Un parfum de vacances flotte sur le paysage audiovisuel français. Une pause estivale traditionnellement propice aux bilans. Et après ces programmes télé qui auraient mérité mieux cette saison et le bilan des "13 Heures" de TF1 et de France 2, puremedias.com poursuit sa série en désignant les grands gagnants de la saison télé écoulée. Une saison placée sous le signe de l'élection présidentielle, qui a vu les chaînes ou les animateurs tenter de rivaliser d'ingéniosité pour trouver le concept gagnant et attirer les candidats sur leur chaîne. Des émissions telles que "Face à Baba" sur C8 ou "La France dans les yeux" sur BFMTV ont ainsi beaucoup fait parler, que ce soit à cause de leurs invités... ou de leurs présentateurs.
Dans un registre plus léger, les téléspectateurs ont aimé se réveiller avec la nouvelle équipe de "Télématin" ou se prendre de passion pour "Mariés au premier regard" sur M6. puremedias.com vous propose un tour d'horizon des principaux succès.
Le retour du (Chame)roy. Cette saison, le chroniqueur de la bande d'Anne-Elisabeth Lemoine a apporté un énorme bol d'air frais au programme de France 5. Il est l'un des artisans du beau succès de "C à vous, la suite", qui a gagné une demi-heure de plus cette saison. Bertrand Chameroy et sa chronique "L'ABC" ont d'ailleurs offert au cours de la saison de notables pics d'audience, permettant au talk de bousculer la concurrence, notamment "28 minutes" sur Arte.
Bertrand Chameroy, c'est aussi l'humour potache et provocateur. L'art de repérer la petite séquence et arriver à la tourner en dérision avec brio. L'une de ses plus belles victimes : Valérie Pécresse, et ses déclarations moquées, toujours avec une certaine tendresse. Le comique n'a pas non plus épargné les candidats novices aux législatives, qui lui ont offert sur un plateau de la matière pour alimenter son billet quotidien. Sans omettre cette scène hilarante durant laquelle le chroniqueur s'est payé Emmanuel Macron, présent dans "C à vous", et sa photo poitrine offerte partagée sur les réseaux sociaux. Après une traversée du désert, Bertrand Chameroy s'est offert une renaissance cette saison.
L'information du groupe TF1, dirigée par Thierry Thuillier, a fait plusieurs "coups" pendant la campagne présidentielle. A commencer par la première émission d'Emmanuel Macron dans la peau d'un candidat, le 7 mars dernier sur LCI dans "Face aux Françaises", à la veille de la journée internationale des droits des femmes. Si, contrairement à ses rivaux, le président de la République sortant n'était pas en direct, l'annonce de sa présence a focalisé l'attention sur cette émission.
Thierry Thuillier et ses équipes ont récidivé quelques jours plus tard, avec "La France face à la guerre", cette fois sur TF1, en présence de huit candidats sur les 12 déclarés, dont Emmanuel Macron. Malgré le refus du président de débattre avec ses concurrents - une position qu'il a conservé jusqu'au débat d'entre-deux tours - cette émission spéciale organisée dans le contexte du déclenchement de la guerre en Ukraine a signé la meilleure audience de la saison pour une émission politique en prime time devant 4,21 millions de curieux (19,9% des 4+ et 18,9% des FRDA-50). Autre temps fort, le débat organisé entre Eric Zemmour et Valérie Pécresse - qui n'était pas sans rappeler la confrontation entre Eric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon à la rentrée sur BFMTV - dont les premières minutes ont été diffusées sur TF1 avant une bascule sur LCI. Et TF1, comme France 2, ont réussi à conserver l'organisation du débat d'entre-deux tours, malgré les tentatives de BFMTV de proposer un second débat avec les deux finalistes.
Hors présidentielle, Thierry Thuillier a dû gérer l'absence prolongée de Marie-Sophie Lacarrau au "13 Heures" de TF1 entre janvier et mai derniers. Avec Jacques Legros et Julien Arnaud en renfort, cette valse des incarnations s'est traduite par une baisse d'audience sur un an du sacro-saint rendez-vous de la mi-journée, qui est resté cependant très net leader face au journal de Julian Bugier sur France 2.
BFMTV dans la cour des grands. En cette année d'élection présidentielle, le leader des chaînes info en continu a su créer l'événement en prime time en lançant un nouveau format, "La France dans les yeux". Le concept, efficace, voyait les principaux prétendants à l'Elysée se déplacer dans la région de leur choix pour rencontrer de potentiels électeurs et répondre à toutes les questions qui leur tenaient à coeur. Un format impulsé par Jean-Jacques Bourdin, qui n'a pu présenter qu'un seul numéro avant d'être retiré de l'antenne suite à l'accusation d'agression sexuelle formulée par son ancienne collègue, Fanny Agostini.
C'est Bruce Toussaint qui a remplacé Jean-Jacques Bourdin pour les trois émissions suivantes. "La France dans les yeux" aura accueilli tour à tour Valérie Pécresse, Eric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen avec une moyenne de 686.000 téléspectateurs, soit 3,6% du public selon Médiamétrie. Seul regret pour la rédaction de BFMTV : ne pas avoir pu décrocher une émission avec Emmanuel Macron avec ce dispositif spécial.
Tenir la dragée haute à TF1 sur la fameuse cible des femmes responsables des achats de moins de cinquante ans (FRDA-50), c'est l'exploit une nouvelle fois atteint cette saison par "Mariés au premier regard" sur M6. Cette saison 6 a d'ailleurs été au plus haut tant auprès de l'ensemble du public qu'en nombre de téléspectateurs avec une moyenne consolidée de 3,0 millions d'aficionados, pour une part de marché de 15,0% auprès du public âgé de 4 ans et plus et de 27,0% sur les FRDA-50. Sans surprise, M6 a donné son feu vert à une saison 7 avant même la diffusion de ces nouveaux épisodes qui se sont soldés par le maintien de deux mariages sur les sept couples présents sur la ligne de départ.
Au même titre que d'autres programmes forts de M6 tels que "Top chef" ou "L'amour est dans le pré", "Mariés au premier regard" est devenu un rendez-vous attendu chaque année au printemps, en atteste d'ailleurs le nombre record de candidatures reçues cette année (26.000 contre 10.000 un an plus tôt). L'originalité ? Cette mise en lumière d'anonymes se mariant avec un ou une inconnue après des tests de compatibilité menés par les experts Estelle Dossin et Pascal de Sutter. Si depuis le lancement du format en 2016, la communauté gay attend l'arrivée d'un ou plusieurs couples du même sexe, la production elle, préfère prendre son temps.
Cyril Hanouna, acteur surprise de la présidentielle. Grâce à son animateur phare, C8 a su créer l'événement avec la couverture de l'élection phare de la Ve République, un terrain pourtant éloigné de son ADN. Avec "Face à Baba", le trublion de la chaîne du groupe de Vincent Bolloré a reçu sur son plateau Éric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Valérie Pécresse, quatre des douze candidats sur la ligne de départ.
S'il a décontenancé le téléspectateur par sa connaissance approximative des sujets de fond et sa proximité affichée avec ses invités avec l'utilisation à foison d'un registre émotionnel et intime, Cyril Hanouna a le mérite d'avoir essayé d'intéresser les jeunes à la politique. 19,1% des 15-24 ans et 23,8% des 25-34 ans présents devant leur téléviseur le 16 décembre 2021 ont ainsi suivi le lancement de "Face à Baba" avec Éric Zemmour comme invité principal.
Au-delà de "Face à Baba", qui reviendra un jeudi sur deux à la rentrée, Cyril Hanouna, toujours enclin à surprendre et à dynamiter une télévision en sommeil, a aussi marqué de son empreinte cette saison 2021-2022 avec "Touche pas à mon poste !", son access réanglé encore davantage cette saison sur des thématiques de société, notamment dans la dernière demi-heure.
Fort de ses bonnes audiences et des potentielles répercussions sur l'opinion des débats polémiques organisés à l'antenne, Cyril Hanouna aurait néanmoins pu épargner l'émission de mots regrettables. À l'image du clash entre Gilles Verdez et Matthieu Delormeau, esseulé, en mai dernier, lorsqu'il s'est employé à dénoncer le comportement homophobe d'Idrissa Gueye.
"Télématin" s'est réveillé. La matinale de France 2, installée dans la grille depuis 37 saisons, a opéré une mue réussie après le départ de Laurent Bignolas en fin de saison dernière. Diffusée désormais sept jours sur sept dans un décor aux lumières plus chaleureuses, elle est animée en alternance par deux duos de présentateurs : Thomas Sotto et Julia Vignali officient du lundi au jeudi, Damien Thévenot et Maya Lauqué prennent, quant à eux, le relais du vendredi au dimanche.
Cette nouvelle formule dynamique avec des séquences identifiées a le mérite de faire respirer une émission jusqu'alors vieillissante. L'humour a aussi pris une place grandissante avec notamment les interventions remarquées d'Alex Vizorek, comme ce matin là où il s'imaginait candidat à la présidence de France Télévisions. Les audiences suivent. Il y a quelques jours, le vendredi 17 juin, l'émission a réalisé son record d'audience. 873.000 téléspectateurs avaient regardé le programme, soit 31,8% du public âgé de quatre ans et plus.
Le magazine a créé l'événement... et plus d'une fois ! Ronronnante depuis plusieurs années, l'émission a mis un coup de fouet au secteur de l'investigation sur le petit écran, faisant de l'ombre à l'enquêtrice-en-chef de France Télévisions, Elise Lucet. Ce succès, "Complément d'enquête" le doit déjà à son nouvel incarnant : Tristan Waleckx. Prix Albert Londres 2017, connu pour avoir gagné ses bras de fer judiciaires contre Vincent Bolloré, le journaliste a réveillé le programme avec un ton plus punchy.
"Complément d'enquête" s'est également démarqué cette saison par la diversité de ses thématiques : Patrick Poivre d'Arvor, le chantage à la vidéo compromettante, la montée en puissance d'Eric Zemmour, Michèle Marchand, Arnaud Lagardère, la guerre en Ukraine, etc. La séquence des fauteuils rouges s'est illustrée par des échanges mémorables comme cette prise de bec avec Michel Drucker en février dernier ou cette passe d'armes avec Patrick Balkany en décembre 2021.
Et c'est également la saison des records pour le magazine. Avec le portrait sur Patrick Poivre d'Arvor le 28 avril, Tristan Waleckx est parvenu à attirer 1,72 million de téléspectateurs en seconde partie de soirée sur France 2, selon Médiamétrie. Une meilleure audience qu'"Envoyé spécial" diffusé en prime time le même soir, avec 1,69 million de fidèles. Avec 19,3% du public, la part de marché de "Complément d'enquête" avait par ailleurs atteint son plus haut depuis 2011, année où le programme a commencé à être diffusé le jeudi soir.
Ludovic Galtier, Christophe Gazzano, Florian Guadalupe