile sur le feu. Mais le lendemain, on retrouvait les propos controversés de l'animatrice juxtaposés à une interview de Marine Le Pen sur BFMTV et à un extrait de Cyril Eldin avec la présidente du Front National. Un premier pied de nez qui a fortement déplu. Agacée en retour plateau, Maïtena Biraben avait renvoyé les "équipes du zapping" au replay de l'émission du jour, où elle s'expliquait... sur la polémique.
"Le montage qui a été réalisé sur le Crédit Mutuel, c'est clairement un suicide médiatique", commente aujourd'hui la même source. "Je sens que je vais me faire virer", avait prophétisé ce jour-là Patrick Menais auprès de quelques proches. Contactée par puremedias.com, la direction de Canal+ dément nos informations. "On essaye d'exprimer un point de vue, ce qui est très rare à la télévision. Avec mon équipe, quand je rends le 'Zapping', c'est un quart d'heure avant l'antenne. A part le monteur, personne ne l'a vu", expliquait Patrick Menais en mars 2009 au micro de France Inter. C'est le seul programme enregistré à ne pas être validé par Canal+ avant sa diffusion.
Le "Zapping", imaginé par Michel Denisot, est à l'antenne depuis 1989, une douzaine de personnes sont chargées chaque jour de regarder la plupart des chaînes disponibles en France. D'une durée de six minutes, ce programme est très éditorialisé, les séquences se répondant souvent entre elles. C'est un rendez-vous incontournable en clair de Canal+, très suivi et multirediffusé toute la journée.
"Si vous montriez votre Zapping à la direction, des choses ne passeraient pas ?", avait demandé Pascale Clark au boss du Zapping il y a six ans, la veille des 20 ans du programme. "Je ne me pose pas la question, car je ne ferais plus le Zapping", assurait Patrick Menais à l'époque. Contacté à plusieurs reprises par puremedias.com, le zappeur en chef n'a pas retourné nos appels. "Vincent Bolloré, c'est un peu le Kim Jong-un des médias, ironise un producteur de la chaîne. Tu bouges une oreille, t'as plus de tête". Le "Zapping" sans la tête Menais qui le pense et le fabrique chaque jour depuis vingt six ans pourrait-il survivre ?