Le Conseil d'Etat donne tort à CNews. Dans une décision rendue le 16 juin dernier, la plus haute juridiction administrative française a rejeté le recours formulé fin 2019 par le groupe Canal+, propriétaire de la chaîne d'information en continu. Ce recours faisait suite à une mise en demeure du Conseil supérieur de l'audiovisuel après les propos d'Eric Zemmour dans "Face à l'info" le 23 octobre 2019.
Dans cette émission qui n'avait alors que quelques jours d'existence, le polémiste avait donné son avis sur la colonisation française en Algérie en déclarant : "Quand le général Bugeaud arrive en Algérie, il commence par massacrer les musulmans, et même certains juifs. Eh bien moi, je suis aujourd'hui du côté du général Bugeaud. C'est ça être Français".
Le CSA avait pointé dans sa décision l'absence de réaction de la présentatrice Christine Kelly et mis en demeure CNews fin novembre 2019 de se conformer "à l'avenir" à sa convention. La journaliste pointée du doigt avait, quelques semaines plus tôt, estimé sur C8 : "Un dérapage ne se voit pas à l'instant T. Même le CSA prend des jours et des mois pour analyser".
Dans son recours, le groupe Canal+ estimait que la décision du gendarme de l'audiovisuel était "contraire aux principes de la liberté d'expression" et que les propos d'Eric Zemmour relevaient de "l'expression du pluralisme des courants de pensée et d'opinion". Des arguments qui ne tiennent pas, de l'avis du Conseil d'état, qui a donc rejeté ce recours.
Le Conseil d'état sera également amené à se prononcer bientôt sur un autre recours formulé par la filiale de Vivendi, concernant cette fois l'amende de 200.000 euros infligée à Canal+ après une autre sortie d'Eric Zemmour, sur les mineurs isolés, qualifiés de "voleurs", "assassins" et "violeurs". Le groupe crypté plaide là-aussi en faveur de la liberté d'expression, même si le polémiste a tenté, en vain, et à titre personnel de faire suspendre cette amende.
Cette séquence qui date du 29 septembre 2020 pourrait valoir à l'éditorialiste du "Figaro" - déjà condamné à plusieurs reprises pour incitation à la haine raciale ou religieuse - de se retrouver une nouvelle fois devant la justice suite au dépôt de plaintes d'associations telles que la Licra et SOS Racisme et au signalement fait par le Conseil supérieur de l'audiovisuel dans ce même dossier.